La BERD (Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement), forte de son expérience par son soutien aux pays de l'Europe de l'Est, arrive au Maroc pour appuyer la croissance économique du pays surtout au niveau du secteur privé. Le Maroc n'est pas le seul pays à bénéficier de l'apport de la BERD dans la région. La Banque sera active aussi en Tunisie, Egypte et Jordanie. L'institution prévoit une enveloppe de 2,5 milliards d'euros par an aux nouveaux «pays d'opération».La BERD entend agir pour le soutien de la diversification des activités économiques et industrielles et le soutien de la PME marocaine. L'institution européenne a, d'emblée, précisé que les prêts seront accordés conformément aux taux du marché. Il n'y aura pas de prêts bonifiés pour ne pas entrer en concurrence avec le secteur privé, ont précisé les responsables de la BERD. La banque, qui vient d'ouvrir son bureau de représentation à Casablanca, a animé un débat, lundi, dans la capitale économique du royaume, sous le thème générique : « Favoriser la croissance et l'investissement pendant la transition ». Une rencontre qui a vu la participation de nombre d'officiels et de représentants du secteur privé. Mats Karlson, directeur du centre de Marseille pour l'intégration de la Méditerrané, a dit que d'après ce qu'il a vu au Maroc, il ne s'agit pas d'une réelle transition comme laisse entendre l'intitulé de la rencontre, mais plutôt, une démarche pour assurer la continuité des progrès réalisés au le Maroc politiquement et économiquement. Aujourd'hui,, selon Karlson, il va falloir penser à stimuler une réelle transition sociale dans le sens d'établir une réelle cohésion sociale. L'orateur a insisté sur « l'économie de la connaissance » qui s'établirait, selon lui, sur le développement concret des domaines de l'éducation, de l'informatique et des médias Latifa Chihabi, DG de l'ANPM, lors de la table ronde consacrée à la PME et la TPE, a notamment souligné la sous-capitalisation de la PME. Malgré l'existence d'un secteur bancaire marocain fort et mature, la PME reste incompétente financièrement. Ceci s'explique par le fait que le rating bancaire marocain tient compte notamment de critères qualitatifs et c'est dans ce sens qu'elles sont incapables d'opérer puisqu'il existe un réel problème de transparence financière chez la PME. Il est aussi question de la nécessité d'un capital-risque pour assurer le développement et le «grossissement» des PME et TPE. L'autre grand problème est celui de l'informel. Les intervenants de la table ronde ont exprimé qu'il existe des TPE et PME de haute rentabilité mais qui restent dans l'ombre de l'activité informelle, il faudra donc accompagner ces sociétés pour rejoindre le secteur formel et bénéficier de l'accès au financement pour évoluer. Le secteur agroalimentaire est considéré comme secteur clés au Maroc mais dont la contribution au PIB demeure encore très faible, au regard d'une production agricole qui représente 15% du PIB. Ce qui laisse entrevoir un grand potentiel de croissance. D'où la nécessité de revaloriser le produit agricole marocain pour, à la fois, assurer une sécurité alimentaire interne et doper les exportations. L'un des points débattus lors de cette table-ronde, figure l'atomisation de la propriété foncière. Pour Amine Berrada Sounni, président de la FENGARI, la nature de la production agricole pose aussi un problème, la plus grande partie de la production marocaine est incompatible avec l'industrie agricole. La fiscalisation présente, pour sa part, une étrange incohérence puisque l'écart fiscal entre l'agriculture et l'industrie agroalimentaire s'établit à 20%, ce qui n'encourage pas l'industrialisation. Et c'est dans ce sens là qu'on pourrait bénéficier de l'expérience de la BERD.