L'indexation du prix des produits pétroliers sur le cours mondial entrera en application au cours des tout prochains jours, en toute vraisemblance à partir du 16 septembre. Le Chef du gouvernement a signé le décret se rapportant à ce sujet. Il s'agit d'une indexation dite «partielle» par opposition à une indexation «totale». En quoi consisterait cette technique ? Quels en seraient les effets sur la pouvoir d'achat de la population et sur la compétitivité des entreprises ? Il faut préciser au préalable que l'indexation envisagée portera sur l'essence, le gasoil et le fuel à usage industriel. Le gaz butane s'en trouvera par conséquent exclu en attendant des «jours mauvais» ! Pour ce qui est de l'indexation partielle, elle s'appliquera dans un intervalle de temps de 15 jours (le 1er et le 16 du mois) dès lors que le cours du baril dépasse le prix de référence arrêté par la loi de finances, à savoir 105 $ le baril pour l'année 2013, ou descend en dessous de ce plafond. Autrement dit, l'indexation s'exerce en principe à la fois dans le sens de l'augmentation des prix et de la baisse, sachant que cette deuxième possibilité (celle de la baisse) se produit rarement. L'indexation partielle ne supprime donc pas la subvention telle qu'elle a été votée dans la loi de finances. Elle vise tout simplement à la contenir dans ses limites et ce afin de maîtriser davantage le déficit budgétaire. Mesure d'autant plus importante et préventive lorsqu'on sait qu'une augmentation du cours du baril de 1 $ se traduit par des dépenses supplémentaires de 600 millions DH au niveau de la compensation !! Imaginons le coût additionnel pour le budget de l'Etat avec le cours du baril qui dépasse 115 $ à l'heure où nous écrivons ces lignes. Pour ce qui est de l'application concrète de l'indexation, elle posera à coup sûr des difficultés et suscite des interrogations sur sa pertinence dans la mesure où il y a nécessairement un décalage dans le temps plus ou moins important, selon les stocks disponibles, entre le moment de l'achat et le moment de la vente. La société de transformation du pétrole, en l'occurrence la SAMIR, va réaliser ce que l'on appelle «une rente du producteur» : vendre au nouveau prix un produit acheté auparavant à un prix inférieur. De même, et c'est une pratique bien courante, les prix de référence internationaux ne sont jamais les prix réels. Ces derniers font l'objet de tractations et sont souvent inférieurs aux prix annoncés sur les places internationales. Nous sommes là en face de difficultés réelles. Ceci étant, reste à savoir les retombées de ces ajustements des prix des carburants à la fois sur les ménages et les entreprises. Tout dépendra de l'ampleur de l'augmentation du baril sur le marché mondial. Si les cours resteront cantonnés dans la fourchette 105-115 $, l'augmentation peut être supportée et digérée même difficilement. Sachant que notre tissu productif demeure fragile et perd des points en matière de compétitivité. Mais dans l'hypothèse pessimiste où le cours du baril s'envolerait pour dépasser la barre des 115 $, voire atteindre la barre de 150 $ comme le prévoient déjà certains centres de prévision dans le cas d'une attaque armée contre la Syrie, alors là, l'indexation sera mortelle à la fois pour l'entreprise et pour le consommateur. Il faudra s'orienter vers d'autres solutions et opter pour un «prix politique» du pétrole... Face à une situation exceptionnelle, il faudra nécessairement des mesures exceptionnelles. En tout état de cause, le gouvernement se doit de traiter les problèmes dans leur globalité au lieu de les traiter par à-coups et de continuer à jouer au pompier : attendre d'abord que le problème arrive pour le traiter dans la précipitation. Gouverner, c'est prévoir, on ne le répétera jamais assez... *Membre du Bureau Politique du PPS et Professeur à la FSJES Rabat Agdal