Le retrait des territoires occupés et l'évacuation des colonies juives de Cisjordanie ont été au cœur des entretiens entre le président américain et le Premier ministre israélien. Lors de sa première visite à la Maison- Blanche, le 22 mai 2006, Ehoud Olmert, chef du gouvernement israélien, a fait preuve «d'idées audacieuses». C'est la raison du soutien que lui a apporté George Bush, même si celui-ci a toutefois demandé à Ehoud Olmert de modifier son plan initial. Le président américain, hostile à la démarche unilatérale prônée par le successeur d'Ariel Sharon, lie la fixation des frontières définitives d'Israël à un accord négocié en bonne et due forme avec les Palestiniens. Dans le fil de la démarche tracée par la «feuille de route» qui avait été adoptée à l'initiative du Quartette (Etats-Unis, Russie, ONU et Union européenne).Ehoud Olmert a «ravalé» ses certitudes et ne parle plus de «frontières définitives». Tout au plus de «frontières de sécurité», à l'intérieur desquelles seraient inclus les blocs de colonies conservés en Cisjordanie. Ces blocs dont l'annexion n'aurait pas juridiquement l'agrément de la conmunauté internationale. Cette concession est pour Ehoud Olmert un moyen de rechercher avant tout, comme le faisait son prédécesseur et maître à penser Ariel Sharon, un terrain d'entente avec les Américains, lui permettant, à l'avenir, de se prémunir contre un éventuel changement d'attitude du président Bush. Si tel était le cas, celui-ci ferait alors preuve d'une noire ingratitude à l'égard d'un allié pouvant exciper de son esprit de conciliation et des marques de bonne volonté qu'il n'a cessé de donner. Sous cet angle, Ehoud Olmert peut estimer avoir obtenu satisfaction, à défaut d'avoir eu gain de cause sur l'essentiel. A savoir, l'avenir juridique et international du bloc des colonies de Cisjordanie qu'israël estime indispensables à sa sécurité. Le retrait des territoires occupés et l'évacuation des colonies juives de Cisjordanie ont été au cœur des entretiens entre George Bush et Ehoud Olmert. Cela n'a rien de nouveau puisque ces sujets influent sur les relations américano-israéliennes depuis 1967 même si des progrès considérables ont été accomplis Si les Israéliens semblent accepter, aujourd'hui, un retrait de Cisjordanie, il va de soi que ce retrait n'est pas identique - tant en ce qui concerne son rythme que son ampleur - à celui souhaité par l'administration américaine. Et le schéma des Israéliens est encore plus éloigné de celui des Européens, des pays arabes modérés, voire des Palestiniens, favorables, eux, à un retrait total, et hostiles à tout désengagement «unilatéral», sans qu'israël puisse y opposer l'absence d'un «partenaire palestinien». Ehoud Olmert a declaré, fermement, au président Bush : «Israël ne veut pas rester dans la majorité de la rive occidentale du Jordain (Cisjordanie), devenu plus un fardeau qu'un atout». C'est là un constat qui diffère sensiblement de celui fait par l'un de ses prédécesseurs, le Travailliste Ehoud Barak. Ainsi que le rappelle Alouf Ben, un analyste politique du quotidien Haaretz : «Ehoud Barak, ancien chef du gouvernement, était venu, il y a sept ans, avec des plans pour un accord avec les Palestiniens et les Syriens. En demandant, en contrepartie, la fin du conflit». Le nouveau chef du gouvernement israélien, lui, ne veut rien demander, et privilégie une démarche autonome que l'analyste qualifie de "coquille vide"... En réalité, les conditions posées par Ehoud Olmert à l'Autorité palestinienne pour la reprise du dialogue apparaissent comme infiniment plus draconiennes que les fameux «sept jours de calme» exigés par Ariel Sharon alors que la seconde Intifada battait son plein. Ariel Sharon demandait la fin du terrorisme et le désarmement des organisations palestiniennes. Son successeur veut, en plus, l'application de tous les «accords pris par les Palestiniens avec Israël». Or, note Alouf Ben, ces accords n'ont jamais été scrupuleusement respectés par les Israéliens - cela vaut aussi bien pour Benyamin Netanyahou que pour Ehoud Barak et Ariel Sharon - hormis quand cela les arrangeait. Contrairement à Ariel Sharon ou à Benyamin Netanyahou, qui disaient ne pas faire confiance aux Palestiniens, Ehoud Olmert, lui, croit à la sincérité de Mahmoud Abbas (Abou Mazen), qu'il considère, cependant, comme trop faible pour être un interlocuteur valable. Quelles que soient ces différences d'appréciation et d'exigences, le résultat s'avère identique dans les deux cas... Ainsi., après la victoire du Hamas aux élections législatives palestiniennes en janvier dernier, on a demandé à un collaborateur du chef du gouvernement si Ehoud Olmert entendait renoncer au retrait unilatéral d'Israël des territoires. Celui-ci a répondu, avec un certain cynisme : «Volontiers. si les Palestiniens, voire le monde tout entier, «s'opposent au retrait unilatéral, Alors, nous établirons une occupation avec la permission de facto de la communauté internationale. Cela fait quarante ans que nous l'espérons». Cela n'a pas empêché Ehoud Olmert, enivré par la réussite de ses entretiens avec le président George Bush, de déclarer devant le Congrès des Etats-Unis (sénateurs et représentants réunis) : «Je tends la main de la paix à Abou Mazen président élu de l'Autorité palestinienne. Nous sommes disposés à négocier avec cette Autorité si son aspiration est d'arriver à une paix juste et durable et si cette Autorité est disposée à abandonner la voie du terrorisme et à sanctifier plus la vie que la mort». Ehoud Olmert est allé jusqu'à ajouter: «Nous avons appris à changer notre position. Nous devons accepter le compromis pour arriver à la paix et renoncer à une partie de la Terre Promise (le Grand Israël). Nous devons renoncer à une partie de notre rêve pour laisser une place, également, au rêve des autres, pour parvenir, tous, à un meilleur avenir, C'est pour réaliser cet objectif que mon gouvernement a été élu et je m'y suis engagé de toutes mes forces». S'agissant de l'acquisition par l'Iran de l'arme atomique, les Etats-Unis, a déclaré le président Bush, envisagent de quitter le G8 pour protester contre le soutien de la Russie à l'Iran». Fidèle à son idée selon laquelle la maîtrise du nucléaire militaire par l'Iran est une menace pour l'ensemble de la communauté internationale, Ehoud Olmert s'est, sur ce point, refusé à tout commentaire, se contentant d'indiquer que «le monde libre ne permettra pas à l'Iran d'arriver à la bombe atomique». L'enthousiasme d'Ehoud Olmert a conquis le président Bush, qui a fortement impressionné son interlocuteur par sa parfaite maîtrise des dossiers concernant le Proche-Orient et notamment celui du nucléaire iranien.