L'artiste peintre Assalih Ghita L'artiste peintre Assalih Ghita vient d'exposer ses récentes œuvres au Forum de la culture à Casablanca (ex. Cathédrale Sacré Cœur) dans le cadre d'une exposition collective sur le thème «droit de rêver» organisée par l'Association «Arts et Métiers» en hommage à l'artiste peintre de renom Hossein Tallal. L'artiste peintre Assalih Ghita, née en 1984 à Casablanca, est hypersensible. Elle a su développer avec adresse et doigté une démarche plastique symbolique qui vante les élans vibrants de son âme et met en scène toutes les escales de son voyage intime fort imprégné d'une culture amazighe et populaire aussi riche que diversifiée à plus d'un titre. Elle nous met en présence d'une œuvre qui véhicule un patrimoine et des valeurs esthétiques basées sur la forme comme signe chargé d'histoire et de culture. Un art qui n'est autre que l'aboutissement d'un environnement socioculturet arabo islamique. Ancrée par les racines et les couleurs blanches sur un fond noir, le langage pictural d'Assalih Ghita délaisse la représentation du réel tel qu'il est et s'engage dans une interprétation symbolique de notre patrimoine collectif à la limite de la consécration. Il s'agit d'un travail passionnant sur les signes et les symboles qui donnent vie aux formes nouvelles et valorisent le retour aux sources identitaires pour se ressourcer. Ses œuvres récentes nous invitent à une rencontre sacrée entre âme et conscience. Elles se présentent comme interpénétration subtile de notre mémoire tatouée voire un dialogue permanent entre les signes conventionnels et les formes originelles de la vie. L'artiste a choisi dès le départ de transcender la troisième dimension qui fait de l'image une simple copie de la réalité vouée à une lecture monosémique. Fort imprégnée de la culture de ses origines, l'artiste s'est engagée dans cette voie sans doute irrévocable de l'investigation du signe. La minutie de la représentation est supplantée par ce pari qui consiste à apprêter la toile à une lecture plurielle. Chaque signe, chaque forme véhicule autant de traces et d'expériences. La plasticienne les interroge, les entoure même quelquefois d'égards sans coquetterie déclarée, en usant du charme de la couleur évocatrice des retrouvailles comme s'elle célébrait à nouveau leur hymne à la vie. Les signes sont puisés, donc, dans l'art populaire ancestral et dans le tapis et les motifs anciens de la bijouterie séculaires. Assalih Ghita est mue plus par la traduction de son sentiment de l'héritage ancestral que par une quelconque représentation, engagée qu'elle est dans la voie de la création libre mais fidèle aux sources. Les fragments pictographiques donnent sens à cette métamorphose du signe dominée par un clin d'œil, où l'archaïsme remonte d'un fond obscur de l'être, ses rêves et ses interrogations sur la vie, le temps et l'espace. Les toiles de Ghita semblent dégager des sens appartenant à la tradition orale qu'elle traduit en signes et en couleurs étincelants. C'est tout un langage onirique reposant sur la dimension cachée des symboles énigmatiques qui stimulent l'imagination et la poétique et ouvrent une voie intimement liée à l'inconscient collectif. L'artiste nous invite à mener une quête symbolique pour explorer la partie de la mémoire refoulée qui refuse l'effacement et l'ignorance. Plusieurs approches sont possibles et méritent d'être tentées, voire approfondies.