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Le Maroc, un bon risque, selon la COFACE : Le royaume ne perd pas son A4
Publié dans Albayane le 17 - 01 - 2012

2012 sera-t-elle l'année des espérances ? Pourquoi pas ! Des prévisions optimistes nous donnent envie de croire que le Maroc saura, encore une fois, résister aux effets de la crise qui fait mal chez nos partenaires européens.
En ce début d'année, alors que le gouvernement Benkirane s'apprête à dévoiler son programme, le rapport annuel « Risques pays 2012 » de la Coface, rendu public lundi à Paris, vient réconforter notre égoïsme. En matière d'évaluation risque-pays et d'environnement des affaires, la Coface a maintenu la note A4 pour le royaume. Un non événement, diriez-vous. Pas de quoi pavoiser. La Tunisie, qui a donné l'étincelle du « Printemps arabe », dispose, elle aussi, de ce fameux A4. Même l'Espagne et l'Italie, qui ont vu leur note dégradée, en raison des effets désastreux de la crise de la dette et de la forte décroissance économique, sont, à leur tour, classés A4. Alors, où est la différence ?
Théoriquement, il n'est pas facile de se maintenir à sa place en ces temps de dégradation économique et d'incertitude. Dans le cas du Maroc, le maintien de la note A4, est, bel et bien, la preuve que la situation économique de notre beau pays continue d'inspirer confiance. Ce qui n'est pas le cas, par exemple, de l'Algérie et de l'Egypte, dont les notes ont baissé de plus d'un cran à respectivement B et C. Aux yeux des analystes de la Coface, le Maroc est un pays à risque qualifié d'"assez faible". La Syrie, en raison de la crise politique prolongée, se voit dégradée au plus bas niveau avec une note «D», la plus mauvaise sur une échelle qui compte 7 niveaux (A1, A2, A3, A4, B, C, et D)
Dans le cas du Maroc, la Coface dresse un tableau contrasté de l'économie marocaine en 2011-2012 et souligne que l'évolution « dépendra de la mise en œuvre de la nouvelle Constitution, mais aussi de progrès vers une plus grande justice sociale, par le biais d'une réduction de la pauvreté, des inégalités et du chômage ». L'assureur français constate que la croissance a été soutenue en 2011, et que les effets directs et indirects sur l'économie des soulèvements dans divers pays arabes ont "été limités".
En chiffres, la croissance économique du Maroc en 2012 sera de l'ordre de 3% au lieu de 4,3% en 2011. Les analystes de la Coface estiment que l'inflation risque de repartir à 2,5% en 2012 vs 1,3% en 2011 et que le déficit budgétaire resterait élevé à -5% du PIB. Le recours à la dette pour couvrir les besoins de financement de l'économie porterait le taux d'endettement à 53% en 2012 contre 52,6% en 2011 et 48,4% en 2009.
Dans son rapport, la Coface note que l'activité économique du royaume reste «toujours dépendante du secteur agricole et de l'Union européenne, dans le contexte de soulèvements dans le monde arabe». En 2011, la croissance économique a été soutenue à la fois par « une bonne récolte céréalière et une légère progression des recettes touristiques».
En 2012, comme en 2011, la demande interne devrait « continuer de soutenir la croissance, avec une relative vigueur de la consommation privée et des secteurs de la construction et de l'automobile. Néanmoins, notent les auteurs du rapport, «la croissance demeure fragile car tributaire du secteur agricole et donc des aléas climatiques, ainsi que des fluctuations des cours internationaux des matières premières et de l'énergie».
La Coface fait remarquer, par ailleurs, que «les rallonges budgétaires destinées à atténuer les tensions sociales - avec une augmentation des salaires et subventions – (dans la foulée du printemps arabe) risquent d'entraîner un creusement du déficit budgétaire et une hausse de la dette publique. Toutefois, une grande partie de la dette extérieure, essentiellement publique et d'un poids supportable, est remboursable à des conditions concessionnelles, donc avantageuses ».
Les analystes de la Coface mettent en perspectives la résilience de l'économie marocaine. Ils estiment que « dans une situation financière mondiale mouvementée, le pays dispose d'une certaine capacité de résistance à un retrait brutal de capitaux, grâce à des financements peu volatils, un régime de change administré et un niveau de réserves correct. De plus, le système bancaire, le plus développé d'Afrique (hors Afrique du Sud), demeure bien capitalisé et rentable, et l'amélioration de la réglementation prudentielle se poursuit ».
Malgré les efforts et les améliorations enregistrés, le Maroc n'est pas encore parvenu à corriger certaines faiblesses, notamment sa dépendance du secteur agricole et de l'UE, une productivité et compétitivité insuffisantes, la pauvreté et le chômage (des jeunes en particulier) mais aussi les insuffisances en matière d'environnement des affaires. Ce sont là des indicateurs qui méritent d'être surveillés de prés.


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