L'Afrique, à l'aube du nouveau millénaire, s'est relevée avec une vigueur extraordinaire, phénomène désormais considéré d'une manière générale comme l'Ascension de l'Afrique. Nombreux étaient ceux qui avaient des doutes au début. Ces pessimistes prétendaient : Cela ne va pas durer, c'est un autre feu de paille. Tout cela ne tient qu'à la tendance à la hausse du marché des produits de base et au super cycle. Il ne s'agit que de la Chine. Les populations d'Afrique n'ont pas les compétences, les infrastructures, le leadership visionnaire nécessaires pour faire bouger les choses. Citant la crise en Somalie et d'autres, ils estimaient qu'il y a trop de théâtres de guerre pour que l'Afrique progresse. En fin de compte, malgré ces obstacles, l'Afrique enregistre des progrès réguliers, sur tous les fronts, notamment celui des indicateurs du développement humain. La crise financière mondiale a eu un impact considérable, mais elle a été de courte durée. La performance économique globale a retrouvé les niveaux d'avant l'effondrement de Lehman. Corrigé de l'inflation, le PIB du continent a doublé rien qu'en 10 ans, entre 2000 et aujourd'hui. Les revenus réels par habitant ont augmenté de 50 %. Il existe des poches de pauvreté croissante, en particulier les pays en guerre ou sortant d'une guerre. Toutefois, comme vous allez l'entendre tout au long de cette semaine, la tendance générale sur tous les indicateurs continue d'être très positive. Les raisons sont désormais bien établies. Elles vont d'une solide demande d'exportations à l'augmentation de la demande intérieure attribuable à l'amélioration du revenu disponible d'un nombre croissant de citadins, en passant par une saine gestion et l'investissement direct étranger. Au vu de ce qui se passe dans l'économie mondiale, cette évolution est loin d'être négligeable. Dans toute l'histoire, le PIB a très rarement doublé en si peu de temps. *Extrait du discours à l'ouverture du séminaire de haut niveau à Marrakech. Mme Amani Abou-Zeid* : c'est un partenariat exemplaire avec le Maroc Les 48es assemblées annuelles de la BAD, qui se tiennent jusqu'au 31 mai courant à Marrakech, se veulent le couronnement d'un partenariat très dynamique et exemplaire unissant depuis près d'un demi-siècle le Maroc et cette institution, a souligné mardi à Marrakech, Mme Amani Abou- Zeid, représentante résidente de la BAD au Maroc. Grâce à ce partenariat stratégique, le Maroc et la BAD ont réussi à mettre en place des projets géants, structurels et novateurs visant en fait, la transformation, pour le meilleur, de l'économie et du niveau de vie des populations dans le Royaume. C'est un partenariat très exemplaire qui a fait du Maroc le premier client de la BAD et de cette institution financière, le premier bailleur de fonds pour le Royaume. Le Maroc se présente actuellement comme un pays phare dans plusieurs secteurs pour toute le continent Africain. La BAD a développé une stratégie conjointement agréée avec le Maroc, avec une importance toute particulière accordée à des secteurs jugés stratégiques pour le Royaume, entre autres, les infrastructures, l'appui aux différentes réformes engagées par le Maroc de manière générale, la bonne gouvernance et les aspects sociaux, tels que l'éducation et la santé. *Représentante résidente de la BAD au Maroc. Mthuli Ncube* : une croissance globale économique ne suffit pas L'Afrique a enregistré une forte croissance cette dernière décennie. Une nouvelle dynamique économique a été créée. Le continent a su atténuer les effets de la crise financière et sa croissance économique a rebondi. Mais une croissance globale économique ne suffit pas. Les politiques pour réduire les inégalités et promouvoir l'inclusion sont désormais plus que nécessaires. Il est impératif de mettre plus l'accent sur ce que les gens veulent: un travail décent, un salaire adéquat, l'accès aux services de base, plus de démocratie et des gouvernements responsables. L'objectif pour l'Afrique et son peuple est d'être un pôle de croissance dans les décennies à venir. Promouvoir une croissance inclusive est maintenant une urgence. Pour l'Afrique, les ingrédients sont bien connus: relancer la production agricole, apporter l'aide aux petites entreprises, assurer une meilleure qualité de l'éducation, encourager le développement du secteur privé, améliorer le climat des investissements, et réduire les disparités entre les sexes et les régions. C'est maintenant le moment de libérer le potentiel interne de l'Afrique, et la Banque africaine de développement continue à œuvrer sans relâche aux côtés de ses pays membres régionaux pour s'assurer que ce potentiel est effectivement mis en valeur. * Economiste en Chef et Vice-président de la BAD