Durant plus d'un mois, la ceinture balnéaire au nord d'Agadir, reliant la commune d'Aourir et celle de Tamri, à Aghroud plus précisément, en passant par les localités de Tamaouanza et Tamraght, sur une distance d'une cinquantaine de kilomètres d'Agadir, a été le théâtre d'une vaste campagne de ratissage contre la spoliation du domaine public maritime. Pour cette action d'assainissement assidue, il a fallu beaucoup d'audace de la part des forces publiques. En effet, ces opérations de démolition à coups de bulldozer ont été accueillies par des réactions farouches des populations qui se lançaient dans le jet de divers projectiles, la mise à feu des objets en caoutchouc et le blocage des routes principales. En dépit de toutes ces ripostes acharnées, les services d'ordre poursuivaient leur boulot afin de libérer les surfaces accaparées. On ne peut donc que saluer vivement la lessive domaniale qui s'y met avec cran et persévérance dans des régions considérées, il y a juste quelques temps, un champ de dépravation désolante. Du même ton, on ne peut que déplorer l'attitude irresponsable des présidents de ces communes, en connivence avec certains agents d'autorité, pour avoir « fermé les yeux » ou encore cautionné tous ces contrevenants qui sèment la pagaille dans ces sites de rêve. En fait, soucieux de s'octroyer des voix électoralistes et préoccupés par les butins générés de ce laxisme, les maires d'Aourir et de Tamri n'ont même pas pris la peine de verbaliser les infractions urbanistiques qui jonchent leurs territoires et ne sont pas du tout prêts à émettre la moindre requête auprès des services d'autorité compétente. Ils ne le font pas car, eux aussi, sont embourbés jusqu'au cou dans cette machination. Des sources concordantes, on croit savoir que les autorités n'ont jamais reçu de plaintes à ce propos, ce qui explique bien que la «complaisance» et «le soudoiement» sont de mise. Par la force des choses, les collectivités territoriales sont bel et bien responsables de toutes les irrégularités urbanistiques qui se manifestent dans les lieux relevant de leurs compétences. Tous les malheurs qui s'abattent aujourd'hui sur la tête des citoyens endommagés comme des couperets incombent aux autorités communales pour avoir laissé trainer les infractions sans en rendre compte à qui de droit. Les responsables des communes ont donc failli à leurs engagements envers les citoyens et leurs contrées, en proies maintenant à des destructions navrantes. Ces désengagements calamiteux ne devraient, en aucun cas passer, sous silence comme si rien n'était, alors que les populations paient cher actuellement les frais du comportement criminel des " protecteurs". Il va donc falloir soumettre ces fauteurs à des procès d'interpellation et de réquisitoire, ainsi que tous les agents d'autorité complices. Il est alors inadmissible de démolir des habitations achevées sur des terrains domaniaux spoliés, alors que les autorités administratives et communales pouvaient bien s'y interposer avant que les premiers travaux de construction ne se soient amorcés. Il y a bien anguille sous roche. Qui paiera donc les pots cassés ? Il serait injuste que seuls les citoyens dont les maisons sont maintenant anéanties soient jetés dans la fournaise du châtiment. Jusqu'ici, bien entendu, on ne parle que des populations démunies qui se voient, malheureusement, punies pour avoir transgresser les normes régulières de l'urbanisme. D'autres également, cette fois-ci, les richissimes et les personnes influentes de la région se voient démolir leurs bâtiments de trois à quatre niveaux. Ceux-là, ne réagissent point, mais se cachent dans leur voiture, un peu loin des opérations et suivent avec consternation ces actes de démolition. Là encore, on ne peut qu'apprécier, à juste titre, ce traitement équitable dont font preuve les autorités, puisqu'elles n'excluent guère ces bonnets du foncier et de hautes personnalités de la ville qui, à coups de milliards, sont en passe de transformer les lieux en un véritable site touristique sur le domaine maritime. Tous ces immeubles érigés sur une grande superficie surplombant l'océan sont devenus à présent des décombres, sous les coups tenaces des bulldozers. La loi est ainsi au dessus de tout le monde. Et c'est à l'honneur de tous ceux qui la font respecter avec courage et civisme, au lieu de faire perdurer la « loi de la jungle ». Chapeau bas !