La chronique littéraire Pour inaugurer cette nouvelle saison, je vous propose une sélection de livres qui font ou feront l'actualité dans les semaines à venir. Le journaliste Jean-Louis Servan-Schreiber publié chez Albin Michel Pourquoi les riches ont gagné. Depuis l'an 2000, nous assistons à une explosion de la richesse mondiale. Désormais, la planète compte 12 millions de millionnaires, dont 500.000 en France. Heureusement, malgré la crise, la pauvreté s'est en même temps réduite plus vite que prévu sur la planète. Selon lui, trois causes à cette progression spectaculaire des fortunes : d'abord, une forte croissance mondiale (sauf en Europe), ensuite la révolution numérique qui multiplie les jeunes millionnaires. Enfin, la domination croissante des financiers, maîtres du jeu de l'argent. Les riches ont gagné sur tous les tableaux, selon l'auteur : l'argent, l'influence politique et souvent le contrôle des médias. Et l'on ne voit pas venir ce qui pourrait s'opposer à leur pouvoir. Mais contrairement aux clichés, les Français ne détestent pas les riches et souvent les admirent. En même temps les inégalités s'accroissent et peuvent déstabiliser nos sociétés. Comment réduire cette fracture devient la question primordiale des vingt prochaines années. Pourquoi les riches ont gagné, de Jean-Louis ServanèSchreiber (Albin Michel) Le lancement de la collection « Plein Feu » aux Editions JC Lattès en novembre dernier a créé l'évènement. De jeunes auteurs, des petits livres plus petits encore que des poches, un prix de vente serré : tous les ingrédients pour faire de cette belle collection un succès ! Pour l'inaugurer, deux jeunes auteurs : Salomé Berlement-Gilles et Sébastien Manier. Dans son roman Argentique, Salomé Berlemont-Gilles évoque l'histoire de Juan. Juan habite un village de boue et d'ordures dans les montagnes mexicaines. Il a quinze, peut-être seize ans, et six frères qui s'appellent Juan eux aussi. Sept jours par an, lors de la Semaine sainte, les touristes débarquent dans de grands bus climatisés, bouleversant la vie du village. Les appareils photo crépitent. Forcent le silence des indigents. Juan refuse d'être un chien. Il a quinze, peut-être seize ans, et va partir. Là-bas, à Mexico, la ville où, croit-il, on peut tenter sa chance loin des flashs et de la misère. Portrait d'une errance, Argentique nous plonge sans fards dans l'effroi du tourisme moderne. Dans Une vie de petits fours, Sébastien Manier évoque, lui, l'histoire de Théophane Tolbiac. À Paris Théophane Tolbiac était un réalisateur prometteur, à Gueux où il s'est installé il y a deux ans, il n'est que le petit-fils d'une grand-mère fantasque. Lorsqu'il décide de se présenter aux élections municipales, il semble cumuler tous les handicaps. Il est le parachuté de la campagne, l'homme sans parti puissant, sans étiquette, le candidat le plus jeune dans une ville vieillissante. Mais Théophane Tolbiac aime les défis et se nourrit de ses contradictions : il est idéaliste et cynique, dévoré par l'ambition et le doute, certain de ne pouvoir l'emporter et espérant tout changer. Eric Neirynck revient avec une nouvelle qui va faire parler d'elle : 66 pages, paru chez Zeugme Editions. L'auteur belge est connu pour avoir publié Facebook mon amour, préfacé par l'écrivain français Grégoire Delacourt. Une très belle nouvelle à déguster sans modération ! * journaliste et éditeur