Incontestablement, la situation actuelle du baccalauréat démontre clairement la faillite de notre système éducatif. L'élève est jugé sur deux ans (première et deuxième année du baccalauréat), pour pouvoir décrocher le fameux bachot. On parle d'un cycle du baccalauréat et des composantes de ses examens. Ces dernières s'articulent autour de la note de l'examen régional de la première année de ce cycle avec un coefficient de 1 (25%), celle du contrôle continu de la deuxième année avec le même coefficient de 1 (25%), et enfin celle de l'examen national avec un coefficient de 2 (50%). Un système de notation des plus compliqués et qui laisse la porte grande ouverte à la fraude au niveau de certains établissements privés, font remarquer certaines sources. Par exemple, un élève qui obtient 08/20 à l'examen régional de la première année et 08/20 à l'examen national aura son bachot au cas où la note du contrôle continu durant la deuxième année est supérieure à 16/20 !!! (8+16/2=12. 12+8= 10). En plus de ces cas visant uniquement le passage, d'autres pourraient recourir à ces mêmes pratiques pour assurer l'obtention du bac avec mention. Des cas pareils seraient nombreux depuis l'instauration de ce système de baccalauréat, selon certaines informations. Ce qui pousse certains parents d'élèves ayant obtenu des notes en dessous de la moyenne lors de l'examen régional de la première année, ou visant des mentions, à transférer leurs enfants vers des établissements privés pour y poursuivre la deuxième et dernière année du baccalauréat. C'est pour cela que l'on constate que le nombre des élèves à la deuxième année du baccalauréat augmente chaque année dans certains établissements privés, alors que la première note à l'échelle provinciale n'a jamais été enregistrée dans ces établissements. Certaines informations font état de négociation des frais de scolarité en fonction de la moyenne des «contrôles continus». C'est ainsi que les moyennes de ces fameux contrôles oscilleraient entre 15 et 19.50 dans certains établissements privés. Une inégalité des chances à un moment où l'école devrait être un espace d'égalité dans tous les sens du terme. Des voix se sont ainsi élevées au sein de l'Hémicycle pour dénoncer ces pratiques. La réponse de la tutelle a été ferme. «Tout établissement d'enseignement impliqué dans la manipulation des notes des contrôles continus sera fermé et les enseignants fraudeurs traduits devant la justice», a souligné le ministre de l'Education nationale, Mohamed El Ouafa, dans sa réponse à une question orale à la Chambre des conseillers sur l'évaluation des résultats des épreuves du baccalauréat. Mais comment pourrait-on contrôler les notes des «contrôles continus» ? Même le ministre, lui-même, ne trouverait pas la formule adéquate au cas où il atterrit inopinément dans un établissement et demande à l'enseignant les épreuves du dernier contrôle continu, les notes octroyées aux élèves et leur refait sur le champ le même examen. Une «bonne excuse» sera formulée par ceux qui obtiendraient une note loin de celle accordée par l'enseignant. C'est dire que le véritable problème résiderait dans le système lui même. Cela ne s'est jamais posé au moment où il y avait un seul examen national. A cette époque, seuls les paresseux, n'y ayant pas pu tenir le coup et s'adapter à la rigueur de l'enseignement public, «immigrent» vers le privé. Aujourd'hui, les choses ont complètement changé. Pratiquement le contraire. En plus, le niveau de l'élève a considérablement baissé. Et l'arabisation de l'enseignement des matières scientifique a complété le reste. Franchement, c'était le dernier clou enfoncé dans le cercueil de notre enseignement public. Depuis lors, il patauge. Les recommandations du Conseil supérieur de l'enseignement (CSE) et de la COSEF (Commission spéciale éducation- formation) n'ont pas empêché le navire de l'enseignement de chavirer. La «Charte nationale d'éducation et de formation» mise sur place ne lui a pas été d'un grand secours. Pas plus que le dernier plan d'urgence. En attendant, le système éducatif demeure... aux urgences.