Rachid Bakhouz et Touria Elhabchi exposent à Amiens Dans le cadre de la cinquième édition de la semaine du Maroc à Amiens initiée récemment par l'Association «les Deux Rives», les deux artistes peintres marocains Touria El Habchi et Rachid Bakhouz ont exposé leurs ouvres picturales singulières dans le hall du Coliseum. Il s'agit d'une manifestation créative qui a rendu hommage aux Aînés de la première génération sur le thème des cultures et mémoires de l'immigration. Touria Elhabchi (vit et travaille entre la France et le Maroc) est une artiste hypersensible animée par la quête de soi au sens profond du terme. La sérénité et la haute solitude caractérisent le plus son œuvre onirique voire expressionniste. Il puise ses références dans un art singulier qui n'est pas aux antipodes de son état d'âme : un art dont toute l'allégorie repose sur la contemplation, la structure composite, la paix spirituelle et le voyage intérieur. Ses œuvres retracent son parcours et offrent des atmosphères introspectives de grande qualité. Chaque tableau se veut un pacte onirique , mettant ainsi en évidence l'influence exercée par ses expériences existentialistes sur son œuvre polyphonique. Ses aventures plastiques se distinguent par des séries de peintures reposant sur les traits et les impressions de l'atmosphère, en reprenant les instants de la vie intérieure dans ses sens prolifiques. Dans ses œuvres abondantes, Touria a su sublimer la beauté hyper naturelle de notre espace vécu en utilisant le style expressionniste (permettant des profondeurs par touches ou une présence de motifs), tout en faisant appel à des atmosphères prenantes impliquant tous les éléments afférents à notre condition humaine. La dimension lyrique de ses œuvres ainsi que la qualité d'impression parachèvent le tout. Dans un texte esthétique intitulé «tentation et-ou tentative», Abderrahim Zaine a écrit : «Les toiles de l'artiste peintre Rachid Bakhouz (vit et travaille à Casablanca) subjuguent le regard de par leur aspect énigmatique. Dés le premier abord, elles nous accueillent chancelants, perturbés car l'on se voit dans l'obligation de nous demander si nous sommes en présence d'un travail où l'effort est centré sur l'art calligraphique ou, au contraire, sur le plastique comme flexibilité de la couleur». Et d'ajouter : « La préséance de l'écriture : idéogrammes, hiéroglyphes, signes, symboles -syntaxiquement parlant – est dépourvue de sens, de refuge. Asémantique dirait-on ; mais atopique aussi car elle relève du non-lieu et se perd dans la nuit des temps pour atterrir sur ce mont où les toutes premières inscriptions se virent graver de feu sur les tables d'antan. Apparemment, ceci constitue une violence métaphysique à laquelle notre artiste tente d'échapper. Aussi opère-t-il un frayage via les entrelacements des lettres à dessein de glisser la couleur telle un déluge qui piétine, inonde le trait .La calligraphie devient révélatrice d'un art abstrait où la couleur, l'ombre et la lumière scotomisent l'écriture sans pour autant l'effacer. Rachid demeurera tiraillé entre le passé –écrit et le présent- peint. La question restera ouverte car une toile n'est jamais finie et c'est ce qui fait sa beauté.».