24 ans, et toujours au point mort Le 17 février 1989, Marrakech abrite le sommet des cinq chefs d'Etats magrébins, réunis pour la première fois au complet, pour lancer le projet d'union maghrébine. La détente algéro-marocaine initiée par feus SM Hassan II et Chadli Bendjedid, sous l'égide du défunt monarque saoudien de l'époque, Fahd Ibn Abdel Aziz y a grandement aidé. Aujourd'hui tous les protagonistes de cette éclaircie qui a fait renaître de grands espoirs dans la région ont soit quitté les affaires, soit sont morts. Et avec eux leur projet d'Union du Maghreb arabe (UMA) dont le moins qu'on puisse dire est qu'il n'existe que sur le papier. Et ce ne sont pas les quelques réunions communes initiées par ci et par là qui démentiront ce persistant état de blocage. Pourtant dans les pays du Maghreb central, à savoir le Maroc, l'Algérie et la Tunisie qui sont le noyau de l'UMA, des voix s'élèvent au plus haut niveau pour appeler à l'activation du processus d'intégration de la communauté des Etats maghrébins. C'est dans ce cadre que, le 6 novembre 2011, le souverain marocain, a appelé de ses vœux à l'émergence rapide d'un «nouvel ordre maghrébin qui tienne compte des changements intervenus en Tunisie et en Lybie». Un espoir repris en écho par le nouveau président tunisien, Moncef Marzouki qui, lors d'une tournée qui l'a conduit successivement à Rabat, Nouakchott et Alger du 8 au 13 février 2012, voulait faire de 2012 l'année de l'UMA, «année où l'on puisse ressusciter le grand rêve maghrébin», plaidait-il. Force est de reconnaître que deux années après le séisme des réformes et changements révolutionnaires intervenus dans trois pays maghrébins, avec l'émergence de plus de démocratie et de liberté en Tunisie, Libye et Maroc, le processus d'intégration maghrébine n'a pas profité de cet élan. Et pour cause, l'Algérie, qui a la particularité d'être le pays le plus riche, le plus vaste, mais aussi le seul qui partage des frontières avec les quatre autres pays du Maghreb... ne veut nullement de cette Union. Ce pays s'est enfermé dans une logique de compétition, et non de complémentarité, avec ses voisins, considérés comme des «ennemis» à sa grandeur régionale, particulièrement le Maroc et la Tunisie. Pour mieux illustrer ce complexe de grandeur, il se suffit de rappeler que depuis l'infestation de la zone sahélo-saharienne par des bandes terroristes et de narcotrafiquants, l'Algérie, plutôt que de profiter de la puissance militaire et de l'expérience de ses voisins, a préféré « satelliser » des pays aux armées exsangues et aux moyens financiers dérisoires, afin d'asseoir son autorité dans son flanc sud. L'échec qu'elle vient d'essuyer dans cette stratégie, avec l'intervention de la France et des pays ouest africains au Mali, va-t-il la ramener à la raison, pour savoir qu'à l'instar de l'UE en Europe, du CCG dans les pays du Golfe, de la CEDEAO en Afrique... seule l'Union fait la force ? Il n'empêche que le rêve maghrébin, initié des 27 au 30 avril 1958 à Tanger, par les précurseurs (Néo-Destour tunisien, FLN algérien et parti de l'Istiqlal marocain) reste toujours vivace, mais pas utopique malgré les nombreux obstacles qu'il lui reste à enjamber.