Il y a deux années, le 2 décembre 2011, Simon Lévy rendait l'âme à Rabat à l'âge de 77 ans, après toute une vie entièrement consacrée au militantisme pour l'émancipation tous azimuts du Maroc. Simon Levy était à lui seul tout un symbole de la diversité culturelle du Maroc. Ce parcours militant, Simon Lévy l'a d'abord commencé sur les bancs de l'Université en intégrant la tendance communiste mouvement estudiantin pour exiger, dès les années 50, l'indépendance du Maroc, avant de continuer son combat dans les rangs du Parti communiste marocain et de l'Union marocaine du travail. Farouchement attaché à son identité judéo-marocaine, ce natif de Fès a dirigé le musée du judaïsme marocain de Casablanca, l'unique musée juif du monde arabo-musulman. Antisioniste notoire, il était aussi connu pour sa défense inlassable de la cause palestinienne. Militant au sein du parti communiste marocain, depuis 1954, il a été élu conseiller municipal de Casablanca (1976-1983) sous la bannière du Parti du progrès et du socialisme (PPS), héritier légitime et prolongement du PCM. Grand activiste aussi dans le domaine socio culturel, il s'occupera du secteur social et culturel qui créa nombre bibliothèques de quartier, et centres de formation professionnelle. Grand historien, il est l'auteur de plusieurs ouvrages et écrits sur la Guerre du Rif et sur la linguistique et le judaïsme au Maroc, sans compter ses nombreuses contributions dans les journaux locaux, et particulièrement ceux de son parti de toujours, dont le quotidien Al Bayane au sein duquel il participa pendant plusieurs années à la rédaction, après avoir été rédacteur en chef des hebdomadaires du PCM, «La Nation» et «Al Jamahir». L'engagement moral de l'homme aux cotés des peuples opprimés et en faveur des causes nobles ont conduit le défunt à se positionner dès le départ contre le sionisme et à choisir le camp des opprimés en militant ardemment pour la défense et la préservation des droits inaliénables du peuple palestinien. A travers cette position qui lui a valu l'estime, le respect et la reconnaissance sur les scènes nationale et internationale, Simon Levy a su cristalliser les valeurs fondatrices du judaïsme marocain, profondément attaché à l'identité nationale et aux idéaux de la justice, de l'équité et de l'humanisme. Sur ce plan, le défunt qui a couronné ses actions par la création du musée du judaïsme marocain de Casablanca, a su fédérer l'ensemble des composantes de la communauté juive marocaine à travers le secrétariat général de la communauté juive de Casablanca, assurée depuis 1977, et par la suite, la Fondation du Patrimoine judéo-marocain qu'il a dirigé depuis 1998. La mort de l'homme est certes une énorme perte, mais les valeurs nobles auxquelles il a contribué tout au long de ses 77 ans le garderont éternellement dans la mémoire.