Le Maroc et la France balisent les «nouvelles autoroutes de croissance» Historique, multiséculaire... La coopération France-Maroc s'invente aujourd'hui de nouvelles «autoroutes de croissance». Il s'agit d'aller vers une vision dynamique et transformatrice non réduite au seul champ politique. La 3 è conférence économique d'Attijariwafa bank, tenue ce 21 mars 2013 à Casablanca, a permis de croiser les regards portés sur la France et le Maroc, deux pays qui présentent des visages différents, mais qui ambitionnent de donner plus de profondeur à ce partenariat tant jalousé. Initiée en partenariat avec la compagnie consulaire au Maroc -CFCIM-, cette rencontre a vu la participation de quelque 500 personnalités représentant les milieux d'affaires et les institutionnels. Une occasion de présenter les nouveaux projets du royaume, de donner tous les éléments de compréhension sur les défis qui attendent le Maroc et de souligner aussi la nécessité de donner un contenu concret, fort et crédible au partenariat Public-Privé des deux côtés. L'atout de cette rencontre, qui survient à la veille de la visite du Président de la République Française, François Hollande, est de nourrir une vision stratégique face aux difficultés du présent. Ce ne sont pas les opportunités qui manquent. Face aux défis sociaux et environnementaux colossaux qui nous attendent dans les décennies à venir, se pose la question de savoir ce qu'on peut faire pour que demain soit plus radieux et moins marqué d'ambigüité. Pour nourrir et donner du souffle à ce partenariat tant souhaité, Mohamed El Kettani, le Président du Groupe Attijariwafa bank, a tenté cette formule : il nous faut « changer de lunettes pour mieux lire l'existence et ses multiples ressources de progrès ». Côté méthode, M. El Kettani propose de « capitaliser sur les acquis et la maturité de la relation économique, caractérisée par une dynamique de progrès permanent, et en faire un levier de redimensionnement régional de notre engagement commun». Pour nombre d'intervenants, il s'agit de mettre l'accent sur la diversité des projets, de mettre en perspective des questions telles que l'adaptation au contexte de globalisation, de mettre le doigt sur les dispositifs existants et leurs limites, de rechercher des dispositions nouvelles pour encourager les investissements, et, surtout, de permettre aux acteurs de cette coopération économique que sont les entreprises d'aller plus loin dans l'approfondissement de ce partenariat. Solidarité et responsabilité Charles Fries, l'Ambassadeur de France au Maroc, devait lister une panoplie de projets de nature à booster la coopération entre les deux pays, autant dans l'économie verte, que dans l'énergie ou le transport et l'agroalimentaire. Au cœur de cette nouvelle dynamique, la France, pour rester premier partenaire économique du royaume, aura désormais à faire preuve d'innovation. Les entreprises françaises se doivent de proposer de nouveaux services et produits, pas seulement pour développer le business, mais aussi apporter la touche et le savoir-faire dans le développement des villes (pour mieux vivre en ville) ; soutenir l'émergence et l'aménagement des éco-cités (villes vertes où la France est champion). Autre opportunité, celle offerte par le secteur agroalimentaire où la France compte parmi les puissances mondiales (pour mieux se nourrir). Le déplacement urbain et les infrastructures de transport représentent un gisement où beaucoup reste à faire (construction de tramway et métro dans les grandes villes du royaume. Les opérateurs français lorgnent aussi le plan solaire marocain et les opportunités dans le secteur des énergies renouvelables... Pour le diplomate français, le temps est venu de donner de la substance au concept de la co-localisation dans les industries chimiques et para chimiques (phosphate et dérivés, production pharmaceutique), métallurgique, industrie électrique, électronique et informatique, l'aéronautique, l'automobile... M. Fries a mis l'accent aussi sur la place et le rôle de la France en tant que bailleur de fonds, ainsi que sur le rôle des entreprises françaises en matière de formation, particulièrement dans les nouveaux métiers mondiaux du Maroc. De l'avis général des intervenants, les opportunités il y en a à la pelle, pourvu que, de part et d'autre, l'on fasse preuve de créativité, de solidarité et de responsabilité. Il va falloir « identifier les nouvelles opportunités de croissance partagée, solidaire et responsable, et de nouvelles manières de travailler ensemble », rappellera M. El Kettani. «L'exigence de responsabilité à l'égard des réalités tangibles des marchés, devient un élément vital à nos engagements, et qu'il convient de réinstaller, plus justement, au cœur de nos décisions». Mais, le Maroc est vu également comme plate-forme d'expansion et porte ouverte vers l'Afrique. Il peut servir de relais pour aller vers le nouvel Eldorado africain. Comme dirait M. El kettani, la coopération France-Maroc « est suffisamment puissante pour galvaniser la portée de l'engagement économique de l'axe Rabat-Paris, à la croisée géostratégique de l'Europe et de l'Afrique ».