Le code de la presse doit être réactualisé dans le sens de l'adapter aux dispositions de la nouvelle Constitution marocaine concernant la liberté d'opinion et d'expression et le droit d'accès aux sources de l'information et à son obtention, ont estimé les participants à une rencontre, initiée vendredi à Rabat par des acteurs des droits de l'Homme et des médias. Organisée sous le thème «vers une nouvelle loi des médias au Maroc» : regards croisés” par Media Diversity Institute (MDI), le Centre marocain des études et recherches dans le domaine des droits de l'Homme et des médias et la Fondation allemande Hanns Seidel, cette table ronde a été l'occasion de passer en revue les difficultés que vit la profession depuis des décennies, en raison notamment du manque d'un code compilant tous les textes traitant du secteur. Pour Ali Karimi, président du Centre marocain des études et recherches dans le domaine des droits de l'Homme et des médias, le grand problème du secteur réside dans le déphasage entre les grands principes énoncés dans la Constitution et les textes d'application. Pour preuve, a-t-il dit, les recommandations des premières assises nationales de la communication et de l'information de 1993 n'ont pas été mises en œuvre notamment en matière en libéralisation de l'audio-visuel et révision du cadre juridique régissant la profession. Pour ce qui de la révision de 2002 du code de la presse, elle a omis de tenir compte de l'esprit libéral de la loi fondamentale de 1958 en donnant à certaines pratiques bureaucratiques le caractère de règles de droit pour empêcher la publication de journaux d'orientation gauchiste et radicale. Et M. Karimi de s'interroger sur l'opportunité de continuer d'appliquer un code de la presse en déphasage avec les mutations en cours dans la région maghrébine, qui vit à l'heure des mutations provoquées par les soulèvements populaires sans précédent et des nouvelles dispositions de la Constitution de 2011 au Maroc qui a changé la donne. Il est temps de réviser ce texte et cesser d'appliquer aux journalistes les dispositions du Code pénal, a-t-il affirmé, ajoutant qu'il est peut être opportun de créer au sein des tribunaux des chambres spécialisées dans les affaires de la presse. Dans le même ordre d'idées, le secrétaire général du syndicat du personnel de 2M (UMT), Mohamed El Ouafi, a estimé que les peines privatives de liberté contenues dans l'actuel code constituent une entorse devant l'exercice de la profession, appelant pour sa part à l'adoption d'un nouveau code de la presse garantissant l'accès à l'information. D'autres intervenants ont plaidé pour la suppression des peines privatives de liberté contenues dans l'actuel code et à la démocratisation du secteur.