Le 15 juillet dernier, une proposition de loi a été présentée devant le parlement en vue de lutter contre le racisme. Celle-ci aspire essentiellement à sanctionner toute forme de racisme et ce, de toute catégorie confondu. Le texte consiste alors à punir la «dite» discrimination d'une peine de prison ferme de 3 mois à 2 ans, et/ou d'une amende de 10 000 à 100 000 dirhams. La Chambre des représentants devrait traiter et débattre le projet déposé, durant les prochaines semaines. Au cours de dix dernières années, l'Union européenne a solidifié ses contrôles au niveau des frontières et externalise de plus en plus sa politique migratoire. Représentant un pays de transit pour les migrants qui se déplacent vers l'Europe, le Maroc est devenu entre-temps une destination par défaut ou encore une destination obligée. Les sub-sahariens circulent de plus en plus dans les villes du royaume. A Casablanca, comme dans la majorité des plus grandes villes mondiales moyennement développées, l'avènement des clandestins africains, est en pleine expansion. On les retrouve dans nos écoles, au sein de nos entreprises et encore dans notre voisinage. Ces migrants arrivent souvent à aller de l'avant, et dans ce sens réussir à gagner un peu d'argent dans le but de s'approprier un chez soi. Un chez soi qui s'avère parfois difficile à se procurer. Puisque de nombreux propriétaires d'appartement refusent catégoriquement la location à ces sub-sahariens. Victime de ce flagrant racisme, les migrants subiraient ces discriminations depuis plusieurs années. «Il est strictement interdit de louer aux Africains». Telles sont les lettres transcrites sur des affiches dans le hall de quelques immeubles à Casablanca dont les appartements sont réservés à la location. Créant une panoplie de débats, le scandale a été répandu travers les réseaux sociaux. Dans la métropole marocaine, le phénomène est chronique. De nombreux étudiants venus d'ailleurs sont confrontés à plusieurs contraintes dans l'acquisition d'un logement, comme le déclare Nafissa, une étudiante à la faculté des sciences de Casablanca. «En 2012, nous étions trois étudiantes à louer un appartement dans la résidence Areeda, située dans le quartier d'Oulfa. Parce qu'Africaines, nous avons rapidement fait l'objet de menaces de la part d'habitants qui ne voulaient pas de nous comme voisins». Elle poursuit en se remémorant : «Un jour, en rentrant de la faculté, nous sommes tombées sur cette affiche. On n'a pas compris immédiatement qu'elle nous était adressée puis on nous l'a traduite. C'était vraiment choquant». Soutenu par le propriétaire, les trois étudiantes étaient sous pression. «Puis les menaces se sont faites plus pesantes. Notre propriétaire a essayé jusqu'au bout de nous soutenir mais face à la pression des autres, il a dû céder et nous a demandé de partir, ce que nous avons refusé de faire. Le 1er janvier 2013, la police est venue nous demander de quitter les lieux. Nous leur avons dit que nous connaissions nos droits, alors ils ne sont pas entrés dans l'appartement. Nous avons ensuite été emmenés au commissariat. Mon amie a été giflée par un policier. On ne sait toujours pas sur quelle base légale la police a agi» déclare-t-elle. Phénomène irréversible En changeant d'appartement, les trois étudiantes se sont installées dans une résidence sise dans les environs d'Oulfa. Dès leur installation, les trois sub-sahariennes ont été surprises en ayant droit au même traitement. Des voisins ont été même amenés à menacer le propriétaire de l'immeuble de quitter, s'ils ne mettaient pas les étudiantes dehors. «Mais puisque les papiers étaient déjà signés donc le propriétaire a refusé d'annuler la procédure. Toutes les relations avec les Marocains ne sont pas conflictuelles, mais la vie est clairement moins agréable quand vous êtes noir» déclare Nafissa avec regret.