C'est l'argument brandi par le président du Conseil de la région du Grand Casablanca, Mohamed Chafik Benkirane, lors d'une sortie médiatique lundi dans un quotidien francophone de la place, pour justifier le retard accusé dans la réalisation de certains projets, notamment la construction d'un hôpital dans la préfecture de Nouaceur. Le citoyen lambda pourrait ainsi croire que des contraintes foncières bloquent la réalisation des projets socioéconomiques dans la plus grande région du pays. Or la réalité est tout autre. Paradoxale à tous les niveaux. Car, dans la même préfecture et durant la même période du lancement du projet de construction de cet hôpital, le président de la Région a pu bénéficier d'un terrain domanial d'une valeur inabordable, en cédant en contrepartie un autre qui ne valait rien, comme l'ont rapporté des médias il y a quelques mois et comme le confirment des sources à l'Agence urbaine de Casablanca. Juste après l'opération «d'échange», le président arrache une «dérogation» au terrain en question. On dirait qu'il s'agit d'un projet à caractère social, déclenchant la création d'emplois, comme le prévoit la circulaire régissant les dérogations en matière d'urbanisme. Voilà l'histoire du foncier au moment où le président de la plus grande région du royaume évoque des «contraintes foncières» pour expliquer des retards accusés dans la réalisation d'un projet, ô combien indispensable pour cette zone. D'aucuns indiquent aujourd'hui que le Conseil de la Région du Grand Casablanca, dont l'ordonnateur est le wali du Grand Casablanca d'après la charte communale, ne dispose ni d'une vision globale ni d'une stratégie pour la bonne gouvernance de la capitale économique du pays. Le constat est on ne peut plus alarmant. La dépravation à la pelle. Les dysfonctionnements en cascade. Les subventions sont octroyées aux associations sur la base du clientélisme et en violation flagrante des lois en vigueur. La programmation des projets à réaliser n'obéit qu'à des connexions électorales et au clientélisme. Cet état de choses a poussé des «élus-courtiers» à mettre à profit cette situation pour enfoncer le dernier clou dans le cercueil de la gestion des affaires à l'échelle de la Région. A l'approche de chaque session, l'on assiste à des mascarades qui interpellent à plus d'un titre. Chacun de ces élus, rompus à la roublardise et au double langage, affute ses armes en menaçant le président qu'il va aborder devant les gouverneurs et le wali la question de ses lotissements à Médiouna ou le ficher des subventions accordées aux associations pour faire des membres de bureau. D'autres haussent le ton en soulevant la question des «dérogations» accordées en matière d'urbanisme dans la Métropole. Voilà les contraintes qui entravent la bonne marche du train de la gestion des affaires à l'échelle de la Région du Grand Casablanca et non pas des «contraintes foncières».