Moubarak ne cachait pas sa volonté de convaincre Olmert que Mahmoud Abbas était un partenaire obligé de cette négociation d'autant qu'il bénéficie de la légitimité des urnes. Renouant avec son nom de «cité de la paix», Sharm-el-Sheikh, dans le Sinaï, a hébergé, le dimanche 4 juin 2006, la première rencontre entre le président égyptien Hosni Moubarak et Ehoud Olmert depuis que celui-ci est devenu Premier ministre israélien. La question principale inscrite à l'ordre du jour était le futur retrait israélien des territoires palestiniens, un retrait que les Egyptiens souhaitent être la conséquence d'une négociation entre Jérusalem et l'Autorité palestinienne et non une décision unilatérale analogue à celle prise, en 2005, par Ariel Sharon en ce qui concernait Gaza. Accessoirement, Ehoud Olmert entendait mettre à profit cette entrevue pour jeter les jalons d'une plus étroite concertation avec le raïs et pour évoquer avec ce dernier les activités terroristes en provenance de Gaza ou les frappes d'Al Qaïda contre l'Egypte, tragiquement illustrées récemment par les attentats contre la station balnéaire de Dahab dans le Sinaï. Hosni Moubarak ne cachait pas sa volonté de convaincre son interlocuteur que Mahmoud Abbas était un partenaire obligé de cette négociation d'autant qu'il bénéficie de la légitimité que lui confère son élection au suffrage universel par ses concitoyens, après le décès de Yasser Arafat. Dans une interview récente à Yediot Aharonot, Ehoud Olmert a annoncé son intention de reprendre, fin juin, des discussions avec le président de l'Autorité palestinienne, sans exclure cependant, en cas d'échec des pourparlers, à un retrait en une seule étape de la Cisjordanie, après consultation, sous une forme à déterminer, de la communauté internationale, notamment des Etats-Unis et du «Quartet» (USA, ONU, Union européenne et Russie). Le plan d'Ehoud Olmert, dont il s'est bien gardé de préciser l'étendue et le calendrier, prévoit la fixation des frontières définitives d'Israël, le retrait de très larges portions de la Cisjordanie, avec regroupement des implantations juives isolées dans des blocs de colonie situés de l'autre côté de la barrière de sécurité - certaines le long du Jourdain afin de permettre l'établissement d'un cordon sanitaire prévenant d'éventuelles infiltrations en provenance du Royaume hachémite. Des blocs dont Israël assurerait la sécurité, alors que la constitution d'un territoire continu placé sous souveraineté palestinienne. Ces propositions sont suffisamment prises au sérieux pour que le ministre égyptien des Affaires étrangères, avant même l'arrivée à Sharm-el-Sheikh d'Ehoud Olmert, ait déclaré à la télévision qu'il fallait «accueillir favorablement le retrait d'Israël des terres arabes occupées» et que «des négociations directes entre les parties concernées étaient nécessaires». Il reprenait ainsi la position exprimée par le raïs égyptien et le roi Abdallah de Jordanie qui, lors d'une récente rencontre, ont rappelé le refus des pays arabes modérés de toute solution unilatérale et leur soutien à une reprise immédiate des négociations entre Israël et l'Autorité palestinienne. Dans la foulée, ils ont aussi pressé le Hamas de se rallier à l'initiative de paix saoudienne, prise avant le sommet arabe de Beyrouth, qui implique in fine la reconnaissance de I'Etat d'Israël. Comme le souligne un éditorialiste de Haaretz, le sommet entre Ehoud Olmert et Hosni Moubarak est le premier d'une série de rencontres que le chef du nouveau gouvernement israélien, après son entrevue avec le président George Bush à Washington, doit avoir avec plusieurs dirigeants arabes, notamment le roi Abdallah de Jordanie, et européens (le Premier ministre britannique Tony Blair, le président français Jacques Chirac) afin de leur presenter les grandes lignes de sa politique. Des rencontres qui doivent précéder son premier contact avec Abou Mazen. Les Egyptiens n'avaient pas caché qu'ils auraient souhaité la présence, ce dimanche 4 juin, à Sharm-el-Cheikh, de Mahmoud Abbas, mais n'ont pas réussi à en convaincre Ehoud Olmert. La rencontre a d'ailleurs été ternie par l'incident de frontière qui a opposé les soldats israéliens à des gardes de sécurité égyptiens dont deux étaient tués. Mais la réunion a eu finalement lieu et s'est même conclue par une conférence de presse commune, exercice que les Egyptiens ne prisent pourtant guère. Les déclarations des deux hommes ont infirmé les spéculations de certains journalistes israéliens qui s'attendaient à ce que Ehoud Olmert revienne sur son engagement de «rencontrer, avant la fin du mois de juin, le president de l'Autorité palestinienne». Mais il ne pouvait se permettre pareil impair afin de ne pas mécontenter son hôte pour lequel le but de ce mini-sommet «était de promouvoir la reprise du processus du paix et de préparer la tenue d'une future rencontre tripartite», Hosni Moubarak n'est pas le seul à agir dans cette direction. L'on sait que cette semaine, sous la présidence de Tsipi Livni, ministre israélienne des Affaires étrangères, doit se tenir une réunion avec Javier Solana, le chargé de la politique étrangère à l'Union européenne, et avec David Walsh, responsable de la section «Moyen-Orient» au Département d'Etat américain. Or, ces deux hommes sont aussi favorables à une reprise rapide du processus de paix et qui placent de nombreux espoirs dans la rencontre entre Ehoud Olmert et Mahmoud Abbas.