C'est un constat. L'Hôtel Lincoln, situé sur le boulevard Mohammed V, en face du Marché central, s'est transformé ces derniers temps en un abri pour des sans domicile fixe (SDF), des malfrats et d'autres malfaiteurs et vagabonds qui errent dans la ville. Ils y élisent domicile tranquillement au vu et au su des décideurs de la gestion de la chose locale dans la ville, des autorités locales et des responsables de la ville. Dernièrement, des parties se sont effondrées. Une commission mixte composée des responsables de la préfecture de Casablanca-Anfa, la délégation régionale de la Santé, les sapeurs pompiers, la protection civile, la commune urbaine, a signé la démolition de ce qui reste de la bâtisse. Un procès-verbal a été dressé dans ce sens et signé par tous les responsables en question hormis ceux de l'Agence urbaine de Casablanca qui n'ont pas été présents sur les lieux. Aujourd'hui, le danger guette toujours les riverains. Rappelons que depuis l'effondrement d'une partie de l'Hôtel, rien n'a été entrepris pour que la bâtisse soit protégée, hormis du bricolage. Du provisoire qui n'a que trop duré. Devant l'Hôtel Lincoln et les rues adjacentes à la bâtisse, à savoir la rue Abdellah Médiouni et la rue Ibn Battouta, des «chemkaras» tenant un chiffon imbibé de colle par une main et tendant l'autre pour mendier. Ils harcèlent les passants, ô combien nombreux, qui fréquentent les lieux pour faire leurs courses au Marché central, prendre un taxi vers le quartier Hay Mohammadi ou traversant la zone pour continuer leur chemin à la Plache Maréchal. Le spectacle est désolant. Et le maire de la ville ne s'inquiète pas à propos de ce tableau noir. Un patrimoine culturel devenu point noir L'Hôtel Lincoln a été construit selon les techniques, répandues à Casablanca à la fin des années 10 et pendant les années 20. A titre indicatif il est du même type que le lycée Al Khawarizmi, construit pendant la même période. Lincoln a été conçu par l'architecte Hubert BRIDE. Ses façades latérales longent, d'un côté la rue Ibn Battouta, de l'autre la rue Abdelkrim El Mediouni. Il est construit sur une parcelle de 2800 m2 et comporte un sous-sol, trois étages et un pavillon central surélevé selon un quatrième étage. L'immeuble, qui menace ruine aujourd'hui, est pourtant classé patrimoine culturel de la capitale économique du pays. Il est devenu un point noir au centre de la ville blanche.