Wafasalaf ambitionne une moralisation du marché Wafasalaf reste champion du marché du crédit à la consommation. En dépit d'un contexte morose, marqué par le resserrement des liquidités et une forte pression concurrentielle, la filiale d'Attijariwafa bank est parvenue à conforter ses positions tant sur le segment des Prêts Personnels que sur celui du financement Auto et de l'Equipement de la maison. A fin 2012, Wafasalaf a distribué un peu plus de 15,9 milliards DH, un niveau quasi similaire à celui enregistré en 2011. Le repli de 16% des crédits non affectés a été compensé par la progression de 24,2% du crédit automobile et, dans une moindre, mesure par l'électroménager (+4,6). Globalement, l'entreprise a fait mieux que le marché. Du coup, sa part de marché s'élargit un peu, titillant les 30%. Ce sont quelques indicateurs fournis par Mme Leïla Mamou, Présidente du directoire, lors d'un point de presse, mardi à Casablanca, où elle a exposé les grandes lignes de la stratégie de développement de la maison, dans un environnement socioéconomique et réglementaire en pleine mutation. Plusieurs aspects de ce marché ont été passés au crible, notamment la pression concurrentielle, la réglementation fiscale, la protection des données personnelles et la moralisation de la profession. Bien entendu la Présidente ne parlera pas des niveaux élevés des taux, et n'ira pas à détailler les mesures prises par la profession en matière de désendettement. Pris globalement, le marché du crédit à la consommation ne connait pas de crise. L'encours des crédits a augmenté de 7% à 77,72 milliards DH, en 2012. Un volume réparti à parts égales entre les banques (dont la percée est évidente) et les sociétés de financement. Certes, le marché n'est plus dans l'euphorie, d'il y a dix ans, avec une croissance à deux chiffres. Sous l'impact du déficit des liquidités et de la hausse des taux d'intérêt sur le marché, les sociétés de financement commencent à revoir leur modèle économique, pour maîtriser le coût du risque. Crédit responsable «Wafasalaf assume sa responsabilité en matière de lutte contre le surendettement », devait rappeler Mme. Mamou. «Aujourd'hui, on est plus dans une logique de prévention de surendettement», a-t-elle noté, tout en précisant que « notre ambition est de renforcer notre positionnement de leader, sans pour autant courir derrière le chiffre d'affaires». L'entreprise opte désormais pour le crédit sain et sans risques, tout en renforçant l'activité de recouvrement. Sur les chiffres clés 2012, il est intéressant de noter que la production globale s'affiche en croissance de 9,6% à 12,30 milliards DH, dont près de la moitié est portée par l'activité de gestion pour compte. Connue pour son dynamisme, la société a enregistré un encours brut en hausse de 11,4% à 23,84 milliards DH. Au final, Wafasalaf engrange un bénéfice de 370,6 millions DH contre 336,4 millions DH en 2011, soit une croissance de 10,2%. Selon la Présidente, l'activité de crédit est encadrée par une nouvelle réglementation en matière d'information des emprunteurs et de protection des données personnelles des clients. « Nous sommes tenus à faire plus attention à ne pas sur-endetter les ménages ». Il s'agit de s'enquérir de manière rigoureuse de la solvabilité des emprunteurs, en consultant le fichier des incidents de crédit. C'est une obligation. La reine du crédit à la consommation au Maroc anticipe et améliore ses process pour une meilleure surveillance du marché. Il faut savoir que le leadership de la boîte est évident lorsqu'on sait que sur le marché automobile, une (1) immatriculation nouvelle sur deux (2) sort de l'usine Wafasalaf. Il s'agit là du meilleur taux de pénétration. 54% des demandes de financement de l'acquisition du véhicule sont adressées à Wafasalaf. Sur l'électroménager, la maison est entrain de revoir son offre d'autant que la clientèle adressée a fortement changé. Les jeunes ménages deviennent plus exigeants et ont des besoins plus spécifiques (ordinateurs, smartphones...). Toujours dans cette nouvelle politique de diversification, la maison vise surtout une différenciation par la qualité de services. « Notre réseau compte plus de 3.000 points de vente, ce qui nous permet d'être plus proche de nos clients et de nos partenaires et de les accompagner dans le respect total de la réglementation », répondait Mme. Mamou. Limiter les abus Par ailleurs, sur la question des taux d'intérêts dans le crédit à la consommation, beaucoup de non dits et l'opinion publique attend les professionnels et les autorités de régulation pour plus d'éclairage. Bank Al Maghrib, autorité de supervision, a publié cette semaine un taux moyen annuel de l'ordre de 14,30%. Le fameux TEG (taux effectif global) comprend le cout de l'argent, les frais de dossier, frais d'assurance et la marge d'intérêt des revendeurs. Lorsqu'on sait que le taux directeur (autour de 3%) ou encore le taux sur le marché interbancaire (aux alentours de 4%), les taux pratiqués par les sociétés de financement sont évidemment trop élevés. L'histoire (répétitive) de déficit des liquidités va-t-elle légitimer la tendance haussière des taux. Mme Mamou dira que « le resserrement des taux sera ressenti en 2013 ». Or, on sait que les chiffres sur le surendettement des ménages (il y a là-dessus une incompréhension totale) sont inquiétants. Bon nombre d'emprunteurs sont asphyxiés du fait des taux élevés et des pénalités appliqués en cas de retard de paiement. Y a-t-il réellement une volonté politique pour limiter les abus ?