Le Maroc envisage de créer des facultés de médecine privées. Un projet de décret vient d'être finalisé par le ministère de l'enseignement supérieur. Le décret permettra à des opérateurs de l'enseignement supérieur privé de créer des facultés de médecine, de médecine dentaire et de pharmacie, (voir édition n° 2874 du lundi 25 février 2013). Une décision qui a suscité de vives réactions et des avis divergents chez les professionnels de santé. L'ex-président et actuel secrétaire général du Syndicat national des médecins du secteur libéral (SNMSL), Dr Mohamed Naciri Bennani, déplore la création de ces établissements privés. «En agissant de la sorte, l'Etat va créer des discriminations entre les étudiants. Ceux qui auront les moyens financiers pourront accéder à ces facultés privées alors que les étudiants démunis seront marginalisés. Et par conséquent, il n'y aura plus d'égalité de chances», déplore Dr Naciri Bennani. Pour ce médecin, l'Etat devrait «mieux gérer ses dépenses» et construire plutôt des établissements d'enseignement supérieur public. «Il n'existe que de 5 facultés de médecine au Maroc alors que nos voisins algériens disposent de 10 facultés», tient-il à préciser. Dr Naciri Bennani se pose plusieurs questions sur la qualité de l'enseignement qui sera administré au sein de ces facultés privées. «Où les étudiants iront-ils faire leur stage et où vont-ils trouver les enseignants?», s'interroge-t-il. Un avis qui est loin d'être partagé par Mounir Tadlaoui, secrétaire général de la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens du Maroc (fNSPM). «C'est une initiative qui mérite d'être saluée et applaudie. Cette décision va permettre aux étudiants marocains de poursuivre leurs études dans leur pays au lieu d'aller étudier à l'étranger», affirme M. Tadlaoui. «La création de ces Facultés permettra aux parents de débourser moins d'argent. A titre d'exemple, il faut compter 120.000 DH par an pour des études de médecine ou de pharmacie en Russie contre 200.000 DH en Espagne», poursuit-il. Selon le SG de la FNSPM, ces établissements privés vont non seulement soulager les parents mais également l'Etat qui n'a plus les moyens de subvenir seul aux besoins en formation dans le domaine médical. Rappelons que la première faculté de médecine privée devrait ouvrir ses portes cette année à Settat Baptisée Université internationale Averroès, elle accueillera près de 200 étudiants en médecine générale, 200 étudiants en pharmacie et 100 autres en chirurgie dentaire. Ce projet, qui nécessite un investissement global de 390 millions de dirhams, sera complété par la création d'un CHU de 500 lits doté d'unités de chirurgie générale, de pédiatrie, de maternité, de gastro-entérologie, de pneumo-phtisiologie, de cardiologie, de réanimation et soins intensifs et d'urgence.