diagnostique la situation politique générale -La famille de la gauche constitue une dimension stratégique indéniable pour le PPS -Le PPS restera fidèle à ses références et à son identité - Déterminer les variables et les constantes de la pensée socialiste -Le PPS a souvent fait preuve de souveraineté Que signifie le fait d'être de gauche aujourd'hui, 25 ans après l'effondrement du bloc de l'Est ? Comment peut-on dépasser le pragmatisme excessif et l'ossification de la pensée? Quel rôle devaient remplir la gauche et les forces progressistes aujourd'hui, alors que le champ politique marocain connaît une transition historique difficile et complexe, sans précédent ? Voilà quelques questions qui ont fait le débat, samedi 18 mai, à Casablanca, lors de la table ronde placée sous le thème de «La gauche, la rénovation idéologique à l'heure de la mondialisation», organisée par l'espace cadre du PPS à Casablanca. Les intervenants, Khalid Naciri, membre du BP et professeur de droit constitutionnels, et Ahmed Zaki, membre du BP et pharmacien, se sont ainsi livrés à un exercice de réflexion pour diagnostiquer la situation et dégager quelques pistes prospectives. Mohamed Bakrim, journaliste et militant du parti qui a assuré la modération du débat, s'est interrogé de son côté sur la question de l'identité du parti et ses alliances actuelles, soulignant que la famille de la gauche constitue une dimension stratégique indéniable pour le PPS. Lors de son intervention, Ahmed Zaki a indiqué que la crise financière que traverse le système capitaliste a démontré les limites de certaines thèses, comme celle de Francis Fukuyama, prétendant la fin de l'histoire et la victoire de la pensée néolibérale. Ahmed Zaki a évoqué également le cas du prix Nobel, Eugene Stiglitz et ses critiques acerbes envers le FMI et la Banque mondiale. Il est certes vrai aujourd'hui qu'il y a un recul des partis communistes de par le monde, mais un tel constat ne s'applique nullement au PPS, qui a su d'une manière ingénieuse en tirer les leçons et faire face aux effets pervers de l'histoire, a-t-il assuré. «Cela signifie que notre identité n'a jamais et ne sera jamais changée, mais restera fidèle au référentiel. De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins», a ajouté Ahmed Zaki. Pour l'intervenant, il est d'une importance primordiale de maîtriser les mécanismes du système capitaliste au sein duquel nous vivions afin de renverser, par la suite, la tendance et atteindre nos objectifs, tout en mettant l'accent sur le fait que la crise actuelle du système capitaliste est une crise structurelle et non pas conjoncturelle. Le conférencier a également prévenu contre toutes les thèses appelant à mettre en place une «rupture épistémologique» avec le passé. Selon lui, le point fort du PPS «c'est qu'il s'est engagé dans la bataille qui préoccupe les citoyens, tout en essayant de d'élaborer des politiques alternatives». Bref, le parti de feu Ali Yata «est une structure innovante, dynamique interactive et fidèle à ses valeurs», a clarifié le dirigeant du PPS. Et d'ajouter : «que ce soit au niveau de l'action gouvernementale ou du parti, nous menons un combat sans relâche pour faire valoir l'égalité, la solidarité, et la culture des droits de l'Homme d'une manière générale». Concernant l'alliance du PPS avec le PJD, Ahmed Zaki a précisé qu'il s'agit d'un choix décidé en toute liberté, dont l'objectif est la consécration de la pratique démocratique au sein de notre pays. «C'est une alliance basée sur un programme contractuel, contenant plusieurs éléments, notamment le renforcement davantage des libertés publiques et l'ancrage de la culture des droits de l'homme et le développement de la citoyenneté dans les institutions élues», a-t-il dit en substance. De son côté, Khalid Naciri a considéré que la raison requiert maintenant de ne pas élaborer des réponses «prêt-à-porter», mais de procéder à une analyse profonde afin de déterminer les variables et les constantes de la pensée socialiste. Autrement dit, il faut procéder à une nouvelle définition du socialisme, a précisé le professeur de droit constitutionnel. Mais comment ? Khalid Naciri lance ainsi un appel à tous les mouvements de la gauche au Maroc et à travers le monde afin de procéder à une réflexion collective et traiter les défis auxquels se heurte la pensée socialiste. Le PPS est un parti autonome L'ex-ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement s'est attelé par la suite sur une certaine régression des partis communistes sur la scène politique de leur pays respectifs, à l'exception de certains parmi eux, en l'occurrence le PPS qui a fait fi de tous les entraves. La réponse est simple, selon Naciri. Durant toute son existence, le PPS a souvent fait preuve de souveraineté, voire d'autonomie dans sa gestion organisationnelle par rapport au mouvement communiste international. Faisant allusion à feu Ali Yata, il a évoqué le concept de «la révolution nationale démocratique», qui constitue un véritable prélude pour l'ère socialiste au Maroc. Pour Naciri, il y a aujourd'hui d'autres paramètres qu'il ne faut pas exclure de toute analyse qui se veut sérieuse, notamment le rôle régulateur de l'Etat, la notion du marché, l'émergence de nouvelles forces sociales... En fait, la réalité est devenue de plus en plus complexe dans un environnement très incertain, a-t-il noté. Autre point non moins important souligné par Naciri, celui de l'alliance du PPS avec le PJD. Le professeur explique qu'il s'agit d'une alliance politique et non idéologique, et qu'il faut bien faire la distinction entre les deux concepts. En d'autres termes, l'alliance sur le PJD se fait sur un programme déterminé avec comme objectif ultime de placer l'intérêt suprême de la nation avant toutes autres considérations. Pour Naciri, toute approche de la réalité se basant sur une la méthode « flash-back » demeure vide de sens. L'histoire évolue d'une manière très rapide. Il faut donc procéder à une veritable refondation de la pensée et se départir des idées ossifiées. Bref, l'approche nostalgique n'a plus aujourd'hui sa place, conclut le professeur.