L'association Issni N'Ourgh vient de lancer la deuxième édition du fonds d'aide à la production cinématographique amazighe. Ce geste a pour but de promouvoir la culture et le cinéma amazigh au sein du paysage artistique national. Dans ce cadre, le jeune directeur artistique du Festival Issni N'ourgh international du film amazigh (le FINIFA), Rachid Boukssim évoque quelques objectifs de cette initiative. Al Bayane : Vous venez de lancer la deuxième édition du fonds d'aide à la production cinématographique amazighe. Dans quel cadre s'inscrit cette initiative et quelles en sont les fins ? Rachid Boukssim : Le fonds d'aide à la production cinématographique amazighe s'inscrit dans le cadre de la promotion de la culture amazighe généralement parlant, et spécifiquement, dans le cadre de la mise à niveau et de la réhabilitation de notre cinéma. Les objectifs arrêtés pour la deuxième édition répondent en quelque sorte à votre question inhérente au cadre référentiel du fonds d'aide à la production cinématographique Amazighe. On espère donner un élan au cinéma amazigh via la subvention allouée aux films tournés à Agadir selon le protocole du fonds d'aide. L'élan dont je parle implique la valorisation de l'acteur, auteur et réalisateur amazigh qui souffre depuis toujours et qui persiste encore dans la souffrance. Vous êtes un jeune issu de la ville d'Agadir, passionné du cinéma. D'où est née cette passion pour le cinéma amazigh ? Mes débuts étaient plutôt théâtraux, mais les choses ont avancé pour prendre un sens que je ne regrette pas. C'est le sens bien entendu du cinéma et de la création cinématographique. Certes, mes origines amazighes m'ont condamné essentiellement aux travaux artistiques et cinématographiques. Mes préoccupations amazighes ont contribué, d'autre part, à la fondation de ma personnalité passionnée du cinéma amazigh. Quelques mots sur les points forts des éditions précédentes du festival Issni N'ourgh international du film amazigh dont vous êtes le directeur artistique ? Votre question, à forte chage nostalgique, me donne de la chair de poule, car évoquer les éditions précédentes du Festival Issni N'ourgh international du film amazigh (FINIFA), c'est raconter toute une histoire teintée de souffrances, de peine, d'anxiété et de délices. Tout se perd dans les rouages de ma mémoire, et seuls les hommages rendus aux cinémas d'autrui sont restés gravés dans ma mémoire entre autres, le cinéma indien, touareg et algérien. La participation des jeunes venus des quatre coins du monde pour abreuver leurs soifs et puiser de la culture amazighe, m'a tellement marquée étant donné l'intérêt porté à nos activités génératrices de création par ces gens que je loue personnellement du fonds de mon cœur. Comment aidez-vous les jeunes acteurs, réalisateurs et scénaristes ? Pour être loyal dans ma réponse, c'est difficile d'aider qui que ce soit dans le domaine cinématographique, vu la délicatesse du dossier de la production audiovisuelle au Maroc. Je préfère utiliser le mot contribuer à l'aide des jeunes acteurs, réalisateurs et scénaristes. L'association Issni N'ourgh a créé le fonds d'aide à la production cinématographique Amazighe pour justement venir en aide à ces jeunes talents privés de l'aide de l'Etat qui est sensé subventionner leurs œuvres. C'est une occasion pour redire ma position là-dessus. Il ne s'agit pas de se substituer à la tâche de l'Etat, c'est une bougie qu'on allume pour que les responsables puissent voir la réalité en face et agir en faveur de la promotion du cinéma amazigh. Un mot aux jeunes créateurs amazighs ? La culture amazighe a besoin de passer à la vitesse supérieure exigée dans les circonstances actuelles, surtout que la constitutionnalisation de la langue Amazighe a mis le feu dans les ténèbres du paysage politique marocain. Ledit passage sera certainement assuré par les jeunes créateurs Amazighs dans les différents domaines de la culture marocaine, car le relais doit être pris par ces gens-là. ************ Nisrin Erradi, jeune comédienne marocaine «En cinéma, on ne finit jamais d'apprendre !» C'est une comédienne marocaine en herbe, dont la flamme artistique s'est allumée dès l'âge de 10 ans. Les planches ont accueilli son don et l'actrice a pu tisser, en un temps record, une relation intime avec l'art et les artistes. Elle avait marqué le démarrage tonitruant de sa carrière avec le rôle de Keltoum dans le long métrage «Les ailes de l'amour» d'Abdelhaï Laraki, puis elle a enchaîné avec le rôle de Sanae dans le téléfilm «Marhba» de Zakia Tahiri, et bien d'autres. Actuellement, elle est en plein tournage pour la nouvelle sitcom de 2M réalisée pas Zakia Tahiri et Ahmed Bouchaala. Dans cet entretien, elle nous retrace son parcours fulgurant. Al Bayane : Comment êtes-vous venue au monde du 7e art ? Nisrin Erradi : À l'âge de 10 ans, j'ai découvert les planches à travers une troupe de théâtre. J'ai continué dans le monde du théâtre durant mes années d'études jusqu'à l'obtention de mon baccalauréat. Par la suite, j'ai poursuivi mes études à l'Institut supérieur d'art dramatique et d'animation culturelle (ISADAC), dont je suis lauréate. Dès ma 2e année à l'ISADAC, j'ai joué dans le film «Les ailes de l'amour» d'Abdelhaï Laraki et c'est à partir de là que j'ai commencé dans le cinéma. Cette première expérience m'a permis d'apprendre beaucoup de choses sur le tournage et notamment sur le jeu d'acteur devant la caméra. Mais je me considérai toujours en «apprentissage». Ce qui me plait dans ce métier, c'est qu'on ne finit jamais d'apprendre. Pourquoi le choix de l'art dramatique en particulier et que signifient pour vous le théâtre et les planches ? Quand un metteur en scène monte sur les planches pour jouer un rôle, il vit et il partage avec le public les sentiments et les idées de ce personnage incarné. Ce sont des moments très particuliers que nous vivons sur scène. Le théâtre est ma passion et ma première demeure. A vrai dire, je suis née sur les planches et finalement la scène sera ma vie. Vous avez démarré votre expérience d'actrice avec le rôle de Keltoum dans le long métrage «Les ailes de l'amour» d'Abdelhaï Laraki ainsi que dans le rôle de Sanae dans le téléfilm «Marhba» de Zakia Tahiri.... Pouvez-vous nous dire quels sont les rôles que vous aimeriez particulièrement jouer ? Je rêve de jouer dans des films d'horreur bien entendu. Mais malheureusement notre pays ne produit pas ce genre de films. Pourquoi ? Aucune idée ! Et vos projets pour le mois de ramadan ? Je suis en plein tournage pour la nouvelle sitcom de 2M réalisée pas Zakia Tahiri et Ahmed Bouchaala. Quel est le dernier film que vous avez vu? Le dernier film de Leonardo DiCaprio - «Gatsby le magnifique» - réalisé par Baz Lubrnan. C'est un film vibrant, vivant, tout en respectant l'esprit. Quels conseils, en quelques mots, donnez-vous aux jeunes créateurs marocains ? L'amour de la mère-partie, l'échange et le dialogue seront, bien évidemment, les véritables clefs de l'implication de la jeunesse dans tous les domaines, notamment la création.