au cœur des préoccupations du ministère *La mobilisation de nouvelles ressources humaines indispensable pour la bonne marche des hôpitaux *L'amélioration des services de santé tributaire du taux de généralisation de la couverture médicale *Le ministère handicapé par une concentration excessive *La régionalisation, meilleure option pour renforcer la confiance des partenaires Le Pr El Houssaine Louardi, ministre de la Santé, qui était l'invité mardi soir de la Fondation Abderrahim Bouabid, a souligné d'emblée que le secteur de la santé est confronté à diverses difficultés et à des dysfonctionnements, qui font de lui un corps sérieusement «malade». Comparé à des pays voisins ou dans des situations économiques similaires, le Maroc enregistre des indicateurs très faibles en matière de santé. Le secteur ne bénéficie que de 5,3% du budget de l'Etat (contre 7,9% en Tunisie par exemple). Quant aux dépenses de santé des ménages, elles oscillent entre 53 et 57% contre 40% Tunisie et 15 % seulement en Jordanie. La part de la santé dans le PIB s'élève à 6,2% contre 7,2% en Tunisie et 8,1% en Jordanie. La capacité litière des structures hospitalières est encore très faible au Maroc. Consolider les acquis Selon l'OMS, le Maroc fait partie du groupe de 57 pays au monde dont le secteur de la santé souffre de nombre de problèmes. Abondant dans le même ordre d'idées, le ministre a fait savoir que le secteur accuse un déficit de 7000 médecins et de 9000 infirmiers. Pour le ministre, l'action de son département a pour objectifs majeurs la mise en œuvre des dispositions de la Constitution concernant notamment les droits des habitants à la santé et à l'accès aux soins Il s'agit aussi pour le ministère de consolider les acquis réalisés dans le passé ayant abouti à augmenter l'espérance de vie au Maroc à 74,8 ans et à l'éradication de nombre de maladies, grâce aux programmes de vaccinations. Le ministère s'attelle aussi à satisfaire les attentes de plus en plus nombreuses et pressantes des citoyens concernant notamment l'accès à l'information, la participation des associations dans la gestion des hôpitaux publics et à réconcilier le citoyen avec l'hôpital, sachant pertinemment qu'aucun pays au monde ne peut prétendre avoir résolu tous les problèmes de son secteur de la santé. 40 millions d'Américains n'ont aucune couverture médicale. Pour y parvenir, le ministère a adopté trois approches ayant pour fondement le respect des droits humains consacrés dans la constitution et qui ont notamment trait à l'accès au logement, à l'eau potable et à un environnement sain. Au delà de cette action, le ministère de la Santé ambitionne de parvenir à un meilleur repositionnement, à travers son renforcement institutionnel dans le but de consacrer toute son énergie à ce qu'il sait faire, tout en cédant le reste à ses structures régionales et à d'autres intervenants. Le ministère de la Santé souffre d'une concentration excessive qui fait de lui juge et partie de ses réalisations. C'est ce qui explique, a-t-il dit, le fait qu'aucun des projets de construction de 16 hôpitaux, financés par la Banque mondiale (82 millions de dollars) n'a été construit en 2010, comme cela a été initialement prévu. Le comble, a-t-il ajouté, c'est qu'en 2013, aucun de ces hôpitaux n'est opérationnel. Le ministère doit s'occuper des seules tâches qui font de lui le garant de l'offre des soins au profit de la population, de l'accès à ces soins, tout en confiant à d'autres partenaires et à ses structures régionales des affaires bien définies, a expliqué Louardi, notant que la régionalisation en cours reste le meilleur référentiel dans ce domaine. L'action menée par le ministère se propose en outre d'améliorer la gouvernance du département, en confiant notamment l'opération d'audit automatique à un bureau privé, a-t-il ajouté. C'est d'ailleurs dans le cadre de ce chantier, qu'il a été décidé d'interdire aux professionnels de la santé exerçant dans les hôpitaux publics d'aller travailler dans le privé. Il s'agit d'une décision irrévocable, qui a pour but d'améliorer la prise en charge des malades dans les hôpitaux publics, a affirmé le ministre tout en dénonçant certaines pratiques scandaleuses de médecins peu scrupuleux, «des brebis galeuses» qui vont jusqu'à utiliser leur véhicule personnel pour transporter des malades. C'est une décision politique qui vise en premier à changer les mentalités et à inciter les professionnels du secteur à travailler dans la légalité en quittant «le noir». Revaloriser le personnel soignant Le ministre a précisé à cette occasion que la revalorisation des ressources humaines est au cœur de l'action de son département, qui ne ménage aucun effort pour leur rendre justice à travers l'amélioration de leurs salaires et de leurs conditions de vie et de travail. Il a fait savoir avoir débattu à maintes reprises ce dossier aussi bien avec le chef du gouvernement qu'avec le ministre de l'Economie et des finances et d'autres ministres concernés, reconnaissant toutefois l'existence de moult difficultés qui empêchent de progresser. Sans ce rappel à l'ordre et sans mobilisation des effectifs requis, il est impensable de réaliser les objectifs escomptés dans tous les domaines de la santé concernant notamment la mise à niveau des urgences et l'amélioration des services de la santé mentale et psychiatrique, a indiqué le ministre, selon lequel il est également inimaginable de vouloir améliorer les soins de santé sans généralisation de la couverture médicale et sans baisse des prix des médicaments. Ils sont «excessivement chers», les prix des médicaments au Maroc, a-t-il dit, soulignant que l'idéal pour son département est de parvenir à des prix équitables pour tous : industriels, pharmaciens et patients. A cette occasion le ministre a annoncé qu'un millier de médicaments vont être concernés par la baisse des prix programmée lors de la deuxième phase, convenue entre les partenaires. Le ministre a par ailleurs insisté sur le fait que sans généralisation de la couverture médicale, il est impossible de parvenir à tous les objectifs escomptés. Selon le ministre, personne ne peut maintenant nier les bienfaits du RAMED (régime d'assistance médicale), entré en vigueur, il y a moins d'un an. Plus de 5 millions de personnes entre pauvres et vulnérables en profitent déjà, sachant que le régime va bénéficier à 8,5 millions de Marocains. Des opérations à cœur ouverts et des greffes d'organes ont été réalisées dans des hôpitaux publics, grâce au RAMED, a indiqué le ministre, qui n'a pas manqué de rendre un vibrant hommage aux professionnels du secteur, qui honorent le secteur et la médecine en s'acquittant comme il se doit de leur mission. Le ministre de la Santé a été interrogé lors de ce débat par une équipe de médecins représentant différentes spécialités.