Région Souss Massa Drâa Le calvaire des entreprises de construction dans la région Souss Massa Drâa n'a pas encore entrevu le bout du tunnel. Le secteur de l'enseignement semble être leur bête noire, depuis que l'académie régionale de l'éducation et de la formation met trop de temps pour honorer ses paiements à leur égard. Ces retards de plus de deux, voire trois ans pour certaines entreprises, finissent par exacerber ces victimes d'interminables atermoiements et de multiples promesses dont la dernière en date faisait état d'un délai de dix jours, fixé par le directeur de l'académie, lors d'une réunion tenue, en pleins pourparlers de redressement de situation. Aujourd'hui, les entrepreneurs en ont ras-le-bol de ces affabulations qui n'en finissent pas, alors qu'ils sont au bord de la banqueroute. Ils n'ont plus de quoi payer leurs employés qu'ils sont contraints de licencier. Ils sont peu crédibles aux yeux des fournisseurs et des banques, fort contrariés face à leur déchéance. Ils se trouvent dans l'obligation de vendre leur matériel pour joindre les deux bouts... Leurs souffrances ne sont pas du tout à leurs limites, puisqu'aucune lueur de délivrance ne leur paraît entrouverte, devant l'indifférence et l'insouciance de leur interlocuteur, parti en congé, en pleine période estivale et à la veille de la fête de la rupture du carême. Au bout de leur patience, les entrepreneurs, conduits par leur coordination régionale, ont organisé, mardi dernier à la chambre de commerce, d'industrie et de services d'Agadir, une rencontre de concertation à laquelle ont pris part Yacine Ghanmouni, président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), section du Souss Massa Drâa, Abdellatif Abid, président régional de la Fédération nationale du bâtiment et des travaux publics, et Mohamed Mouden, vice-président de la Chambre de commerce, d'industrie et de services d'Agadir (CCIS). Cette réunion a été l'occasion pour les uns et les autres d'examiner les nouveaux développements de cette problématique qui ne cesse d'empirer, au fil des jours. «Si l'académie prétend qu'il n'y a pas de liquidité pour payer ces entreprises, pourquoi alors engager les marchés ? Il s'agit donc bel et bien d'un problème de gestion !», selon le président régional de la CGEM, qui ajoute que la présidente Meriem Bensalah avait affirmé devant le ministère de tutelle que la responsabilité incombe à «celui qui signe!». Plus de 127 millions de DH ne sont pas encore remis aux entrepreneurs, alors que les travaux de construction d'établissements scolaires sont déjà exécutés, il y a belle lurette. A cette cadence, on en sera à plus de 250 millions de DH, car nombre de chantiers sont en cours d'accomplissement. «Il y a lieu de se demander pourquoi c'est uniquement la région Souss Massa Drâa qui connait un tel sort, alors que ce n'est pas du tout le cas dans d'autres régions du royaume ? C'est insensé ! Les autres académies, d'où cherchent-elles des fonds pour payer les entreprises, si le manque de crédits émane du département des finances, comme le laisse entendre l'académie de SMD ? Aucune réception ne devrait être effectuée et il faudrait procéder immédiatement à l'arrêt du travail avec cette académie, puisqu'elle se montre irresponsable et peu coopérative, non seulement dans votre cas, mais dans nombre de dossiers qui nous lient. Il est donc impératif de garder la pression pour mettre un terme à ce jeu chronique. Pour ce faire, il va falloir traiter les paiements en groupe pour constituer un bloc solide», dira le vice-président de la CCIS à l'assistance. Il est à rappeler que Bouchaib Benhamida, président de la FNBTP avait déjà transmis une correspondance au ministère de l'Education nationale, en date du 5 août, expliquant la gravité de cette situation qui touche plus de 80 entrepreneurs à travers la région du Souss Massa Drâa et les retombées fâcheuses sur leurs employés, les familles et tout l'entourage. Sans suite, jusqu'à présent. Le wali de la région Souss Massa Drâa a été récemment saisi de ce retard de paiement aux entreprises du BTP, en date du 30 août, et de ses «conséquences désastreuses, pouvant conduire à la mise à l'arrêt de ces entreprises avec notamment des licenciements des salariés sans même pouvoir les indemniser». Au cours de son intervention, le président régional de la FNBTP a surtout mis l'accent sur les mesures à entreprendre dans l'avenir pour mettre fin à cette situation critique, en particulier une audience avec le directeur de l'académie, avec le Wali, tout en gardant le sang froid et restant mobilisés. La réunion s'est donc achevée sur ce ton de mobilisation. La livraison des établissements ne sera alors effectuée que si le plan de paiement est précisé d'une manière solennelle et sans équivoque, en présence de ces responsables.