Les effets pervers de la crise malienne seront-ils au menu ? Encourager les parties prenantes à poursuivre les négociations «de bonne foi et en tenant compte des efforts faits depuis 2006 et des faits nouveaux survenus depuis, en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable». Tel est officiellement l'objectif de la nouvelle tournée, entamée hier par l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU au Sahara. Mais avant de se rendre dans la région nord-ouest africaine proprement dite, l'émissaire onusien fera d'abord un crochet par Madrid, Londres, Paris, Moscou, Berlin et Genève. Ce Groupe des pays amis du Sahara occidental (Etats-Unis, France, Espagne, Royaume-Uni, Russie) a apporté, mardi dernier, son soutien aux efforts de médiation de Christopher Ross. Dans une déclaration conjointe diffusée par la mission américaine à l'ONU le même jour, les membres du Groupe affirment qu'ils «accueillent avec satisfaction» cette tournée et «expriment leur soutien aux efforts de médiation» de Ban Ki-moon et de C. Ross, et «encouragent les parties à faire preuve de souplesse dans leurs rapports avec l'envoyé personnel, et entre eux, dans l'espoir de mettre fin à l'impasse actuelle et de progresser vers une solution politique». Seulement, il faut sortir des sentiers battus du trop fermé jargon diplomatique, pour reconnaître que cette énième visite de Ross intervient dans un contexte tout à fait particulier. Celui de la guerre contre les groupuscules armés qui fait actuellement rage au nord du Mali et qui commence à s'épancher négativement vers les pays voisins. En effet, des informations en ce sens, et dont la source n'est autre que l'Africom (Commandement des Etats-Unis pour l'Afrique), ont de quoi inquiéter. Selon une source sécuritaire proche du Commandement américain, et dont les déclarations ont été rapportées mardi dernier par le site ivoirien «kaoci.com», dès le début de l'opération «Serval» déclenchée par l'armée française le 11 janvier dernier au Mali, le gros des combattants qui occupaient le nord de ce pays a commencé à converger vers les camps de Tindouf. Ce retrait, toujours selon cette même source, s'est effectué en plusieurs vagues, et concernerait plus d'un millier de personnes, voire plus, en majorité des hommes armés. Une nouvelle donne dont l'envoyé spécial de l'Onu mais aussi le chef de la Minurso doivent prendre en considération, afin de la faire figurer en bonne place dans les rapports qu'ils auront à présenter au Conseil de Sécurité en avril prochain. Pour ne pas continuer... des tournées en rond, l'émissaire onusien doit reconnaître que la région maghrébo-sahélienne est aujourd'hui, et plus que jamais, menacée par les dangereuses interconnexions entre les groupes séparatistes et les terroristes. L'épicentre de cette interconnexion avérée vient de se déplacer du nord malien vers le sud algérien. Et plus précisément vers Tindouf.