Commémoration des attentats du 16 mai Il y a dix ans, jour pour jour, Casablanca a été la cible des attentats terroristes les plus meurtriers dans l'histoire du Maroc. En ce triste vendredi 16 mai 2003, le royaume tout entier a été sous le choc. Qui aurait cru que des jeunes dont l'âge ne dépasse les 25 ans allaient commettre de tels actes tuant sur le coup à 45 innocents et faisant plus d'une centaine de blessés. Après coup, les Marocains ont découvert qu'ils ne sont pas à l'abri de la menace terroriste. Les éléments de l'enquête ont révélé que le groupuscule ayant mijoté cette opération inscrit pleinement son action dans la mouvance de la Salafiya Jihadia, jusque-là méconnue par le public et considérée par les spécialistes comme une franchise d'Al Al-Qaïda. Souad Khammal, présidente de l'association des victimes des attentats du 16 mai, se souvient toujours de ces moments tragiques qui lui ont soudainement arraché, et à jamais, son mari et son fils dans l'attentat qui a visé la Casa de España. «Le terrorisme a détruit toute ma vie. Ma famille n'est plus comme avant. J'ai dû aussi quitter mon travail...», souligne-t-elle avec amertume dans une déclaration à Al Bayane. Pour elle, « la commémoration de cette journée a pour objectif de sensibiliser les jeunes à ce fléau qui guette notre société et aussi pour qu'une telle barbarie ne se reproduise jamais», tout en soulignant «que les efforts déployés par les services sécuritaires sont méritoires, mais pas suffisants». En fait, notre interlocutrice met l'accent sur une forte implication de la société civile et appelle à l'organisation d'un colloque national pour décortiquer la problématique du terrorisme. Autrement dit, la lutte contre le terrorisme requiert une approche holistique, laisse-t-elle entendre. Souad Khammal plaide également pour la mise en place d'un mécanisme d'accompagnement psychologique des familles victimes du 16 mai, en particulier les enfants. Autre point non moins important souligné par elle, considéré comme une faille majeure dans la gestion de ce dossier, celui de la non-indemnisation de certaines familles victimes collatérales, qui attendent depuis toujours un geste de la part de l'Etat. Le terrorisme nous guette encore Il faut souligner par ailleurs qu'en dépit de nombreuses mesures mises en place par l'Etat, le fléau du terrorisme guette toujours le royaume. En fait, depuis 2003, les services de renseignements ont pu démanteler environ 115 cellules s'activant sur le territoire national. Les dernières opérations remontent à quelques jours seulement, lorsque le ministère de l'intérieur a annoncé le démantèlement de deux nouvelles cellules terroristes imprégnées de l'idéologie takfiriste (Al Mouahidoun et Attawhid) en vue de mener des «attaques jihadistes», lit-on dans un communiqué. Les terroristes avaient également comme «plan de braquer des établissements bancaires pour le financement de leurs actes criminels», précise le ministère. Pour l'islamologue, Saïd Lakhal, la menace du terrorisme constitue aujourd'hui un danger permanent pour la sécurité du pays. Le contexte a beaucoup changé depuis 2003. L'activation des cellules terroristes armées dans la région du Sahel démontre que ce phénomène dépasse largement la capacité d'un Etat unique pour le combattre. Tout en saluant la fermeté de l'Etat et son action pédagogique poussant certains salafistes à réviser leurs idées, Lakhal appelle les autorités compétences à se doter d'une plus grande rigueur sécuritaire. Les fatwas d'excommunications émises récemment par certaines personnes et relayées sur les réseaux sociaux, nécessitent plus de vigilance, insiste-t-il.