Le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a renouvelé, lundi à Bruxelles, son appel à la Commission européenne (CE) pour parvenir à un nouvel accord de pêche entre l'Union européenne (UE) et le Maroc. Selon M. Rajoy, qui s'exprimait à l'issue d'un entretien à Bruxelles avec le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, «il n'y a aucune raison de rompre un accord de pêche avec le Maroc qui fonctionnait très bien et qui est très important pour beaucoup d'Espagnols», allusion faite aux familles affectées par cette mesure d'ordre politique que ne tient pas compte des intérêts espagnols. D'après la presse espagnole, la décision prise le 14 décembre 2011 par le Parlement européen de mettre fin à l'accord de pêche entre le Maroc et l'Union européenne porte «un coup dur» à la flotte de pêche andalouse et aux centaines de familles qui vivent de cette activité. Sur les 119 navires de pêche européens, qui pêchaient dans les eaux marocaines, aux termes de cet accord, 100 sont en effet d'origine espagnole. Le chef de l'exécutif espagnol a également remercié M. Barroso pour les efforts déployés par la CE en faveur de la signature d'un nouvel accord de pêche avec le Royaume, ajoute un communiqué de la présidence espagnole. Selon Madrid, des compensations de l'ordre de 9,2 millions d'euros seront accordées au secteur de la pêche espagnol affecté par la décision du parlement européen de ne pas proroger l'accord de pêche avec le Royaume, à la suite de laquelle le Maroc avait demandé aux navires de pêche européens de quitter ses eaux territoriales. Ces entretiens avec le président de la CE interviennent à la suite de la réunion du ministre espagnol de l'agriculture, Aria Canete, le 10 janvier dernier à Bruxelles, avec la commissaire européenne à la pêche, Maria Damanaki, et au cours de laquelle la partie espagnole avait souligné l'urgence d'un nouvel accord avec le Maroc et la nécessité de définir un cadre d'aides provisoires pour le secteur de la pêche espagnol affecté par la décision du Parlement européen. Selon une source officielle espagnole, Aria Canete devra se rendre le 9 février au Maroc pour s'entretenir avec son homologue marocain Aziz Akhannouch des questions relatives aux secteurs de l'agriculture et de la pêche. Réagissant aux diverses déclarations des autorités espagnoles, nombre de professionnels marocains estiment que le Maroc se doit d'abord d'évaluer le stock de ses ressources halieutiques avant d'entamer des négociations avec la partie européenne. «Il y va de l'intérêt du secteur et des professionnels marocains», a affirmé mardi, dans une déclaration à Al Bayane, le secrétaire général du Syndicat national des officiers et marins de la pêche halieutique, Abderrahmane El Yazidi. La non prorogation de l'accord de pêche Maroc-UE doit offrir au Maroc « l'opportunité de faire le point de la situation et de procéder à une évaluation précise et scientifique de ses ressources», a-t-il dit, ajoutant que le Maroc se doit de «tenir compte aussi de l'intérêt de ses navires de pêche et de la pérennité de ses ressources». Pour ce qui est d'un éventuel accord de pêche avec l'UE, «il ne doit porter que sur le surplus et non pas sur les ressources en présence, lesquelles doivent rester à la disposition des bateaux marocains», a-t-il estimé.