Le Groupe des «5 + 5», réuni à Rome, a décidé de changer de dénomination. Désormais, il s'appellera le « Groupe des 10» et restera composé des 10 pays, cinq maghrébins (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Mauritanie) et cinq européens (France, Espagne, Portugal, Italie et Malte). Les ministres des Affaires étrangères des dix pays ont convenu lundi, à l'issue de leur réunion, de tenir la prochaine session en Mauritanie. Les chefs de la diplomatie de cet ensemble ont fait le point, décidé de capitaliser le bilan positif de plus de 20 années d'existence de ce forum régional et de passer à une autre vitesse. Sous le signe d'une «'unité renouvelée» et à la lumière des mutations dans la rive sud mais également à la donne économico-sociale du nord méditerranéen, l'approche classique a été quelque peu écartée. Les soucis sécuritaires des pays européens (immigration clandestine, trafic de drogue et terrorisme) semblent dissipés par les résultats tangibles obtenus en la matière, tout particulièrement au Maroc, où les projets d'immigration sont drastiquement réduits et concernent beaucoup plus les subsahariens en transit dans le royaume. Par contre, face aux difficultés économiques dans le vieux continent, le flux se serait inversé et ce sont les chercheurs d'emplois européens qui s'orientent vers l'espace maghrébin, tout particulièrement vers le Maroc, où, selon des sources officieuses, «des milliers d'Européens, notamment français, sont assimilables à des «émigrés clandestins». En tout cas, la nouvelle approche prône « des actions collectives et solidaires pour soutenir les transitions démocratiques et favoriser la relance économique dans la région». La place du Maghreb a été hautement soulignée pour «le renforcement et l'approfondissement du partenariat euro-méditerranéen et dans la construction d'un espace de paix, de sécurité, de solidarité et de prospérité dans la région». La Déclaration finale s'est félicitée des résultats de la dernière réunion tenu e à Rabat par les ministres des Affaires étrangères de l'Union du Maghreb arabe, et pris acte «avec satisfaction de la relance du processus d'intégration régionale, ainsi que de la revitalisation de toutes les instances de l'Union». La réunion de Rome a souligné également «l'importance du dialogue entre l'UMA et l'Union européenne et de son approfondissement, plaidant en faveur d'une régularité des rencontres entre les deux parties». Les ministres des «Dix» ont réitéré également, dans le cadre de la lutte contre les effets de la crise économique qui touchent particulièrement les couches les plus vulnérables de la société, leur engagement à conjuguer les efforts pour stimuler la création d'emplois et lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale. Ils se sont engagés aussi à consentir les efforts nécessaires pour réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Sur le plan politique, les ministres ont appelé la communauté internationale à soutenir les mutations démocratiques dans la rive sud, dont ils se sont félicités. Pour eux, «les changements historiques» que certains pays ont connus et les réformes démocratiques entreprises dans d'autres, permettront «la consolidation du cadre du dialogue 5+5 et le développement des activités de coopération entre les pays qui en font partie». Selon la déclaration finale, «Ces mutations démocratiques dans la région auront besoin de l'appui de toute la communauté internationale pour permettre aux gouvernements de transition ou issus des urnes de mener à bien le processus démocratique». Cela passe par «la reprise du développement économique et de la création de nouveaux et nombreux emplois». Pour cette fin, ils ont affiché la volonté de «poursuivre et intensifier la coopération économique et financière dans la région afin de garantir les conditions nécessaires au succès du processus démocratique engagé dans les pays du sud du dialogue 5+5». Pour le ministre des affaires étrangères et de la coopération, il y a «nécessité d'un partenariat équilibré et mutuellement avantageux entre les pays des deux rives de la Méditerranée pour relever les défis auxquels fait face la région». Saâd Eddine El Othmani a insisté sur la nécessité de reconsidérer les solutions retenues pour des questions comme la migration, la sécurité ou le développement. Le ministre a observé, en particulier, que la migration ne se fait plus seulement du Sud vers le Nord, mais également du Sud vers le Sud et même du Nord vers le Sud.