Le RAMED, nouvelle pierre dans l'édification du Maroc des défis Au terme des dix premiers mois de son mandat, depuis l'investiture de ce nouveau gouvernement, le ministère de la Santé a déjà à son compte d'importantes réalisations dont la plus significative est incontestablement le lancement le 13 mars dernier par SM le Roi Mohammed VI du RAMED (Régime d'assistance médicale), a affirmé, samedi le ministre de la Santé, le Pr El Houssaine Louardi, qui présentait le projet de budget 2013 de son département devant la Commission des secteurs sociaux à la Chambre des représentants. Le lancement de ce régime devant bénéficier à 8,5 millions de citoyens s'inscrit dans le cadre de l'amélioration et l'extension de la couverture médicale, laquelle constitue l'un des piliers du développement humain et social au Royaume. Salutaire RAMED En lançant le RAMED, SM le Roi en a donc confié la mise en place et le pilotage à l'actuelle équipe du ministère de la Santé, qui a mobilisé depuis tous les moyens humains et matériels pour la promotion du RAMED et sa généralisation dans l'objectif de donner au droit à la santé son plein sens, selon le Pr Louardi. Pour ce faire, plusieurs mesures ont été prises pour mettre à niveau et équiper les hôpitaux et mettre à leur disposition les ressources humaines requises, a fait savoir le Pr Louardi, qui a rappelé qu'il a été procédé en même temps à la création d'unités d'urgence de proximité, prêtes à présenter des services de santé aux populations urbaines et rurales ne disposant pas d'établissements hospitaliers ou situées loin d'elles. Il a été procédé aussi à la création des services de médecine d'urgence, habilités à travailler en milieu rural et à intervenir surtout pour présenter des soins aux femmes enceintes et à les transporter vers les centres hospitaliers les plus proches. C'est ainsi que 2000 postes ont été alloués aux hôpitaux pour les renforcer en personnels médical et paramédical et à la mise en place de programmes de suivi et d'accompagnement, a-t-il dit. Le ministère de la Santé en a profité pour consolider son partenariat avec le secteur privé pour la prise en charge des malades souffrant d'insuffisance rénale. Le lancement du RAMED devra en effet permettre à une population économiquement démunie de bénéficier d'une couverture médicale de base qui offrira ainsi la gratuité des soins et prestations médicalement disponibles dans les hôpitaux publics, les centres de santé et les services sanitaires relevant de l'Etat aussi bien en cas d'urgence ou lors de l'hospitalisation. Depuis le lancement de l'opération RAMED, plus de 1.800.000 demandes ont été reçues pour bénéficier du RAMED dans toutes les régions. Les commissions locales permanentes ont traité et accordé la carte RAMED à plus de 544.463 demandes à fin octobre dernier, devant permettre à environ 1.470.344 personnes de bénéficier des services de santé. Le taux d'inscription de la part de l'Agence nationale d'assurance de santé a atteint 21 % jusqu'à présent de l'ensemble des personnes admises dont 76 % sont dans une situation de pauvreté et 24% dans une situation de vulnérabilité. Répartis selon le lieu de résidence, 51 % de ces bénéficiaires vivent en milieu rural contre 49% en milieu urbain. Au lendemain du lancement du RAMED, 50 caravanes de santé spécialisées ont sillonné 25 provinces dans le besoin en termes de santé et assuré 38.378 consultations médicales spécialisées par semaine aux personnes bénéficiant du RAMED, pris en charge 6.483 malades souffrant d'insuffisance rénale, ce qui a nécessité l'augmentation du budget consacré à cette action pour pouvoir prendre en charge la liste d'attente et réaliser trois transplantations rénales, une greffe de moelle aux bénéficiaires du RAMED. Il a été procédé au cours de cette action à 7.794 opérations pour enlever des membranes prémaculaires de l'œil dont 3.077 de la part des caravanes et à 38.715 visites dans les centres de consultation et les hôpitaux. Médicaments à la portée de tous Dans le cadre de la généralisation du RAMED et dans le but de doter les établissements hospitaliers en médicaments et équipements nécessaires, le ministère de la santé, a-t-il dit, a tenu à œuvrer pour parvenir à une baisse des prix des médicaments. C'est ainsi que quelque 320 médicaments ont connu une baisse immédiate de leur prix allant de 50 à 80 % et ce dans le cadre d'un accord avec les producteurs et les pharmaciens, lequel accord porte sur la révision des prix des médicaments excessivement chers pour les mettre à la portée des citoyens. Ces médicaments sont utilisés dans le traitement de maladies chroniques graves (cancer, cœur, inflammations, réanimation, système digestif, système nerveux, anesthésie, etc.). Le travail se poursuit à ce niveau dans le cadre d'une commission consultative nationale qui fait appel à l'expertise de l'OMS pour doter le royaume d'une politique nationale du médicament, a affirmé le Pr Louardi, qui a annoncé la fin des travaux de mise à niveau des pharmacies des hôpitaux au niveau régional et la mise en œuvre d'un processus rapide pour l'inscription des différents médicaments (créés, génériques premiers, de base, etc.). Il a indiqué à ce propos qu'il sera procédé à la simplification des procédures pour la commercialisation des médicaments génériques et à d'autres mesures destinées à booster le secteur du médicament au Maroc. Il a également fait état d'une série de réalisations en matière d'élaboration des textes législatifs nécessaires à la bonne gouvernance du secteur et d'autres actions dédiées à renforcer le processus de régionalisation en cours, à améliorer la gouvernance à l'intérieur des hôpitaux et à renforcer les opérations d'inspection et de contrôle des établissements hospitaliers. Un effort important est en outre déployé pour améliorer l'accueil des malades, les services des urgences, le rendement des campagnes médicales et la santé de la mère et de l'enfant. A ce propos, le ministre a indiqué que la réduction des décès des mères et des enfants représente une priorité pour son département, qui se propose dans son plan d'action pour la période 2012-2016 de réduire le taux de mortalité des mères à 50 pour 100.000 naissances vivantes et celui des enfants à moins de 15 décès pour 1000 naissances vivantes. Pour y parvenir, le ministère, a-t-il dit, a pris la décision de prendre en charge gratuitement les complications dues à la grossesse et à l'accouchement ainsi que les analyses de laboratoire relatives à la grossesse et la formation des pédiatres, des médecins généralistes et des infirmiers dans les centres hospitaliers universitaires en matière de réanimation des nouveau-nés et la formation de sages femmes dans les maternités aux techniques de sauvetage des nouveau-nés. Il a été procédé durant cette période à la remise à niveau de dix services de maternité et à leur équipement dans sept régions et à l'équipement de dix unités de pédiatrie pour nouveau-nés et de 90 unités de maternité dans les régions rurales. Ces actions sont accompagnées par une série d'initiatives concernant la stratégie nationale de la santé néonatale, le programme national de la santé infantile et la stratégie nationale de nutrition sanitaire. Le ministre a ensuite passé en revue le bilan de son département en matière de lutte contre le diabète (460.000 diabétiques pris en charge en 2012), le cancer, la tension artérielle et les maladies du cœur, l'insuffisance rénale, les maladies mentales et la toxicomanie. Un effort considérable est également déployé pour combattre la tuberculose, les maladies sexuellement transmissibles et le VIH, la méningite, l'hépatite et d'autres maladies non moins dangereuses, a-t-il ajouté, précisant que toutes les catégories d'âge (vieillards, élèves, étudiants, jeunes) sont pris en considération dans la politique du ministère. Parallèlement à cette action, il a été procédé en 2012 au renforcement de l'offre hospitalière à travers notamment la mise en service du service d'oncologie au CHU de Fès, à l'accélération des travaux de construction du CHU Mohammed VI de Marrakech (l'hôpital Razi en cours d'achèvement), du CHU d'Oujda et à l'acquisition des équipements et outils nécessaires. Le ministre a également donné un aperçu sur les réalisations accomplies en matière de construction et de réhabilitation des hôpitaux et centres de santé existants dans toutes les régions du pays ainsi que des laboratoires. Les crédits de paiement du ministère de la Santé au titre de l'exercice budgétaire 2012 ont atteint 11.880 384.000 DH, a rappelé le ministre, selon lequel le taux de réalisation jusqu'à fin octobre s'est établi à 96 % pour les équipements et dépenses diverses, 80 % pour l'investissement et à 83 % pour le compte alloué à des affaires particulières. En prévision de l'année 2013, le ministère de la Santé a élaboré un plan d'action destiné à améliorer la situation du secteur, à travers le renforcement des dispositions visant la généralisation du RAMED, la poursuite des efforts de facilitation de l'accès aux soins en particulier dans les maternités et les services des urgences, l'intensification de l'action d'organisation et de réhabilitation de l'offre des soins hospitaliers dans les urgences, le renforcement du partenariat avec le secteur privé et enfin la moralisation du secteur et l'amélioration des services d'accueil, d'information, d'hygiène et la mise à la disposition des unités hospitalières des médicaments et équipements en quantité suffisante. Perspectives prometteuses Le Pr Louardi s'est ensuite arrêté sur les différents sous-secteurs devant être renforcés au cours de la prochaine année budgétaire, précisant que le ministère compte surtout mobiliser de nouvelles ressources humaines supplémentaires, sans lesquelles il est difficile d'atteindre les objectifs tracés, dont le RAMED. C'est ainsi que le ministère prévoit le recrutement en 2013 de 2300 cadres médicaux, paramédicaux et administratifs pour réduire le déficit dont souffre le ministère, a-t-il dit, notant qu'un effort exceptionnel sera fourni dans le domaine de la formation. Il est également programmé de parfaire et d'actualiser l'arsenal juridique requis pour améliorer la situation du secteur, à travers l'élaboration de 22 projets de loi et de plusieurs projets de décrets et textes réglementaires. Dans le but d'améliorer davantage la gouvernance des hôpitaux, plusieurs dispositions seront prises dans le but notamment de procéder à la réforme du système des Centres hospitaliers universitaires, de créer des ensembles hospitaliers régionaux pour gérer les affaires internes des hôpitaux, et de revoir les critères de répartition des ressources financières entre les hôpitaux. Dans le but de réaliser ces objectifs, le projet de budget du ministère de la Santé au titre de l'exercice 2013 a été fixé à 12.372.147.000 DH enregistrant ainsi une augmentation de 4,14 % (491.763.000 DH) par rapport à la loi de finances 2012. En dépit du fait que ce projet ne réponde pas aux attentes du ministère de la Santé, les responsables du département tablent surtout sur la rationalisation des dépenses pour pouvoir atteindre les objectifs escomptés et relever tous les défis pour le bien de la santé de tous les Marocains. La Commission des secteurs sociaux à la chambre des représentants devait reprendre lundi ses travaux pour procéder à l'examen de cet exposé.