Espagne Les grands quotidiens espagnols d'audience nationale ont consacré, mercredi, leur Une aux préparatifs pour une opération militaire contre la Syrie. Le grand intérêt accordé à la situation au Proche-Orient démontre la volonté de vouloir reléguer à un second plan les grands problèmes auquel est confrontée l'Espagne. En témoigne la grande superficie rédactionnelle réservée à la question syrienne comme s'il s'agissait d'une cause nationale. L'Espagne, qui n'a pas été invitée à faire partie d'une nouvelle coalition militaire internationale sous le commandement américain, donne l'impression qu'elle est aussi concernée par la crise dans le monde arabe. Les quotidiens veulent à travers la publication de commentaires, chroniques et scenarios militaires placent indirectement l'Espagne parmi les acteurs impliqués dans le conflit syro-syrien. Au moment où les forces politiques d'opposition tentent de forcer le président du gouvernement Mariano Rajoy à se présenter au Parlement pour expliquer l'implication de son parti dans la trame de corruption, les salaires complémentaires et l'enrichissement illicite de certains de ses membres, les medias sont en train de préparer l'opinion publique à «une guerre contre la Syrie». Ce qui est étonnant dans une lecture des principaux quotidiens madrilènes est l'attitude des journalistes de vouloir se substituer aux hommes politiques. Ils meublent leurs commentaires sur les préparatifs d'une «imminente frappe» contre la Syrie, de détails sur les forces à mobiliser et sur le timing de l'opération militaire à mener contre ce pays. Sous le titre «Les leçons de la Libye», el Pais parle d'une «attaque sélective contre la Syrie» qui sera menée par Washington avec l'appui d'une «coalition de volonté». Selon le journal, les conclusions tirées de l'exemple libyen recommandent à «se faire accompagner d'associés islamiques (Arabie Saoudite, Jordanie, Qatar et Turquie) pour éviter que ne soient faites des lectures de confrontation entre civilisations». ABC, qui titre «imminente frappe de l'Occident contre la Syrie», prévoit «une alliance militaire avec trois géants militaires et sept boucliers». Selon ce journal pro-gouvernemental, «le compte à rebours a commencé et la première préoccupation de l'administration américaine est de garantir une frappe punitive contre des objectifs à l'intérieur de la Syrie sans provoquer de victimes au sein de l'alliance». Analysant la composition de la réunion réunissant en Jordanie les chefs militaires des dix pays de l'alliance, ABC qualifie les Etats-Unis de «leader indiscutable» parce que le président Obama «a le pouvoir de décider de mener des raids aériens sans besoin d'un aval du Congrès». Pour mener son action contre la Syrie, poursuit le journal, les Etats-Unis disposent de quatre destructeurs en Méditerranée, équipés de missiles de croisière Tomahawk, ainsi que des bases aériennes en Turquie, des vaisseaux amarrés dans un port aux Emirats Arabes Unis et un porte-avion dans l'Océan Indien. La France compte de nombreuses frégates porte-hélicoptères en Méditerranée ainsi que des avions stationnés à Djibouti et à Abou Dhabi, note ABC qui observe que le Royaume-Uni est prêt à mettre à la disposition de l'alliance un sous-marin équipé de missiles de croisière alors que la Turquie sera «un allié à la défensive». ABC qualifie d'autre part les pays du Golfe de «figurants» lorsqu'il parle de la participation au «sommet des chefs militaires d'Amman» venus d'Arabie Saoudite, de Qatar et des Emirats arabes Unis. «Les trois pays arabes appuient l'action punitive contre la Syrie de la part de l'Occident», soutient le journal. El Mundo signale de son côté que les Etats-Unis «ne cherchent pas la chute du président Al Assad». Obama se prépare à «ordonner une attaque contre les arsenaux et bunkers syriens avec le soutien du Royaume-Uni, de la France et de la Turquie», révèle le journal notant que le Pentagone compte lancer une «opération - éclair» pour éviter surtout le danger de s'impliquer davantage dans la guerre civile syrienne. Enfin, le quotidien La Razon annonce en première page «une attaque imminente» contre la Syrie et insiste sur l'utilisation de missiles lancés à partir d'unités navales en Méditerranée. L'armée américaine «attend seulement un ordre de la part d'Obama», écrit La Razon.