Proche-Orient Plongé dans le coma artificiel depuis quelque huit ans, l'ancien Premier ministre israélien Ariel Sharon, aujourd'hui âgé de 85 ans, est en passe d'être débranché dans les jours, voire les heures qui viennent. «Ces deux derniers jours, nous avons assisté à une baisse graduelle dans le fonctionnement de plusieurs organes centraux d'Ariel Sharon, qui sont essentiels à sa survie», a déclaré hier Zeev Rotstein, directeur de l'hôpital de Tel Aviv où le «bulldozer» était artificiellement maintenu en vie depuis le 4 janvier 2006, suite à une attaque cérébrale. Cette réaction médiatique de Zeev Rotstein intervient suite à l'annonce, mercredi dernier, par plusieurs journaux israéliens de la grave détérioration de l'état de santé d'Ariel Sharon. Zeev Rotstein a même annoncé que cet état est critique et que le pronostic vital est engagé, puisque ce ne sont plus seulement les reins du patient qui posent problème, «mais Sharon souffre de problèmes dans plusieurs organes». «Le sentiment du personnel médical de l'hôpital et de la famille d'Ariel Sharon est que nous assistons actuellement à un changement pour le pire de son état de santé», a encore précisé Rotstein. Dans ces conditions qui ne souffrent plus aucune équivoque, le quotidien Haaretz croit savoir, de sources informées, que la déclaration du décès de Sharon serait «une question de jours». Tristement célèbre pour les massacres (plus de 2000 morts) des camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila à Beyrouth en septembre 1982, qu'il a personnellement supervisés et pour lesquels il a utilisé une milice chrétienne libanaise alliée d'Israël, Ariel Sharon s'est aussi rendu coupable de la destruction, dans le sang, du processus de paix israélo-palestinien entamé à Oslo en 1993. Ce processus de paix, qui revient de nouveau sur le devant de l'actualité avec l'arrivée hier en Israël de John Kerry, secrétaire d'Etat américain, peine toujours à sortir de l'état critique dans lequel l'avait placé Ariel Sharon. Et pour lequel son héritier fidèle, Benyamin Netanyahou, l'actuel Premier ministre, n'entend pas faire la moindre concession, voire continue à le saborder. John Kerry qui est arrivé jeudi soir en Israël pour sa dixième visite en moins d'une année devait s'entretenir dans l'après-midi avec le chef du gouvernement israélien avant de rencontrer, vendredi à Rammallah, Mahmoud Abbas, le chef de l'Autorité palestinienne. Selon des sources proches du Département d'Etat américain, John Kerry entend démarrer «la nouvelle année avec un effort spécial pour tenter de faire avancer les négociations israélo-palestiniennes», et compte pour ce faire soumettre aux deux belligérants un projet d'«accord-cadre» qui définit les grandes lignes d'un futur règlement définitif. Mais il faut reconnaître que ce nouveau round de négociations intervient à un moment de crispation que la libération, mardi dernier, de 26 prisonniers palestiniens n'a pas réussi à dissiper. D'autant plus que des doigts accusateurs sont pointés vers Israël, le soupçonnant d'avoir commandité l'assassinat, mercredi dernier, de l'ambassadeur palestinien à Prague. Tout cela sans parler de la vague continue de constructions de nouvelles colonies israéliennes en territoires palestiniens, une façon comme une autre pour Israël d'exprimer sa non-volonté de paix avec ses voisins, et ce à la face d'un monde qui n'arrive pas à imposer ses lois dans une région meurtrie par quelque 66 ans de guerres et de massacres.