A la fois un scientifique de génie à l'origine de plusieurs découvertes dans le domaine de la micro-électronique et un artiste-peintre, précurseur d'un nouveau mouvement basé sur une fusion de l'art et de la science, Abdelkhalek Aghzout étonne par sa démarche qui bouscule les paradigmes, toujours à la recherche de nouvelles perspectives de voir et de pouvoir. «Voir» et «Pouvoir», deux mots qui reviennent sans cesse dans les propos de cet artiste marocain qui vit et travaille depuis plus de 28 ans en Autriche tout en gardant toujours des liens très affectifs et très forts avec sa colombe blanche, son éternelle muse, Tétouan, où il a vu le jour le 25 août 1958. Un homme de science et un artiste iconoclaste, résolument animé par un désir de scientificité dans son travail. D'abord, sur le plan professionnel puisqu'il est docteur en microélectronique à l'université des sciences techniques de Vienne où il a pendant des années dirigé des recherches dans cette discipline très pointue. Ses recherches et ses inventions en microélectronique ont été récompensées par des prix internationaux, successivement en 1998 et 1999. En tant qu'artiste-peintre ou plutôt comme il se définit lui-même, un artiste visuel, Aghzout s'est également inventé son propre style, des formes abstraites et des couleurs scientifiquement élaborées dans la perspective de développer des niveaux virtuels de voir son œuvre picturale. Une formule inspirée de la physique, fusion entre l'art et la science. Sur son travail, Ulrich Gansert, ancien professeur à l'Académie des Beaux Arts à Vienne note : «Aghzout transforme la lumière et les couleurs brillantes de Tétouan en peinture. Derrière ça, il y a une réflexion profonde sur la modernité dans les beaux arts et dans la science et la technique. Ainsi, les couleurs dans ses tableaux sont des phénomènes physiques et en même temps, des apparitions saturées de culture, de la lumière et de l'émotion humaine. Des couleurs comme au Maroc, à midi, couleurs du ciel, de la mer ou du désert et qui deviennent des placements dynamiques sur la surface, marqués par la précision et l'abstraction, et les navires dissimilés dans beaucoup de ses toiles, sont des métaphores pour l'énergie et le départ». En somme, les créations de Abdelkhalek Aghzout font appel à la fois à la précision, valeur fondamentalement scientifique, et à l'abstraction qui est du domaine de l'art. Lui-même pense que «La peinture est un développement de voir et de pouvoir» et que «L'art est une recherche, une science et un savoir». «Les tableaux de Aghzout parlent leur propre langue. «Son développement de voir» mène à des compositions avec force et énergie, émotion et harmonie. Elles reflètent la variété des couleurs du Maroc, de son peuple, de sa culture, qui ont déjà fasciné des artistes comme Delacroix, Miro, Matisse», relève, pour sa part, Günther Wolfgang Wachtl, Président du cercle culturel de Vienne. Car, même si la majorité de ses toiles sont peintes en Autriche, dans son atelier à la lisière de l'immense forêt de Vienne, force est de constater que les thèmes récurrents renvoient à des ambiances spécifiquement marocaines. Rien d'étonnant alors que les précédentes expositions de Abdelkhalek Aghzout en Autriche et ailleurs en Europe et aux Etats-Unis, portent des intitulés évocateurs de son appartenance, «couleurs du Maroc», «Rêves du Maroc», «Lumière du Maroc», «Spiritualité du Maroc» et «Emotions du Maroc». Et ce, malgré les nombreuses années passées loin du pays. «Les couleurs et les émotions du Maroc sont pour moi une force motrice dans mon travail artistique pour développer une nouvelle dimension de la peinture, une autre manière de voir», dit-il dans un entretien accordé à la MAP. Loin de lui l'idée de remettre en cause la richesse des autres mouvements de peinture, Aghzout explique les fondements de sa marque de fabrique, l'art scientifique en soulignant que «l'abstraction basée sur la science donne une nouvelle dimension à l'art contemporain et moderne. Il ajoute que «l'application de la science donne sûrement une nouvelle lumière à l'œuvre picturale, une œuvre en perpétuel mouvement, toujours à réajuster». Une manière, à ses yeux, de donner au regardant l'opportunité de s'approprier l'oeuvre pour lui laisser ensuite le plein pouvoir de développer virtuellement sa propre vision selon sa perspective. Membre, entre autres, de l'association professionnelle des artistes visuels en Autriche et de l'association internationale des arts plastiques relevant de l'Unesco, Aghzout a été plusieurs fois sélectionné par le World Wide Art Books aux Etats-Unis pour exposer parmi un cercle très fermé de maîtres internationaux dans l'art moderne et contemporain. Il vient encore une fois d'être choisi pour la prochaine édition prévue en septembre prochain. Cité dans un ouvrage sur l'histoire des arts plastiques en Autriche durant la période 1912-2012, Aghzout a été en 2011 parmi les 10 artistes primés lors du concours international de l'art contemporain à Santa Barbara en Californie.