Plus puissantes que les hommes Depuis maintenant une décennie, le magazine Forbes s'adonne à la lourde tâche de classer, parmi des dizaines de milliers de potentielles nominées, les 100 femmes les plus puissantes du monde. Politique, économie, médias, mécénat, spectacle, mode... tout y passe. Si le cru 2013 n'est pas encore connu, celui de 2012 a livré une bonne cuvée de ces dames qui ont quitté l'ombre des hommes pour se positionner au devant de la scène. La number one de ce classement n'est autre que la chancelière allemande, Angela Merkel (bientôt 59 ans), gratifiée du titre de la femme la plus puissante du monde. Non pas qu'elle a réussi à briguer deux mandats à la tête de la première puissance économique en Europe, mais surtout parce que tout au long de la crise financière qui frappe actuellement plusieurs pays de l'Union européenne, elle a été intraitable sur la manière dont cette crise doit être affrontée. A tel point que c'est désormais elle qui fait le beau temps et la pluie sur les marchés du vieux Continent, voire au-delà. C'est peut-être cette fermeté de bonne gestionnaire économique qui lui a valu le surnom de «Dame de fer de l'Union européenne». Un quolibet flatteur quand on sait les légendaires poigne et hargne dont a fait montre une certaine Margaret Tatcher, du temps où elle trônait au summum de la primature britannique durant, déjà, les années 80. Cette place au sommet de la hiérarchie mondiale, que Merkel a réussi occuper pendant deux années consécutives, est d'autant plus méritoire qu'elle a renvoyé en seconde position, la désormais ancienne secrétaire d'Etat de la première puissance militaire et économique du monde, l'Américaine Hillary Clinton. Epouse de l'ancien président américain Bill Clinton, ancienne candidate des primaires démocrates pour briguer le bureau ovale de la Maison Blanche, elle a été battu de justesse par un phénoménal Barack Obama... qui aura la galanterie de reconnaître les mérites de cette autre dame de fer, au point de lui confier le plus important poste dans son cabinet, à savoir le département d'Etat (ministère des Affaires étrangères). Elle vient de céder son poste à John Kerry, après avoir, en un seul mandat, battu le record de tous les secrétaires d'Etat de l'histoire américaine. Elle est en effet celle qui a le plus voyagé à travers le monde en quatre ans, soit 112 pays visités sur les quelque 200 que compte la planète, avec au compteur pas moins de 1,5 million de km en avion ! Malgré la fatigue qui a déteint ces derniers mois sur son état de santé, Hillary prend actuellement un repos mérité, dans le secret espoir de revenir, en 2016, à la Maison Blanche. Non plus en first lady, mais en première femme présidente des Etats-Unis d'Amérique. Mais ce duo politique de tête n'est que l'arbre qui cache la forêt, puisque dans cette longue liste, l'on retrouve pêle mêle l'Indo-italienne Sonia Gandhi, présidente du plus grand parti du monde, le parti du Congrès indien, Christine Lagarde, ancienne ministre économique de Sarkozy, propulsée directrice du Fonds monétaire international à la suite du scandale qui a pour acteurs Nafisatou Diallo et Dominique Strauss Kahn, Janet Napolitano, secrétaire d'Etat américaine à la sécurité intérieure ou encore la birmane Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix qui a eu le courage d'avoir tenu tête, deux décennies durant, à la dictature qui commence à se fissurer dans son pays. Mais il n'y a pas que la politique où les femmes du monde ont étalé toute leur puissance. En affaires, elles tiennent aussi le haut du pavé, pour ne pas dire les cordons de la finance mondiale. Les Américaines Nooyi et Irene Rosenfeld mènent le gotha des femmes d'affaires, étant à la tête de très grosses multinationales (PepsiCo pour la première citée et Kraft Foods pour la seconde. Elles sont suivie par la Brésilienne Maria das Graças Foster (Petrobras), la Chinoise Zhang Xin (fondatrice du puissant et florissant groupe immobilier Soho). Même le high tech et les médias n'échappent pas à la montée en puissance des femmes, comme Sheryl Sandberg (Facebook), Marissa Mayer (Yahoo), Ursula Burns (Xerox) ou Virginia Rometty (IBM), Ariana Huffington (créatrice du site web qui porte son nom). Sans oublier le mécénat avec Melinda Gates. Pour compléter cette liste interminable des nombreuses puissantes femmes du monde, il ne fait aucun doute que le prochain Forbes fera la part belle au parcours révolutionnaire de la Yéménite Tawakkul Karmen. Son combat pour le changement démocratique à la tête du printemps yéménite qui a eu raison de la dictature de Ali Abdallah Saleh, lui a déjà valu un prix Nobel. En attendant la suite de la carrière politique qui lui est sûrement promise. Elle sera, de la sorte, la première à occuper une haute responsabilité dans son pays, ouvrant ainsi la voie à une meilleure émancipation de ses compatriotes, jusqu'ici confinées sous leur niqab. Une autre femme, africaine celle-là, la Gambienne Fatou Bensouda, nouvelle procureure de la Cour pénale internationale mérite également une place au firmament qui font bouger le monde. Cette jeune juriste africaine qui, soit dit en passant est l'épouse d'un Marocain, a la ferme volonté de se lancer aux trousses des violeurs à grande échelle des droits humains où qu'ils se trouvent et de n'importe quel pays ils sont originaires. Questions de sortir de l'ornière des seuls criminels du Sud, comme ceux dont elle se charge actuellement, à savoir l'Ivoirien Laurent Gbagbo et le Libérien Charles Taylor. Ce dernier, dont le pays est aujourd'hui entièrement pacifié après plus de deux décennies de guerre civile, aura suffisamment de temps pour regretter ses crimes et méditer l'expérience vertueuse que son pays est train de vivre sous la direction de la présidente Ellen Johnson Sirleaf, qui vient de commencer son deuxième mandat à la tête du Libéria. Bon vent, mesdames !