Chronique littéraire Depuis une semaine, les prix littéraires pleuvent sur Paris et suscitent toujours autant de joies, de peines et de commentaires. Le Goncourt, le plus prestigieux d'entre eux a couronné le roman populaire de Pierre Lemaitre. Au revoir là haut, qui a dépassé en quelques jours les 100.000 exemplaires vendus. Que dire de ce roman ? Pas grand-chose. Pour votre serviteur, il ne méritait pas forcément ce prix, peut-être parce qu'il ne nous semblait pas abouti. Notre choix s'était définitivement porté sur Arden, de Frédéric Verger, arrivé deuxième dans la lutte finale. Le Renaudot quant à lui a sacré Yann Moix avec son indigeste Naissance, lourd d'un bon 1200 pages. Heureusement, deux femmes sont venues apporter un peu de bonheur, avec un Femina largement mérité pour Léonora Mano et un Flore inattendu mais parfaitement justifié pour Monica Sabolo. C'est une grande joie pour la maison Lattès de voir que l'originalité et la grâce du roman de Monica Sabolo, «Tout cela n'a rien à voir avec moi», aient ainsi conquis le jury du Prix de Flore. A la fois drôle, folle, déchirante, cette fiction qui décortique un chagrin d'amour en s'appuyant tour à tour sur des photos, des échanges de SMS, des lettres et des descriptions magnifiques, nous semblait inaugurer un nouveau genre romanesque. Pari gagné ! C'est cela aussi, sans doute, que le Prix de Flore a voulu récompenser. Monica parle de son livre en disant que c'est «une démarche vaine, bien entendu, car rien ne permet d'achever l'étude d'un chagrin d'amour, ce désastre ordinaire qui relève du mystère, du châtiment divin ou simplement de l'étourderie». Juste après avoir appris que son roman venait d'obtenir le Flore, elle a dit être «tellement, mais tellement contente» de recevoir le prix. Une semaine folle qui a vu également la naissance, toujours chez Lattès d'une nouvelle collection, Plein feu. « Plein feu est une collection moderne, littéraire, qui s'accorde à notre époque tumultueuse. Elle propose des textes courts et engagés, tant sur le plan des idées que sur le plan formel, à un prix modique », explique Caroline Laurent, l'une des créatrices de cette collection, avec Anne-Sophie Stéfanini. Inspiré des «Feux de Paris» d'Aragon, son nom contient son projet : éclairer notre temps, notre monde, à travers la fiction. «Les jeunes écrivains y sont à l'honneur car ce sont eux qui portent le regard le plus juste, le plus féroce aussi, sur la société. Salomé Berlemont-Gilles et Sébastien Marnier, qui inaugurent la collection, en sont les meilleurs représentants», explique encore Caroline Laurent. Nous saluons cette initiative car, selon nous, elle répond à une vraie demande des lecteurs et sera sans nul doute, la pépinière des auteurs de demain.