Le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Politique de la ville, Mohamed Nabil Benabdallah, a fait état de l'existence de 140.000 habitations ruine au Maroc, précisant que ce nombre est appelé à augmenter en dépit de tous les efforts déployés par l'Etat. Répondant mardi à une série de questions qui lui été posées lors d'une séance de la chambre des Conseillers, le ministre a expliqué que la tendance à la hausse des ces chiffres s'explique surtout par la vétusté des habitations dont la construction remonte à une longue date, le manque de structures de soutènement des constructions et la faiblesse de la qualité des produits de construction utilisés comme c'est le cas dans les quartiers non réglementaires. Pour ce qui est d'un recensement global de l'habitat menaçant ruine au Maroc, a-t-il relevé, il nécessite un suivi technique fondé sur une expertise très coûteuse. Quant aux opérations visant l'entretien, l'évacuation des habitations ou le relogement des habitants, elles doivent avoir lieu dans le cadre d'un programme devant être arrêté en partenariat entre l'Etat et les collectivités locales concernées et d'un arsenal juridique et institutionnel qui définit les attributions de chaque intervenant comme c'est le cas du quartier Jnanate à Fès, a-t-il dit. Pour faire face à la situation dans ce quartier, un programme urgent triennal d'un coût de 150 MDH a été mis en place, a-t-il dit, précisant que ce plan prévoit l'évacuation des familles des habitations menaçant ruine ou de celles représentant un danger de par leur position outre la démolition des bâtisses concernées. Cette opération prévoit aussi de soutenir matériellement les familles concernées pour trouver un nouveau logement et de leur donner la priorité pour bénéficier du programme d'habitat social (140.000 DH/unité), a ajouté Benabdellah, notant que son département va œuvrer pour généraliser cette expérience. En somme, a-t-il dit, les interventions de l'Etat dans ce secteur lui ont coûté 1,35 milliards de Dirhams durant la période 2003-2011 ayant bénéficié à 87.500 ménages. Le ministre a par ailleurs fait état des efforts consentis pour la facilitation et la simplification des procédures de construction dans les communes rurales, précisant que de nouveaux projets d'habitat intégrés seront élaborés au profit du monde rural et en particulier des nouveaux centres ruraux avec la participation du Fonds de développement rural. L'effort de l'Etat, a ajouté le ministre, vise aussi à couvrir le monde rural par les documents d'urbanisme requis et à réaliser des études spéciales à travers l'élaboration des plans d'aménagement communal et des plans de développement des agglomérations rurales tenant compte des spécificités locales, la programmation des zones d'habitation et de complexes des services publics. Terrains publics : 20.000 ha pour le logement Par ailleurs, le ministre a affirmé que le gouvernement entend «poursuivre la mobilisation des terrains publics comme outil nécessaire à la mise en œuvre des programmes de logement, à travers la mobilisation de 20.000 ha sur les cinq prochaines années». Cette démarche s'inscrit, selon lui, dans le cadre d'une vision prospective prenant en considération le déficit actuel et les besoins prévus en habitat pour l'ensemble des catégories sociales. Jusqu'à présent, une superficie de 8.832 ha du domaine privé de l'Etat a été mobilisée à cet effet, a indiqué le ministre, précisant qu'une première tranche de 3.400 ha a permis de renforcer l'offre immobilière et de booster les constructions et qu'une deuxième tranche de 1.579 ha a été consacrée aux opérations de relogement dans le cadre de la lutte contre l'habitat insalubre. La troisième tranche a porté sur la mobilisation de 3.853 ha de terrains publics pour la création de trois villes nouvelles à Drarka (province Agadir-Idaoutanane), Lakhiayta (province de Settat) et El Aroui (province de Nador), en plus de l'aménagement de 11 nouvelles zones d'urbanisation sur 1.532 ha, la création de 28 complexes d'habitat intégré sur 678 ha et la poursuite de la mise en oeuvre du programme national «Villes sans bidonvilles», a ajouté N. Benabdellah. Par ailleurs, le ministre a fait savoir que quelque 2.466 ha de terres collectives (dites soulalia) ont été mobilisée pour renforcer la réserve foncière, précisant que cette superficie se compose de 1.080 ha ayant servi à l'aménagement de la ville nouvelle de Melloussa (près de Tanger), de 360 ha qui ont été consacrés à la création du nouveau pôle urbain Saiss, de 295 ha réservés au pôle urbain Sidi Bibi à Agadir ainsi que des 700 ha qui ont été nécessaires à l'aménagement de la zone offshoring de la ville nouvelle de Tamensourt (près de Marrakech). De même, le ministère veille à l'accompagnement de l'action du groupe d'aménagement «Al Omrane» en ce qui concerne les procédures d'acquisition des terrains publics, et au suivi et l'évaluation des constructions et de la gestion du capital foncier mobilisé, a-t-il poursuivi.