Les artistes ne meurent jamais Bastaoui reste incontestablement l'une des figures de proue du cinéma, de la télévision, et du théâtre marocains. Dans tous les rôles qu'il incarne, il s'investit corps et âme, sans demi-mesure, trouve toujours la juste mesure pour transmettre avec brio l'émotion recherchée et pour atteindre avec aisance et panache le cœur du spectateur, des spectateurs. Mais, au delà de cette affirmation évidente, il faut parler de l'artiste et de l'homme. Si l'homme est mort, l'artiste, lui, est et restera toujours vivant. Il est vivant dans nos cœurs. Il est vivant dans les images et les sons imprégnés de son être joyeux et de son aura charismatique. Ilest vivant par ses actes généreux. Il est vivant par sa joie de vivre, son «bsat». Avant d'être homme, Bastaoui est d'abord et par essence un artiste. Un artiste qui ne cesse de révèle et de réveiller le meilleur en nous et qui ne cesse de repartir toujours à la quête de cette protéiforme expression artistique... Quand je vois Bastaoui, soit à la télévision, soit au cinéma, je me sens changé, amélioré et fier de ma marocanité ! Bastaoui est un grand perfectionniste. L'homme et l'artiste en lui cherchent toujours à se dépasser. Bastaoui ne connait pas les limites. Il est toujours en constante évolution, en perpétuelle révolution. L'homme est mort, la chair est morte ! Mais, Bastaoui, l'artiste, l'humaniste, l'altruiste, le magnanime ne l'est pas. Il est toujours ici avec son fascinant don de soi et avec sa légendaire abnégation qui le rendent si particulier, si grand ! Je l'ai vu avec mes étudiants et mes stagiaires. Je l'ai vu généreux, pédagogue, altruiste, à l'écoute des attentes des jeunes en matière de conseils et d'orientations. Je l'ai vu sacrifier son repos, bien mérité, pour répondre avec grand cœur à une sollicitation par ci, à une demande par là. Il est avare pour lui, prodigue avec les autres ! Te souviens-tu, cher Bastoui (bast : joie et la rigolade, oui : acquiescement) quand j'ai rapproché ton nom de Bahjaoui (joie, la rigolade) caractéristiques des gens de Marrakech ? Te souviens-tu de la proposition que je t'ai faite de te consacrer un livre à base des images de tes rôles dans le cinéma et à la télévision ? Te souviens-tu de l'invitation que je t'ai faite pour venir rencontrer mes étudiants à faculté des lettres de Marrakech ? Moi, je me souviens bien du jour où nous avons pris cette photo inoubliable quelque part dans notre beau pays.Photo qui me comble de ta généreuse tendresse et de tes encouragements pour ce que j'accomplis en matière de pédagogie du cinéma !Et, je me souviens bien de t'avoir taquiné à propos de ta moustache (tes moustaches) dans le film «Les mains rudes» de Mohamed Asli : moustache qui monte, moustache qui descend ! Quelque part tu ressembles par ta moustache et ta barbichette à Kagemusha de Kurosawa, n'est-ce pas ? Mais non, c'est encore pour te taquiner ! Tu ne ressembles qu'à toi-même, maître Bastaoui ! Tu es unique et inégalable dans ton approche artistique, dans ton humanité et dans ton humilité ! Et j'ai la certitude ferme que là où tu es maintenant, tu es en train de semer de la jovialité, de l'émotion artistique et de répandre les parfums savoureux de ton charisme ! Tu sais ! Tu es l'un des rares comédiens marocains à jouir du don d'ubiquité : tu es pour toujours ici, même si tu es déjà la bas ! Bastaoui est un grand artiste dont le Maroc doit fièrement s'enorgueillir. Un artiste doublé d'un humaniste ! Et comme tous les artistes humanistes, il est toujours vivant ! Merci, cher Bastaoui, pour tout ce qui tu nous as donné, pour ce que tu nous donnes, et pour ce que tu nous donneras ! *Universitaire (Marrakech)