Rester vigilant contre les maladies céréalières Les fortes précipitations enregistrées ces derniers jours sur l'ensemble du territoire du royaume ne peuvent être que bénéfiques pour les cultures céréalières, notamment pour les semis-précoces. En fait, elles coïncident parfaitement avec le stade du remplissage des grains, ce qui pourrait garantir une bonne saison agricole. A moins qu'elles ne débordent en inondations, ce qui n'est pas le cas jusqu'ici. Mais en termes de pluies bien reparties dans le temps et l'espace, on en redemande encore, car les céréales tardives représentant environ 50% de la culture, et ont besoin encore de la pluie au moins jusqu'à fin d'avril, voire le début de mai. Par ailleurs et pour bien protéger l'existant agricole et parer à tout éventuel risque d'épanchement des maladies du blé, le ministère de tutelle a procédé la semaine précédente au lancement d'une opération de traitement collectif, par avion, de maladies de céréales. S'inscrivant dans le cadre de l'agriculture solidaire, l'action du département d'Aziz Akhenouch porte sur le traitement de 33.000 hectares, en particulier dans les zones de Chaouïa, Zemmour-Zaer et El Gharb... Cet effort a nécessité une enveloppe budgétaire avoisinant les 16 millions de DH. Pour le ministère, cette action a pour objectif «de sensibiliser sur l'importance de la lutte contre les maladies foliaires du blé, de manière à assurer une protection phytosanitaire des cultures céréalières et maximiser les rendements et la qualité des grains». Quand on sait que le traitement fongicide d'un seul hectare s'élève à 50 DH, ce qui dépasse la capacité financière de la plupart des agriculteurs, on ne peut que louer cette initiative méritoire du ministère, même si elle est intervenue un peu tardivement, comme ne manquent pas de le souligner plusieurs analystes. En d'autres termes, la fin du mois de février et début de mars ont connu un développement important des maladies céréalières, telles la rouille et la septoriose, en particulier en ce qui concerne les variétés de blé tendre (wafia et salama). Il faut dire qu'au Maroc, plus de 80% des terres agricoles ne sont pas fertilisées. A cela s'ajoute aussi l'opération de désherbage qui porte, faute de moyens, sur seulement 20% des terres agricoles, sans omettre les deux millions d'hectares consacrés à l'orge, quasiment délaissés par l'Etat. Il est à rappeler dans ce sens que le Maroc, pour satisfaire sa demande intérieure en orge, est obligé à recourir à l'importation qui s'élève à 50% de ses besoins. Autrement dit, l'opération du traitement collectif en fongicide n'est qu'une goutte d'eau dans un océan et ne va nullement apporter grand-chose, estime un spécialiste-agronome dans une déclaration à Al Bayane. Il faut dire que la raison recommande, selon les spécialistes, de revoir tout le process technique, allant des semis jusqu'à la récolte. En effet, d'une manière ou d'une autre, il faut accompagner les agriculteurs durant tout le processus de production, c'est à-dire de l'opération des semis jusqu'à la récolte, et non pas se contenter des actions isolées.