Prévue dans l'agenda du gouvernement, la réforme de la retraite a été supprimée du projet de loi des finances 2011 et donc reportée selon un calendrier non annoncé. Les centrales syndicales accueillent cette décision avec satisfaction. Ce report permettra, s'accordent-ils à dire, d'approfondir le débat pour arriver à un consensus sur la question. Abderrahmane El Hachimi * : «Le consensus souhaité n'a pas eu lieu» La fédération démocratique du travail (FDT) accueille cette décision de report avec satisfaction. «C'est une bonne nouvelle pour les centrales syndicales», souligne d'emblée Abderrahmane El Hachimi, membre représentant la FDT dans la Commission technique chargée de la réforme de la retraite. Et pour cause, le consensus souhaité entre les syndicats et le gouvernement sur la question n'a pas eu lieu. Dernièrement, le torchon brûlait entre les deux commissions technique et nationale en charge de ce dossier. Le sujet de discorde entre les deux protagonistes concerne les réformes imposées par le Conseil d'administration de la Caisse marocaine de la retraite (CMR) : «ce dernier a mis en place des réformes paramétriques», explique Abderrahmane El Hachimi. Lesquelles se déclinent en trois axes. Le premier consiste à la hausse de l'âge de la retraite à 62 ans. Le second point de la réforme se rapporte au calcul de la pension sur la moyenne du salaire des huit dernières années et l'augmentation de la cotisation à 24% du salaire au lieu de 20% appliqué aujourd'hui. Ces propositions n'ont pas eu la faveur des centrales syndicales représentées dans la commission technique, notamment la CDT, la FDT, l'UMT, l'UGTM et l'UNTM. A ce sujet, une lettre co-signée par les représentants des salariées a été adressée au Premier ministre pour lui faire part de l'absence du consensus au sein de la commission technique. Mais la goutte qui a fait déborder le vase, est la déclaration du ministre des Finances décidé de mettre en œuvre les réformes susmentionnées quels que soient les résultats de la commission technique, souligne le représentant de la FDT. *respensable de la FDT Laaziz Abdelkrim * : «Avant l'impératif financier, d'abord la condition humaine» Pour le représentant de la CDT dans la commission technique, Laaziz Abdelkrim, ce report constitue une sage décision dans la mesure où elle permettra de se pencher plus profondément sur cette question qui engage tous les Marocains. Il rappelle que les points proposés par l'Etat concernant cette réforme ont été rejetés en vrac par les centrales syndicales représentées dans ladite commission. « La commission technique a pour mission de proposer une approche globale de la réforme de la retraite et non pas de bricoler des solutions sans tenir compte de tous les volets de la question », réagit Laaziz Abdelkrim, membre du bureau exécutif de la CDT. Il attire l'attention sur la situation alarmante de la retraite au Maroc. Seuls 10% des Marocains profitent de la retraite, fait-il savoir. Alors que 90% des citoyens sont abandonnés à leur propre sort. Pour cela, l'élargissement de la participation s'avère urgente. «Avant de parler de l'impératif financier, il faut d'abord évoquer l'urgence de la condition humaine», déclare-t-il Concernant le secteur public, la CDT souligne, à ce sujet, que l'Etat doit assumer ses responsabilités en la matière. «On parle beaucoup de déficit de la Caisse marocaine de retraite alors que l'Etat ne verse pas sa part entière. A titre d'exemple, il y a quatre ans, l'Etat a versé uniquement 11 milliards au lieu de 24 redevables». Laaziz Abdelkrim appelle, sur ce même registre, à une révision globale de tout le système de retraite afin d'instaurer l'équilibre entre les parts d'adhésion de l'Etat et ceux des fonctionnaires. Pour lui, il est aberrant que le fonctionnaire paye à la CMR la même ration que l'Etat. Alors que pour les autres caisses, l'employeur assure les deux tiers et l'employé un seul tiers. «L'Etat veut faire payer uniquement le fonctionnaire», selon ce syndicaliste. *membre du bureau exécutif de la CDT