L'économie marocaine entame l'année 2014 avec beaucoup de doute sur sa capacité à rebondir. La reprise toute relative enregistrée au 4e trimestre 2013 demeure, pour l'essentiel, tributaire de l'apport du secteur agricole. Le secteur industriel marocain, pâtissant de sa faible compétitivité, a du mal à sortir du trou. Au même moment, le secteur du BTP et de l'immobilier, dont la contribution à la croissance est capitale, s'installent dans la morosité. Les conjoncturistes du HCP sont catégoriques: la croissance économique devrait évoluer à un rythme encore plus modeste, au premier trimestre 2014. D'autant plus que les activités agricoles vont marquer le pas après une année 2013 particulièrement favorable. De plus, l'état de l'économie mondiale, encore en convalescence, n'autorise guère d'espérer une forte demande étrangère adressée au Maroc. La demande intérieure, principale locomotive, s'essouffle et porte principalement sur les produits manufacturés importés. La balance commerciale, sous l'effet de l'expansion des importations, continue d'accuser un lourd déficit. De même, le déficit public malmène les Finances publiques et rend la marge de manouvre très étroite. Le quotidien français «Les Echos» titre, dans son édition du mercredi, 8 janvier, «Endettement, déficit jumeau et dégradation de la note souveraine au Maroc : quels impacts ? Quelles issues ?». Mustapha Maghriti, professeur universitaire et fonctionnaire au ministère des Finances, auteur de l'article, rappelle que la note souveraine BBB- attribuée au Maroc avec perspective négative, en relation avec les déficits jumeaux, révèle le doute de l'Agence de rating Standard & Poor's , quant à l'avenir de l'économie marocaine. Le Maroc, écrit l'auteur, a connu, «depuis deux ans, un retournement de situation avec la perte de 8 milliards de dollars de devises, suite de l'envolée des cours du pétrole et la baisse de la demande en provenance d'Europe. Le trou de la balance des transactions courantes culmine à plus de 8 % du PIB. Ni les recettes touristiques, ni les envois des fonds de MRE, ni les recettes au titre des Investissements Directs Etrangers n'arrivent plus à combler ce déficit, rognant les réserves de changes estimées actuellement à un peu plus de 3,5 mois d'importations». D'autres éléments négatifs, à fort impacts sur la notation souveraine du Maroc, liés à la fois au chômage élevé des jeunes diplômés et aux incertitudes des réformes de la caisse de compensation et des retraites. 2014 s'annonce, pour le moins difficile, et le gouvernement aura, à coup sûr, à faire preuve de courage et de beaucoup d'ingéniosité. *** L'économie nationale plonge dan la morosité conjoncturelle 2014 risque d'être plus modeste que 2013, selon le HCP Dans sa dernière note de conjoncture, le HCP estime que la croissance économique nationale aurait légèrement accéléré au quatrième trimestre 2013, se situant aux environ de 4,8%, en glissement annuel, après 4% un trimestre plus tôt. Cette performance incomberait au secteur primaire dont la contribution à la croissance globale aurait atteint environ 2,8 points. Les activités non-agricoles auraient, à l'inverse, conservé leur ralentissement amorcée au début de l'année, affichant une hausse de 2,2%, contre 4% la même période une année auparavant. Au premier trimestre 2014, la croissance économique devrait évoluer à un rythme relativement plus modeste, en ligne avec le retrait des activités agricoles attendu après une année 2013 particulièrement favorable. Dans un contexte d'une amélioration des échanges mondiaux, la demande mondiale adressée au Maroc aurait affiché une hausse annuelle estimée à 3,5%. Cette hausse aurait profité, notamment aux exportations des biens d'équipement et particulièrement aux fils et câbles électriques. En revanche, les exportations globales des biens n'ont pas tiré pleinement profit de l'orientation positive de cette demande. Elles auraient été pénalisées, entre autres, par la poursuite de la contraction des expéditions du phosphate et de ses dérivés. La baisse des exportations aurait été de 3,9%, en glissement annuel. Progression modérée de la demande intérieure La demande intérieure aurait continué de soutenir la croissance nationale, au quatrième trimestre 2013, avec cependant un rythme moindre qu'une année auparavant. Après avoir réalisé une hausse de 5,4% une année auparavant, en glissement annuel, la consommation des ménages aurait progressé de 3,9%, au quatrième trimestre, en dépit d'une amélioration de l'offre de produits agricoles et d'une modération relative des prix à la consommation, qui serait passée de 2% une année plus tôt à 1,6%. La hausse de la consommation aurait porté, particulièrement, sur les produits manufacturés importés, dont la progression aurait atteint environ 6%, en glissement annuel. La formation brute de capital, pour sa part, serait restée peu soutenue, au quatrième trimestre 2013. L'investissement en produits industriels aurait poursuivi sa tendance haussière modérée. Les importations de biens d'équipement auraient augmenté de 12,4% et les crédits à l'équipement de 2,4%. Pour sa part, la baisse de l'investissement dans le secteur du BTP aurait été moins prononcée qu'au début de l'année. L'encours des crédits aux promoteurs immobiliers aurait régressé de 0,4%, à fin novembre, contre -4,7% au mois de janvier. Dans l'ensemble, la progression de la FBC se serait située aux environs de 0,9%, en glissement annuel, au lieu de 0,5% un trimestre auparavant. Forte contribution des activités agricoles Les activités agricoles auraient continué de soutenir la croissance économique globale au quatrième trimestre 2013, affichant une amélioration de 22,2%, en variation annuelle. Cette forte progression serait due à la consolidation de la production des cultures, notamment celle des céréales, des cultures industrielles et de certaines cultures fruitières. Dans la branche animale, la production se serait renforcée, profitant d'une baisse de prix des aliments de bétail, notamment ceux de la paille et de l'orge. Ralentissement des activités non-agricoles Pâtissant d'une faible demande, les activités hors agriculture seraient restées peu soutenues, au quatrième trimestre 2013, affichant une hausse de 2,2%, en glissement annuel, contre une moyenne de 3,3% réalisée au cours des cinq dernières années. La baisse de l'activité du BTP se serait atténuée par rapport au début de l'année, se situant à -0,8%, contre -5,9% et -4,6%, respectivement, aux premier et deuxième trimestre. En dépit d'un léger redressement des ventes de ciment et d'une quasi-stagnation du flux des crédits immobiliers accordés aux promoteurs immobiliers, l'activité du secteur se situerait toujours en dessous de son niveau tendanciel de moyen terme. En effet, les pronostics des professionnels du secteur, dans le cadre de la dernière enquête de conjoncture du HCP, augurent une stagnation de l'activité de la construction et un léger repli de la production des travaux publics, pour la même période. Stagnation de l'industrie Pour leur part, les industries de transformation se seraient redressé de 0,7% en glissement annuel, après une baisse de 0,2% un trimestre auparavant. Pour l'ensemble de l'année 2013, la croissance du secteur serait restée en dessous de sa moyenne de long terme. Le glissement annuel de la valeur ajoutée industrielle n'aurait pas frôlé 1%, contre 2,5% en 2011, et plus de 3% en moyenne réalisé avant la crise internationale de 2008. A l'exception de la chimie et parachimie, cette conjoncture défavorable aurait affecté toutes les autres branches industrielles. Le textile et cuir, ainsi que les industries liées au bâtiment auraient été les plus touchés, affichant des évolutions négatives tout au long de l'année, avoisinant les -3%. L'activité minière se serait, quant à elle, légèrement améliorée au quatrième trimestre 2013, affichant une croissance de 0,2%, en variation annuelle, après une baisse de 3,2% un trimestre auparavant. L'amélioration des perspectives de demande indienne, après plus de trois trimestres de baisse, aurait favorisé une reprise des exportations de l'acide phosphorique, parallèlement au raffermissement de celles du phosphate brut. Pour sa part, l'activité du secteur énergétique aurait crû de près de 3,3% au quatrième trimestre 2013, en comparaison avec la même période une année plus tôt. Ce redressement aurait été dû à une hausse de la production d'électricité, suite à une amélioration de la demande des ménages. Dans le raffinage, la production du pétrole mis en œuvre se serait inscrite en baisse de 3,8%, au profit d'une reprise des quantités importées des carburants. Le tertiaire en léger repli Les activités tertiaires auraient, quant à elles, continué de soutenir la croissance nationale mais à un rythme en léger repli, par rapport à l'année qui précède, en liaison avec le repli du rythme de croissance de la valeur ajoutée des administrations publiques. En revanche, la valeur ajoutée touristique aurait poursuivi son redressement, réalisant une croissance estimée à 4,6%, en variation annuelle, après +4,4% au troisième trimestre. Les nuitées globales et les arrivées des touristes étrangers aux postes frontières se seraient sensiblement raffermies, alors que les recettes voyages auraient quasiment stagné, après avoir progressé de 13%, un trimestre auparavant. Globalement et compte tenu de l'ensemble des indicateurs collectés jusqu'à fin novembre, ainsi que des estimations sectorielles établies pour le quatrième trimestre 2013, la croissance économique nationale se serait située aux environs de 4,8%, au quatrième trimestre, contre +2,3%, la même période une année plus tôt.