A moyen et long termes, la croissance économique du Maroc dépendra de sa capacité à résorber les déséquilibres. Mais, il y a cette question: le Maroc est-il suffisamment armé pour faire face à un environnement devenu fortement hostile à l'échelle mondiale ? Le HCP, le conjoncturiste officiel, revient à pareille période sur ses prévisions de croissance et annonce, pour l'année 2012, un taux de croissance de l'économie nationale de l'ordre de 4,1% versus 4,8% en 2011. Cette révision à la baisse s'expliquerait, selon Ahmed Lahlimi, le patron du HCP, par la baisse prévisible de 2,2% de la valeur ajoutée agricole. Hypothèse optimiste, on peut dire, en ce sens que le maintien de la croissance provient essentiellement de l'apport du secteur non agricole. «Les activités non agricoles s'accroîtraient globalement de 4,9%», affirmait M. Lahlimi, lors d'un point de presse, mercredi soir à Casablanca. Encore une fois, c'est la consommation intérieure qui continuerait à tirer la croissance. Dans une note de synthèse distribuée à la presse, le HCP indique que «la consommation des ménages s'accroitrait de 5% en volume, celle des administrations publiques de 2% et la formation brute de capital fixe (FBCF) de 6%. Ainsi, la contribution de la demande intérieure demeurerait globalement élevée, avec 5,4 points de croissance en 2012 au lieu de 4,8 points en 2011». Sauf que cette croissance, vulnérable et fortement consommatrice d'épargne, pousse le HCP à s'interroger : « Quelle soutenabilité pour un modèle de croissance économique tiré par la demande intérieure ?» Car, faute d'exportation et de réserves financières suffisantes, l'économie marocaine présente aujourd'hui plusieurs faiblesses. A commencer par le déficit budgétaire, provenant pour l'essentiel du soutien des prix à la consommation; du déficit de la balance des paiements – nos importations progressent plus rapidement que nos exportations, et de l'insuffisance de nos réserves de changes. Pour M. Lahlimi, «La question qui se pose pour le Maroc est celle de la problématique de financement de l'économie qui doit être ainsi au cœur des préoccupations de notre pays. La capacité de financement de l'économie s'est détériorée étant donné que le taux de couverture des investissements par l'épargne, qui représentait plus de 109% en 2006, ne dépasse pas aujourd'hui 80%». Et comme on pouvait s'y attendre, a force de multiplier les prêts pour financer les investissements, la dette s'accumule -plus de 52% du PIB de nos jours- les finances publiques vont encaisser le coup. Loin d'en déduire que l'économie marocaine manquera du ressort, mais les perspectives s'annoncent très difficiles. Dans sa présentation devant la presse, Le Haut commissaire au Plan a bien souligné le caractère gravissime de la crise en Europe. Financière au départ, puis économique, la crise mondiale est devenue sociale. M. Lahlimi a reconnu que dans le contexte actuel de crise, avec sa cascade de risques qu'elle provoque, c'est «le capital financier international qui a fini par imposer une austérité de fer aux pays en difficultés». M. Lahlimi a tenté, au cours du point de presse, de faire le point sur les perspectives qui attendent l'économie marocaine. Il constate l'aggravation des déficits, le dérapage des dépenses publiques, mais aussi l'envol du taux d'inflation (supérieur à 2% au lieu de -1% en 2011), mais ne se prononce pas sur le « comment rétablir les équilibres budgétaires ». Ce n'est pas son rôle, convenons-en. Cette mission appartient à BAM, au Parlement et au Gouvernement.