Les troubles de santé que connait Yasser Arafat semblent, dit Ariel Sharon, «orchestrés par un maître politique». Une majorité de députés israéliens venaient d'accepter le retrait de la Bande de Gaza et les USA vivent la fièvre des élections présidentielles. Les graves problèmes de santé du Président Arafat et son départ en France, pour se soigner, ont amené les leaders palestiniens à confier, «par intérim», à Mahmoud Abbas (Abou Mazen), en sa qualité de Secrétaire général du PLO (Fatah), assisté de Ahmed Qoreï (Abou Ala), Premier ministre actuel. Le grand expert militaire du quotidien israélien, Haaretz, analyse divers scénarios. Selon l'expert, Ariel Sharon considère Yasser Arafat, Président de l'Autorité palestinienne «hors scène, son autorité ayant été déléguée à un autre leader palestinien, Abou Mazen». Il rappelle que depuis son intervention au Liban, en 1982, Sharon, alors ministre de la Défense de Begin, a essayé d'éliminer Arafat. En sa qualité de Président du Conseil, Sharon a essayé, en compagnie de l'ancien chef d'état-major, Shaül Mofaz, «d'évacuer Arafat des territoires palestiniens». De son côté, l'Administration américaine, tout en refusant le siège de la Moqata, a déclaré Yasser Arafat un «non-partenaire qui bloque toute sorte de dialogue». Depuis mercredi soir dernier, les troubles de santé de Yasser Arafat semblent, dit Ariel Sharon, «orchestrés par un maître politique». Cette situation s'est déclarée alors qu'une majorité des députés israéliens venaient d'accepter le plan de désengagement de la Bande de Gaza et du Nord de Cisjordanie, alors que les Etats-Unis se trouvent face à des élections pour confirmer le Président Bush ou pour le remplacer par le sénateur John Kerry. La nouvelle conjoncture constitue une opportunité politique permettant, peut-être, la promotion d'une autorité palestinienne «pouvant mettre fin à la lutte armée, grâce à une réforme des organisations palestiniennes de sécurité». D'autres scénarios sont encore envisagés par Zeev Schiff. Arafat serait immobilisé définitivement par la maladie, mais sans que les dirigeants palestiniens puissent organiser une nouvelle autorité mettant fin à la violence générale, en prenant en main la négociation avec Israël. Tout cela étant compliqué -ce que l'on nie aujourd'hui, par «une vacance de pouvoir», créée par l'absence de Yasser Arafat et une lutte intérieure entre les leaders palestiniens. Cette situation tournerait à une crise grave pour le peuple palestinien, dès à présent. Car Yasser Arafat, rappelle Amit Cohen, analyste du journal «Maariv», est le commandant, le symbole, le Père, d'autant que le Raïs n'a pas de remplaçant. D'autre part, le Fatah d'Arafat, créé en 1958, risque de disparaître en même temps que le pouvoir de son fondateur. Les autres proches de ce pouvoir palestinien sont accusés de corruption sauf Abou Mazen et Abou Ala qui pourront assurer le remplacement du Raïs, avec l'aide de la rue ou du «Fatah de la lutte armée» de Marwan Barghouti. Celui-ci est considéré comme un authentique et charismatique chef, par une majorité de Palestiniens, alors qu'il vient d'entamer sa troisième année dans une prison israélienne. Selon les officiels israéliens, il y aurait deux possibilités : une anarchie qui maintiendrait pendant une longue période la division des territoires palestiniens en plusieurs régions reliées entre elles. Ou bien un groupe de dirigeants plutôt que de voir émerger un seul leader. Ces dirigeants seraient issus des chefs du Fatah et des organisations politiques ou de sécurité, tels Abou Mazen ou Abou Ala. D'autant qu'un groupe fort pourrait maintenir le Hamas en marge, en présentant le Fatah comme la base de la direction palestinienne. Ce mouvement sait que Arafat dans son absence, représente encore le symbole de l'unité des Palestiniens. En dehors de sa présence, le Hamas ne pourra pas conforter sa position car il souffre d'une absence d'autorité après les assassinats de ses leaders par l'armée israélienne… Par ailleurs, en l'absence d'Arafat de l'Autorité palestinienne, les Israéliens essaieront de se rapprocher de l'Europe et d'ouvrir de nouvelles négociations avec l'équipe palestinienne, au-delà du plan de désengagement de Sharon. En effet, si Abou Mazen prenait le pouvoir palestinien, les Israéliens, en évitant de répéter leurs erreurs et leurs fautes, auraient une chance de collaborer, immédiatement, avec lui et son associé Abou Ala (Ahmed Qoreï). Alors, Mahmoud Abbas (Abou Mazen) deviendrait «le partenaire», en dehors même de l'ombre d'Arafat, accompagné d'Ahmed Qoreï qui a été empêché de réaliser «toute action», affirment ses amis. Les Israéliens continueront à demander aux Palestiniens du régime nouveau de «mettre fin à la violence et au combat menés par le Hamas et le Djihad Islamique. Pour cesser «cette guerre», Ariel Sharon considère que les Egyptiens ont un rôle fondamental : ils sont les seuls à pouvoir conseiller un cessez-le-feu général, entre Palestiniens et les Israéliens. C'est pourquoi, Ariel Sharon et son équipe espèrent «une succession d'Arafat par Mahmoud Abbas (Abou Mazen) et Ahmed Qoreï (Abou Ala) qui auraient promis «de soutenir Sharon»… Les Israéliens vont encore plus loin, selon l'expert Zeev Schiff : ils considèrent que les Palestiniens doivent réaliser la «feuille de route» avec les modifications acceptées et, en particulier la réduction à 3, les organisations des services de sécurité. Mais surtout, que ces services de sécurité soient placés sous l'autorité du Premier ministre ou du ministre de l'Intérieur palestinien. Tout cela en l'absence d'Arafat serait possible aujourd'hui. Mais, encore faut-il que Sharon accepte, de son côté, de réaliser toutes les dispositions et obligations de la «feuille route» qui restera une obligation américaine avec ou sans Bush…