Pour Nabil Benabdella, le secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme, la célébration de la fête du trône est l'occasion du renouvellement des liens profonds entre le Trône et le peuple et une occasion de faire le point sur l'état de la nation. Concernant les grandes réformes engagées par le Maroc, le premier responsable du PPS les juge positives et structurantes, mais il estime qu'une lecture objective «nous impose de relever également un certain nombre de carences et d'imperfections sur lesquelles le Maroc doit encore agir». Jugeant les récents développements du dossier de l'affaire du Sahara, le SG du PPS affirme que ce dossier évolue positivement et d'ajouter «nous continuons de considérer que la question nationale, celle de notre intégrité territoriale, demeure au centre des préoccupations de la nation marocaine». Quelle signification prend aujourd'hui la célébration de la fête du Trône ? Une signification toujours aussi profonde et un moment fort dans la vie de la nation marocaine, dans la mesure où c'est un renouvellement des liens profonds qui existe entre la monarchie marocaine et le peuple marocain. Elle est également une grande occasion de faire le point sur l'état de la nation. Et depuis la nouvelle ère plus particulièrement, elle est une occasion pour, non seulement apporter une réflexion profonde sur le devenir de la société marocaine, mais également l'occasion de déclencher un certain nombre de fronts nouveaux sur lesquels le peuple et les acteurs politiques, la monarchie elle-même se mobilise pour faire avancer le pays. C'est pour cela, qu'au-delà de la signification symbolique très intense de cette fête, il ya des perspectives qui ne manquent pas, à chaque fois, de relever et se sera probablement le cas, encore une fois, lors du discours que prononcera SM le Roi à cette occasion. Quelle appréciation portez-vous sur l'impact de grandes réformes engagées par le Maroc particulièrement dans le domaine socioéconomique ? Nous avons eu l'occasion de le faire de manière précise et détaillée à l'occasion du dernier congrès national du parti, notre appréciation est globalement positive. Nous estimons que sur la dernière décennie, le Maroc a engagé une série de réformes qui viennent à vrai dire reposer sur des réformes initiées également dans la décennie précédente et qui ont contribué indéniablement à porter le Maroc à un stade plus élevé de démocratisation, de modernisation et de développement. A ce niveau, nous aimerions signaler les progrès significatifs réalisés en matière de démocratie et des droits de l'homme et de la femme, nous aimerions également signaler le développement économique indéniable qu'a connu le Maroc, notamment, cette dernière décennie, à travers notamment un rôle accru de l'Etat en tant qu'initiateur, qu'investisseur public, que promoteur de grands chantiers qui ont un impact extrêmement important sur les infrastructures dont dispose désormais le pays. Nous aimerions également signaler l'intérêt soutenu, désormais accordé à la question sociale. Et enfin, les progrès indéniables réalisés sur le champ culturel, notamment à travers la promotion de la question amazighe. Comme nous avions eu l'occasion de le signaler lors du 8ème congrès national du parti, il n'en reste pas moins qu'une lecture objective nous impose de relever également un certain nombre de carences et d'imperfections sur lesquelles le Maroc doit encore agir. Et c'est pour cela que nous avons justement pris pour mot d'ordre de ce congrès, « Une Nouvelle génération de réformes pour le Maroc de la démocratie », car nous estimons aujourd'hui, que sur la base de cet élan réformateur sur lequel s'est installé le pays, il y a lieu de rallumer la flamme des réformes sur le plan constitutionnel, politique, économique, social et culturel. Et c'est dans ce sens que nous avons fait des propositions concrètes qui portent sur une réforme constitutionnelle qui serait respectueuse de la nécessaire initiative royale en la matière et qui ne peut se faire que dans un cadre consensuel, permettant ainsi, une plus grande précision des prérogatives des institutions constitutionnelles et un meilleur équilibre entre ces institutions. Nous avions également appelé de nos vœux à accorder une importance particulière à la recrédibilisation du champ politique et de l'action politique en général et en particulier concernant le rôle et la place des partis politiques, en tant qu'instrument constitutionnel d'encadrement de la société. Ce qui doit passer à notre sens par une refonte profonde du Code électoral et par un réaménagement de la loi sur les partis politiques, notamment en trouvant une solution à la question de la transhumance qui porte une atteinte très forte à la crédibilité du champ politique national. Nous avons également appelé lors de ce congrès, à ce que le Maroc maintienne un rythme de développement économique important, à travers un rôle toujours plus soutenu de l'Etat à travers le renforcement de l'investissement public et à travers une génération nouvelle de grands chantiers encore plus structurants, ce qui passe aussi par la nécessaire instauration des critères les plus modernes de l'Etat de droit en matière économique, en mettant définitivement fin à l'économie de rente dans les secteurs ou elle persiste, en attachant un intérêt particulier à la lutte contre la corruption et à la réforme de l'administrations et de la justice, en tant qu'instruments fondamentaux d'accompagnement du développement économique. Et concernant les grands chantiers, nous apportons également l'idée de ce que nous appelons les grands chantiers communautaires visant notamment à sortir les régions les plus défavorisées de la situation dans laquelle elles se trouvent et de les mettre au même niveau de développement que les régions qui ont connu un essor indéniable lors de ces dernières années. Nous accordons un intérêt particulier, de par l'identité même du Parti du progrès et du socialisme, à la question sociale, dans la mesure où nous considérons que tout développement doit nécessairement tourner autour de l'homme et que la croissance qu'a connue le Maroc ces dernières années, doit profiter à tout le monde dans le cadre d'une nécessaire répartition équitable des fruits de cette croissance et des richesses, ceci passe par une action soutenue pour réduire au maximum les disparités tant régionales que sociales et par une action prioritaire en matière d'éducation, de santé et de relèvement du niveau des couches les plus défavorisées. Enfin, cet élan réformateur doit également toucher le champ culturel, de manière au niveau requis par l'aspiration du Maroc à intégrer le concert des grandes nations, car il n'y a point de grande nation sans champ culturel régulièrement entretenu et promu. Comment voyez-vous la prochaine configuration régionale du Maroc ? Je crois que c'est probablement l'un des grands chantiers auquel va s'atteler le Maroc lors de la décennie à venir. Nous avions eu l'occasion, en tant que Parti du progrès et socialisme, de présenter notre vision à la commission consultative de la régionalisation. Nous avions insisté sur le fait que cette régionalisation devrait constituer un élément moteur par la démocratisation de la gestion de la chose publique dans l'instauration des normes développées pour la mise en œuvre d'une large décentralisation et d'une déconcentration contribuant à une meilleure gouvernance. Nous avons appelé à donner des prérogatives et importantes aux différentes régions qui devraient être plus ramassées et moins nombreuses et nous avons estimé que les institutions de ces régions doivent être élues au scrutin universel direct, de manière à leur donner une forte légitimité dans le cadre de l'unité de la nation marocaine et de la monarchie constitutionnelle démocratique et sociale modernisée. Nous avons, enfin, considéré qu'un intérêt particulier devrait être porté sur les instruments et les moyens permettant de dégager dans la gestion de ces régions, des élites honnêtes, crédibles, compétentes soucieuses de l'intérêt général et que c'était probablement à ce niveau, que le défi le plus important devrait être relevé. Nous estimons enfin, que cette régionalisation passera nécessairement par une réforme constitutionnelle qui doit accompagner la grande proposition d'autonomie élargie faite par le Maroc pour le règlement définitif de notre question nationale, la question du Sahara marocain. Comment évaluez-vous l'évolution du dossier du Sahara ? Nous l'évaluons positivement et nous continuons de considérer que la question nationale, celle de notre intégrité territoriale demeurait au centre des préoccupations de la nation marocaine. Car il ne peut y avoir de nations développées si leur intégrité territoriale et leur unité nationale n'étaient pas définitivement consolidés. C'est pour cela que nous estimons que le Maroc, à travers l'initiative de large autonomie de nos provinces du sud, a réussi à démontrer à la communauté internationale, à l'Organisation des Nations unies, que la seule solution politique crédible passait par une plus large autonomie que propose notre pays. De surcroit, cette proposition présente l'avantage d'être démocratique et de pouvoir contenir toutes les nuances de population tant de nos provinces du sud que celles constituées par nos compatriotes vivant dans des conditions déplorables dans les camps de Tindouf. Il reste aujourd'hui, au Maroc, de persister dans cette voie et vaincre les obstacles qui sont dressés par les adversaires de notre cause nationale, pour définir les perspectives d'une région maghrébine allant vers l'union, la complémentarité et la constitution d'un grand espace de développement économique et social. Aujourd'hui, les menaces de déstabilisation dans la région et le règlement de la question du Sahara marocain constituent une priorité pour la communauté internationale. Enfin, il y a lieu de signaler, qu'une réflexion profonde doit être initiée sur la nécessaire amélioration de la gestion de la chose publique et des intérêts de nos concitoyens dans nos provinces du Sud. Le Parti du progrès et du socialisme saura y contribuer.