Le 9 février 2012 est une date à marquer d'une pierre blanche. L'usine Renault Tanger vient d'être officiellement inaugurée, en présence du souverain et du top management du premier constructeur automobile français. Un événement de taille qui donne un sens à «l'Emergence industrielle» du Maroc, en Méditerranée. Cela fait des jaloux, sans le moindre doute, aussi bien dans l'hexagone que tout près de chez nous. Qu'importe ! Le Maroc vient de damer le pion à nombre de ses détracteurs. Le Maroc industriel vient de renaître de ses cendres. Et c'est essentiel. L'Usine de Renault Tanger sera le premier site de production des voitures low-cost du constructeur français, pas seulement en Méditerranée, mais dans le monde. Pour une première, ce fut surtout une grande réussite sur le plan écologique. L'usine a été conçue et construite sur un modèle «totalement vert», dans le strict respect des normes environnementales. Au-delà, cette prouesse ouvre de larges perspectives. Le Maroc a su rassurer les investisseurs internationaux en maintenant ses ambitieux objectifs inscrits dans sa stratégie «3M» (traduisez -Métiers Mondiaux du Maroc- dans l'automobile, l'aéronautique, l'offshoring, l'électronique, etc.) La présidence de la cérémonie officielle d'inauguration par S.M. le Roi Mohammed VI traduit l'importance accordée à cette belle réalisation, compte tenu de ses effets bénéfiques sur l'économie marocaine, en termes de création d'emplois, de création de valeurs à forte teneur technologique, de multiplications des investissements… l'usine de Renault-Nissan Tanger contribuera à l'amélioration de la balance commerciale du Maroc, à travers une augmentation annuelle de la valeur des exportations du secteur automobile de plus de 38,5 milliards DH, soulignait le ministre de l'Industrie, du Commerce et des nouvelles technologies, Abdelkader Aâmara, dans un exposé devant le Souverain, lors de la cérémonie d'inauguration. Elle permettra la création, à l'horizon 2015, de 6.000 emplois directs et 30.000 emplois indirects, selon le ministre. Outre le transfert de technologies, ce projet a permis au niveau des investissements de drainer de nouveaux équipementiers de renommée internationale, dont l'investissement prévisionnel est estimé à 1,27 milliard d'euros, a noté M. Aâmara, précisant que 13 équipementiers se sont implantés pour la première fois au Maroc et devront générer quelque 1.750 postes d'emploi. Au volet compétences et formation professionnelle, quatre instituts de formation dans les métiers de l'automobile à Tanger, Kénitra et Casablanca, ont été créés dans la perspective de répondre aux besoins en compétences et d'accompagner le développement de ce secteur. Carlos Ghosn, P-DG de l'alliance Renault-Nissan, ne cache pas sa fierté. la nouvelle usine de Melloussa sera la plus grande usine automobile au sud de la Méditerranée, en Afrique et dans le monde arabe, a-t-il indiqué dans un exposé présenté devant SM le Roi Mohammed VI, à l'occasion de l'inauguration officielle du site. « Avec une capacité de production initiale de 170.000 véhicules par an que nous doublerons dés mi-2014, et un investissement total d'un milliard d'euros, la nouvelle usine jouera un rôle essentiel pour soutenir le développement de nos ventes dans le monde , a-t-il ajouté, précisant qu'à terme, l'usine de Tanger pourrait atteindre une capacité de production maximale de 400.000 véhicules par an. Ce projet d'envergure, qui va permettre de relayer notre usine roumaine de Pitesti arrivée à saturation et d'élargir l'offre de notre plateforme d'entrée de gamme, à commencer par le monospace « Lodgy », va surtout devenir une pièce maitresse pour poursuivre le succès mondial ». A la crainte, suscitée chez les syndicats en France, d'assister à un effondrement des ventes de voitures de fabrication française Carlos Ghosn rassure : chaque voiture fabriquée à Tanger «rapportera 800 euros à la France parce qu'il y a 400 euros de pièces livrées depuis la France et 400 euros d'ingénierie» dans l'Hexagone. Le message ne risque pas de ne pas passer. Le ministre français de l'Industrie, Eric Besson, a tenté cette explication: «On ne peut pas être une entreprise mondiale et ne pas aller à l'étranger. Nos constructeurs contribuent à notre commerce extérieur».