Cinq mois après avoir mis en marche sa nouvelle stratégie industrielle, le Maroc semble d'ores et déjà récolter les fruits de ses choix économiques qui en font un leader régional et le projettent un peu plus vers le club fermé des nations émergentes. Pays le plus compétitif d'Afrique du Nord et une des cinq premières économies du continent, le Royaume jouit de la confiance des investisseurs dans une région touchée par une profonde instabilité géopolitique, comme l'affirme le Forum économique mondial (WEF) dans son rapport sur la compétitivité. Et pour cause, des actions "agressives" mises en œuvre depuis une dizaine d'années en direction du capital étranger, mais aussi sur les plans sectoriel et des capacités d'innovation, expliquent les experts du WEF. Création de zones industrielles spécialisées et de zones franches ultra-attractives, lancement de plans d'Emergence industrielle, allègement de la fiscalité des entreprises, formation d'une main-d'oeuvre qualifiée, le Maroc n'a pas lésiné sur les moyens pour muscler son offre. Et le résultat est là, bien visible, notamment dans des secteurs aussi concurrentiels et porteurs que l'automobile, l'aéronautique, l'électronique, l'agroalimentaire et l'offshoring, métiers mondiaux qui dynamisent l'économie et les exportations. Le pays est sans conteste le champion régional en termes de compétitivité et d'attractivité des investissements directs étrangers avec plus de trois milliards de dollars chaque année, d'après la Conférence des Nations unies sur le Commerce et le développement (CNUCED). Il a réussi à attirer de gros calibres de l'industrie comme le groupe Renault qui a fait construire à Tanger sa plus grande usine hors d'Europe, ou encore le constructeur aéronautique Bombardier, actif depuis l'an dernier à Nouaceur, près de Casablanca. Ces sites, qui emploient des dizaines de milliers de personnes, ont permis l'émergence de nouveaux métiers et de réaliser de belles performances à l'export. De fait, les ambitions ne cessent de grandir : porter à 500.000 les emplois durables de l'industrie d'ici 2020 et augmenter de 9 points la part du secteur dans le PIB pour atteindre les 23 pc. "Ces objectifs sont réalistes. D'autres pays y sont arrivés avant nous, il n'y pas de raison pour qu'on ne réussisse pas à notre tour", a déclaré le ministre de l'Industrie, du commerce, de l'investissement et de l'économie numérique, Moulay Hafid El Alamy à l'occasion du lancement de la nouvelle stratégie. L'autre pilier de ce décollage économique se rapporte au financement de projets industriels en impliquant davantage les banques, mais surtout à travers la création d'un fonds de développement industriel. Ce projet de 20 milliards de dirhams, porté par l'Etat, se propose de soutenir les initiatives d'investissement dans les secteurs porteurs et de renforcer la confiance dans l'économie en tant que priorité absolue du gouvernement. C'est justement cette confiance qui a permis au Royaume de garder sa stabilité et son attractivité dans un environnement international et régional perturbé sur les plans politique, économique et social. Pour preuve, l''émission réussie de bons d'un montant d'un milliard d'euros pour une période de 10 ans et avec un taux d'intérêt ne dépassant pas 3,5 pc. Cette opération a suscité l'admiration des partenaires internationaux du Royaume comme le Fonds monétaire international (FMI) et les Agences de notation, qui ont salué le Maroc comme une destination favorite des investisseurs et un pôle d'attraction des échanges commerciaux et financiers. Autre témoignage de confiance dans l'économie marocaine, le Forum économique mondial vient de publier son rapport sur la compétitivité 2014-2015 dans lequel le Royaume améliore nettement son classement en gagnant cinq places par rapport à la période 2013-2014. De l'avis des experts du WEF, cette performance est principalement le fruit de la réduction du déficit budgétaire et de l'amélioration de l'enseignement et des capacités d'innovation. Ils énumèrent les atouts non négligeables du Maroc en matière de compétitivité, son niveau de sécurité, l'efficacité de son marché de biens, les procédures simplifiées de création d'entreprises et la solidité de son secteur bancaire. Le rapport encourage le Royaume à mieux s'engager en faveur d'une éducation de qualité, de la réforme du marché du travail, de manière à accroître la part des femmes dans la population active, dans une logique de renforcement des compétences et d'accès à grande échelle aux Technologies de l'information et de la communication.