Le HCP tire la sonnette d'alarme. Le phénomène du harcèlement sexuel à l'égard des femmes ne cesse de prendre l'ampleur. Et le plus grave, selon cette institution, c'est la violence sexuelle, ou rapport sexuel forcé. Le département d'Ahmed Lahlimi souligne dans son enquête que cet acte de violence concerne près de 38.000 victimes, soit un taux de prévalence de 0,4%. Près de 8,7% des femmes âgées de 18 à 64 ans (827.000 femmes) ont été exposées, au moins une fois, à un acte de violence sexuelle avec attouchement au cours des 12 mois précédant l'enquête nationale sur la prévalence de la violence à l'égard des femmes réalisée par le Haut-commissariat du plan (HCP) en 2009. Ce taux est de 9,8% en milieu urbain et de 7,1% en milieu rural, indique le HCP dans son enquête publiée à l'occasion de la Journée Mondiale de lutte contre la violence à l'égard des femmes qui coïncide avec le 25 novembre de chaque année. Dans sa forme la plus grave, à savoir le rapport sexuel forcé, cet acte de violence concerne près de 38.000 victimes, soit un taux de prévalence de 0,4%, précise l'enquête. Dans le domicile conjugal, le taux de prévalence des violences sexuelles avec attouchement a touché 6,6 % des femmes, soit 444.000 femmes. D'où la nécessité de la promulgation d'une loi luttant contre ce phénomène. Pour l'heure, les parlementaires ne voient pas d'un bon œil le projet de loi 103-13 relatif à la lutte contre la violence à l'égard des femmes, initié par le Ministère du Développement Social de la famille et de la solidarité Dans une déclaration au journal Al Bayane, Rachida Tahiri, députée du PPS à la première chambre a affirmé : «Nous ne voulons pas que le projet de loi 103. 13 soit des ‘'morceaux à ramasser'', mais une vision. Nous aimerons qu'il y'ait une sensibilisation qui accompagne cette loi et qu'elle ne soit pas perçue uniquement comme une loi qui prohibe uniquement la violence à l'égard des femmes, mais comme un texte qui protège citoyens et citoyennes. La première mouture de ce texte de loi n'a pas été adoptée. Elle n'est composée que de quelques dispositions amendées, alors qu'il s'agit-là d'un chantier de premier ordre. Il faudrait une vraie sensibilisation pour corriger les fausses idées relatives à cette loi, mais aussi qu'elle fasse partie intégrante du code pénal.» Il est à signaler que 45,1 % de ces actes concernent des pratiques sexuelles imposées par l'époux et non désirées par la femme, soit 415.000 femmes. Dans les autres cadres de vie, autres que le domicile conjugal, 15.000 filles ont été touchées par cette forme de violence dans les établissements d'enseignement et de formation, soit un taux de prévalence est de 4,4 %, 372.000 femmes dans les lieux publics, soit un taux de 3,9 %, 32.000 femmes dans les lieux de travail, soit un taux de 1,8%, et 64.000 femmes dans le domicile familial, soit un taux de 0,7%. Si on ajoute également les femmes qui ont subi des actes à caractère sexuel mais sans attouchement (femme suivie dans la rue, etc.), le taux de prévalence de la violence sexuelle (avec ou sans attouchement) atteint 25,5%, soit une femme sur quatre (2.433.000 femmes). Il est de 31,7% dans les villes (1.803.000 femmes) et de 16,4% dans les campagnes (630.000 femmes). Il est à signaler que les femmes les plus touchées par les violences sexuelles, avec ou sans attouchement, sont les jeunes de 18 à 24 ans (40,7%, soit 763.000 femmes), plus particulièrement celles, parmi cette tranche d'âge, qui poursuivent encore leurs études (avec un taux de prévalence de 64,1%), ou célibataires (53,9%), ou ayant un niveau d'enseignement supérieur (67,6%).