Vivant, ou végétant dans un coma profond depuis maintenant plus de sept ans, l'ancien Premier ministre israélien Ariel Sharon n'en finit pas de susciter la polémique. La dernière guerre de Sharon, celle qu'il est en train de livrer contre la mort, est bien évidemment perdue d'avance. Mais alors que la majorité des Israéliens exige qu'il soit «débranché» afin que son âme aille une bonne pour toutes, et sûrement en enfer, les fils du «Bulldozer», eux, tiennent toujours à retarder au maximum cette brûlante échéance qui les terrifie tant. Car ils savent que si Ariel Sharon a réussi à échapper à la justice des hommes, il ne pourra en aucun cas éviter le jugement divin. C'est pourquoi, et suite aux dernières explorations par imagerie magnétique subies par le corps de Sharon, dans un hôpital du Neguev, ses rejetons ont une nouvelle fois fermement exigé qu'il soit maintenu dans un état végétatif, qui dure maintenant depuis une certaine nuit du 4 janvier 2006. Arguant qu'il a été constaté que leur momie de père, dont les cils et le bout des doigts de la main bougeaient de temps à autre, a aussi une «intense activité cérébrale». Mais à quoi bien peut penser un «cadavre» artificiellement maintenu en vie ? Une chose est sûre : le boucher de Sabra et Chatila, entre autres crimes de guerre monstrueux contre les Palestiniens et les Libanais en particulier, ne reviendra jamais aux affaires. Ni même à la vie, tout court. Mais, dans tous les cas de figure, la charogne du premier faucon israélien peut reposer en... guerre, puisque tous ses successeurs ont été fidèles à son crédo : pas de paix avec les Arabes, rien que des guerres meurtrières. Ni Ehud Olmert, son successeur immédiat, ni Benyamin Netanyahu qui entame aujourd'hui son troisième mandat de Premier ministre (depuis les accords d'Oslo) n'ont renié leur maître à penser. Depuis 2006, aucun d'entre eux n'a fait la moindre concession aux voisins arabes. Pire, ils ont affiché à leurs macabres tableaux deux nouvelles guerres contre l'enclave-prison de Gaza (2008 et 2012) et une autre contre le Liban (2006). Pas plus loin que cette semaine, et avant même d'être officiellement rétabli dans ses fonctions de Premier ministre, Benyamin Netanyahu a ordonné une opération aérienne contre des objectifs militaires en Syrie. Une façon criminelle de remuer le couteau dans la plaie béante d'un pays meurtri par deux années de guerre civile. Cette manœuvre israélienne vise en fait à éclipser les déboires que connait ces jours-ci ce pays «hors pair» de plus en plus décrié sur la scène internationale dont il se croyait l'enfant gâté. Jeudi dernier, et même si Israël a refusé de comparaitre devant la Commission onusienne des droits de l'Homme, l'ONU vient de d'exiger de l'Etat hébreu qu'il arrête immédiatement la colonisation des territoires palestiniens occupés, car «un nombre important de droits de l'homme des Palestiniens sont violés de manières et de façons diverses en raison de l'existence de ces colonies de peuplement». Cependant l'ONU, forte du nouveau statut qu'elle a accordé à l'Etat palestinien, doit aller plus loin et passer à des actes concrets. Elle doit activer la Cour pénale internationale pour sévir contre les nombreux «Sharon» israéliens encore en activité.