En dépit de l'orientation politique générale tendant à renforcer la représentativité féminine au sein de la chambre des conseillers et la prise de mesures juridiques visant la réussite de ce challenge, les résultats des élections des membres de cette chambre, tenues vendredi dernier, sont allés dans un tout autre sens infligeant, en fait, un grand revers au pari du renforcement de la présence féminine au sein de ce conseil, resté, depuis sa création, à grande dominance masculine. Ainsi, 6 femmes seulement ont pu décrocher le sésame de cette chambre à l'issue des élections des membres de la chambre des conseillers relatives aux catégories des collectivités territoriales, des chambres professionnelles et des organisations professionnelles des employeurs (100 d'un total de 120). Côté des conseils régionaux, aucune femme n'a réussi à accéder au poste d'élue au sein de la deuxième chambre, tandis que deux femmes seulement sont parvenues à réussir ce défi dans la catégorie des conseils et assemblées préfectorale et provinciale. Il s'agit de Mmes Mina Affan (Parti de l'Istiqlal/PI) et Malika Fellahi (Parti Authenticité et Modernité/PAM) de la région Casablanca-Settat. En outre, trois autres femmes ont été élues au sein de la chambre des conseillers via les élections relatives aux chambres professionnelles (Chambre d'agriculture), en l'occurrence Mmes Aïcha Aitaalla (Mouvement démocratique et social/MDS) de la région Béni Mellal-Khénifra, Fatima El Habbousi (PI) de la région Fès-Meknès et Fatima Aït Moussa (PAM) de la région Souss-Massa, tandis qu'aucune femme n'a été élue en ce qui concerne les autres chambres professionnelles, à savoir la chambre de Commerce, d'industrie et des services, celle d'Artisanat et celle des Pêches maritimes. S'agissant de la catégorie des représentants des organisations professionnelles des employeurs au niveau des régions, Mme Tazi Naila Mia (Sans appartenance politique/SAP) a réussi à accéder à la chambre supérieure du parlement pour la région Casablanca-Settat, dans l'attente du détail d'informations relatives aux 20 représentants de salariés. Les 120 membres de la Chambre des Conseillers (au lieu de 270 dans l'ancienne configuration) sont répartis entre les collèges électoraux comme suit: 72 membres représentant les collectivités territoriales, élus au niveau des régions du Royaume et 20 membres élus, dans chaque région, par un seul collège électoral composé de l'ensemble des élus des chambres professionnelles suivantes existant dans la région concernée (chambres d'agriculture, chambres de commerce, d'industrie et de services, chambres d'artisanat et chambres des pêches maritimes). Huit (8) autres membres sont élus, dans chaque région, par un collège électoral composé des élus des organisations professionnelles des employeurs les plus représentatives et 20 membres sont élus, au niveau national, par un collège électoral composé des représentants des salariés. D'après les résultats obtenus, il s'avère que le nombre de femmes élues à la chambre des conseillers selon les catégories précitées n'a pas bougé, d'autant que l'ancienne chambre ne comptait que six femmes, sachant que l'ancienne configuration de cette chambre comportait 270 membres (au lieu de 120 actuellement) et sans perdre de vue le mécanisme législatif mis en place à travers la loi organique relative à la chambre des conseillers visant à renforcer la représentativité féminine, laquelle n'a pas pu atteindre les résultats escomptés. Il va sans dire que l'article 24 de la loi organique relative à la chambre des conseillers stipulant qu'"aucune liste de candidature ne doit comporter deux noms successifs de deux candidats du même sexe" n'a pas pu atteindre ses objectifs, car la pratique a démontré que les partis politiques ont choisi, dans la majorité, de présenter des candidats hommes à la tête de leurs listes, expliquant en partie les faibles résultats engrangés par les femmes lors des élections des membres de la chambre des conseillers, toutes catégories confondues. Alors que la chambre des représentants est marquée par une forte présence féminine, à la faveur de la mise en place de la liste nationale des femmes et la réussite de plusieurs femmes à y siéger, la chambre des conseillers sera donc, elle, dépourvue d'une représentativité remarquée des femmes conseillers. Ceci étant, les efforts des associations féminines, des parlementaires et des différentes formations politiques et défenseurs de la représentativité féminine au sein des instances élues seront appelés à focaliser sur la réévaluation des mesures juridiques introduites par la loi organique relative à la chambre des conseillers, ayant démontré d'ailleurs leur limite pour pouvoir garantir une forte représentativité féminine au sein de la haute chambre du parlement. Le soutien et l'encouragement de la participation de la femme dans la gestion de la chose publique et locale et la garantie de son accès aux institutions représentatives élues constituait l'un des défis majeurs dans lesquels le Royaume s'est engagé depuis des années, notamment au lendemain de la Constitution de 2011. Dans ce cadre, le mouvement féministe a joué un rôle de premier plan en revendiquant l'accès des femmes aux postes de prise de décisions et aux instances élues, à travers la conscientisation quant au renforcement de la représentativité féminine et la consolidation de leur présence dans la vie politique en stimulant leur participation dans les élections locales et législatives.