Les prix littéraires en France s'activent ces derniers jours. Les plus canoniques, en l'occurrence le Goncourt, le Renaudot, Femina et Médicis, décernés récemment, ont primé des œuvres aussi différentes les unes que les autres. Le Prix Flore, décerné mercredi, le Prix Décembre, le Prix roman de l'Académie française, le Prix roman France Télévisions ou encore le jeune prix Virilo ont animé le débat littéraire dans l'Hexagone ces deux semaines. Tour d'horizon. Le Goncourt pour un inconnu ! Le plus prestigieux des prix littéraires français a été attribué à Alexis Jenni pour son premier roman «L'art français de la guerre» (Gallimard). Un livre entre Indochine et Algérie, qui questionne l'héritage des guerres coloniales. Professeur de biologie à Lyon, Alexis Jenni, 48 ans, a été choisi «au premier tour par 5 voix contre 3 à Carole Martinez» (ndrl : c'est Carole Martinez qui a remporté le Goncourt des lycéens pour son livre «Du domaine des murmures»). Après l'annonce des résultats, l'écrivain a avoué humblement à la presse française qu'il se considérait jusqu'ici comme «un écrivain du dimanche». Pourtant, l'écriture n'est point un nouvel exercice pour le lauréat du Goncourt. Il n'a pas cessé d'écrire depuis vingt ans. Des écrits qui n'ont jamais vu le jour. Il y a cinq, il entame la rédaction de «L'art français de la guerre». Une fois, l'entreprise achevée, il envoie son manuscrit à un seul éditeur, Gallimard. La magie opère et la célèbre maison d'édition accepte l'ouvrage, tout en demandant à son auteur de «couper cinquante pages». Vendu à plus de 56.000 exemplaires, «L'art français de la guerre» bien accueilli par les critiques, devrait normalement battre des records au niveau des ventes. Le Renaudot à Emmanuel Carrère Décerné à Emmanuel Carrère pour son roman «Limonov» (P.O.L), le Renaudot 2011 a préféré honorer un livre documentaire sur Edouard Limonov, idole underground sous Brejnev, clochard à New York, écrivain branché à Paris et fondateur d'un parti ultranationaliste en Russie. Choisi au 2e tour, Emmanuel Carrère a reçu une semaine après le prix de la littérature française à la foire du livre de Brive. Auteur d'une dizaine de romans traduits dans une vingtaine de langues, l'écrivain de 53 ans a déjà remporté le Prix Fémina en 1995 pour «La classe de neige». Pourtant, il affirme ne pas «avoir le sentiment d'appartenir à la famille d'écrivains qu'il admire le plus : celles des inventeurs de langues qui créent une langue qui leur est propre». Critique de cinéma, scénariste et réalisateur, Emmanuel Carrère n'a cessé de qualifier cette œuvre riche de «documentaire», vue la nature des sujets traités. Le Prix Fémina décerné à un journaliste C'est le journaliste Simon Liberati qui a remporté lundi 7 novembre le Prix Fémina 2011 pour «Jayne Mansfield 1967» (Grasset). Ce roman dresse le portrait de cette blonde plantureuse, sex-symbol brisé par Hollywood, qui rêvait de devenir star, mais finit en bimbo trash, avant de trouver la mort sur une route à 34 ans, le crâne broyé. Lauréat du Prix de Flore en 2009 pour son roman «L'hyper Justine» (Flammarion), Liberati livre un roman émouvant et touchant sur cette femme qui se rêvait rivale de la célèbre Marlin Monroe. D'ailleurs, l'écrivain commence son roman par une description clinique de l'accident. Ce roman qui conte la chute d'une bombe blonde a été bien reçu par les critiques et nous fait plonger dans l'univers hollywoodien des années 1960, où tout était permis... Le prix Médicis célèbre l'amour «Ce qu'aimer veut dire» (P.O.L), tel est le titre du livre qui a raflé le prix Médicis 2011. Son écrivain, Mathieu Lindon, y rend un hommage appuyé à son père, Jérôme Lindon, patron des Editions de Minuit et à son ami le philosophe Michel Foucault. Critique littéraire au quotidien Libération depuis 1984, Mathieu Lindon auteur de plusieurs romans a recueilli 5 voix au premier tour contre 4 voix à Charles Dantzig (auteur de «Dans un avion pour Caracas»). Connu des milieux littéraires français, les romans de Lindon ont souvent créé la polémique, notamment «Prince et Léonardours» édité en 1987 et où il racontait les viols subis par deux adolescents amoureux. Ce roman avait été menacé d'interdiction à l'époque par le ministère de l'intérieur. Defalvard, Frébourg, Bailly et les autres Le prix de Flore 2011 a été attribué mercredi à Marien Defalvard (19 ans) pour son premier roman «Du temps qu'on existait» (Grasset). Révélation de cette rentrée littéraire, le jeune écrivain succède au Marocain Abdellah Taïa, qui avait remporté ce même prix pour son livre «Le jour du roi». Le jury du Prix Décembre, lui, a couronné deux lauréats ex-aequo pour la première fois de son histoire, Jean-Christophe Bailly pour «Le Dépaysement : voyages en France» (Seuil) et Olivier Frébourg pour «Gaston et Gustave» (Mercure de France). Quant au Prix Roman France Télévisions, il a été décerné à la jeune romancière Delphine de Vigan pour «Rien ne s'oppsoe à la nuit» (Lattès). Enfin, le jeune Prix Virilo, pendant du prix Fémina, est revenu à Eric Chevillard et son roman «Dino Egger».