Des Facs de médecine privées pour bientôt Dira-t-on encore comme jadis que l'enseignement supérieur privé ne promeut que des études de management, commerce international, tourisme, hôtellerie, ingénierie ? La décision de Lahcen Daoudi, ministre de l'Enseignement supérieur, permettant la création des facultés de médecine privées est venue rompre la croyance traditionnelle. Désormais, l'enseignement privé intègre pleinement à son comptant le secteur de la santé. La décision a été rapidement suivie par la ruée de plusieurs investisseurs vers les projets de création des facultés de médecine privées. Une nouveauté dans le secteur de l'enseignement supérieur national et un changement que certains attendent impatiemment et que d'autres redoutent fortement. La première faculté de médecine privée au Maroc qui rentrera indubitablement dans le palmarès du Royaume est celle de Settat. La future faculté de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire de Settat, qui est censée ouvrir ses portes en 2013, est le résultat d'efforts déployés par des professeurs, chercheurs et praticiens du secteur de la santé. Elle profite également de la contribution des autorités locales, notamment la wilaya de Chaouia-Ouardigha. Elle accueillera près de 700 étudiants annuellement et sera dotée par ailleurs d'un centre hospitalier universitaire. Combien sont-ils à appréhender cette mutation positivement ? L'on arguerait que le consensus pour la création de facultés de médecine privée est un coup de pouce du ministère de l'Enseignement supérieur au secteur de la santé. La pénurie des professionnels qualifiés de la santé pour prendre soin des populations ne pèserait qu'en faveur de ces facs de médecine privées. D'aucuns y voient la montée de l'ère de la discrimination en matière d'éducation. Bien que les secteurs paramédical, biomédical, infirmerie ont toujours fait partie des disciplines promues par l'enseignement supérieur privé, l'émergence des facultés de médecine privées quant à elle suscite des controverses. Certains praticiens de la santé, notamment le syndicat national des médecins du secteur libéral voient en ces facultés de médecine privées un moyen adéquat pour promouvoir une éducation discriminatoire, car ces facultés privées sont onéreuses et ne peuvent être accessibles à toutes les catégories de la société. Certains professionnels militent plutôt en faveur de la création d'autres facultés de médecine publiques pour palier le déficit en professionnels de la santé et assurer une égalité de chances en matière d'éducation. Les points de vue divergent davantage et certains se disent heureux de voir l'émergence de ces facultés car elle viendra mettre fin à la ruée croissante des étudiants marocains vers les établissements privés à la quête des formations médicales qualifiantes. Ainsi, les médecins formés dans ces facs privées resteront sur le place au service de leur pays. Au-delà des avis partagés, il demeure que dorénavant, la quête des bacheliers pour les facultés de médecine ne se limitera plus aux facultés de médecine publiques, mais des rangs se formeront également au devant des facultés de médecine privées.