Bébés volés au Maroc et vendus en Espagne Si habituellement le démantèlement de réseaux de trafiquants de drogue et autres convoyeurs d'immigrés clandestins entre le Maroc et son voisin de la rive nord de la Méditerranée défraye quotidiennement la chronique , cette fois-ci l'affaire est on ne peut scandaleuse. Car il s'agit bien d'un trafic d'une autre nature qui vient d'être mis à nu à travers la découverte d'un réseau actif, depuis plusieurs décennies, dans le vol des bébés marocains , avec tout cela implique comme falsifications de documents et déclarations de faux. Pire, cette affaire qui remonte au début des années 70 n'a été découverte qu'aujourd'hui, grâce à une enquête, menée depuis 2011, par la Guardia Civil espagnole, qui a révélé que ces «bébés volés» étaient nés au Maroc, notamment à Melilla au cours des années 70 et 80 et vendus en Espagne. Au total, les investigations ont réussi à identifier 28 cas de bébés volés et à arrêter 31 accusés pour multiples délits, allant de la déclaration de document et paternité falsifiés, à la détention illégale des bébés ou de futures mamans en contrepartie de sommes variables et de promesses de vie meilleure pour leurs enfants. Selon le communiqué du ministère de l'Intérieur espagnol, l'enquête a permis par ailleurs d'identifier 14 trafiquants d'origine marocaine. Ces derniers contactaient les familles espagnoles ne pouvant pas avoir d'enfant et leur octroyaient de faux certificats de naissance leur permettant d'inscrire le bébé vendu en tant qu'enfant biologique. Ces trafiquants ciblaient surtout les familles trop modeste ou à revenu faible. Le prix d'un nouveau-né oscillait entre 200 et 6000 euros, selon le sexe de l'enfant. Généralement, les filles reviennent plus chères que les garçons. Et pour cause, les familles désireuses d'avoir des enfants par tous les moyens possibles auraient surtout un faible pour le sexe féminin Des religieuses espagnoles, comme les Sœurs Maria et Mercedes Hoces, seraient t impliquées dans le trafic de milliers de bébés marocains. Une Marocaine figure aussi au registre des marchands de nouveau-nés. C'est une sage femme de plus de 60 ans qui s'adonne au commerce des bébés depuis 2002. Elle a écopé de six mois de prison ferme pour trafic de nouveau-nés. L'accusée assurait dans son domicile l'accouchement de mères célibataires pour vendre ensuite leur nouveau-né à des femmes en quête d'adoption aussi bien au niveau local qu'au-delà des frontières. Par ailleurs, nombre de ces femmes ont accouché dans des domiciles privés à Melilla, «sans aucune aide sanitaire et sans enregistrement officiel du nouveau né», indiquent des sources espagnoles. L'affaire des bébés volés remonte encore une fois à la surface après celle déclenchée en 2010 et 2011. Nombre d'associations et organismes de protection des droits de l'enfant au Maroc avaient dénoncé en leur temps ces trafics et lancent aujourd'hui un appel aux autorités concernées pour combattre ce fléau avec fermeté et sanctionner les trafiquants de lourdes peines, à la mesure du respect de la dignité humaine.